Vocabulaire de termes régionaux pour la Picardie

 

Bas-Champs: espaces de plaine littorale imparfaitement drainés, cloisonnés par des digues naturelles (v. foraine) ou artificielles (v. royon) et utilisés pour le pacage des moutons ou certaines cultures, notamment de fleurs et de légumes; ils ne sont pas à l'abri des inondations, d'origine fluviale ou marine, en cas de fortes pluies et de tempêtes susceptibles de rompre des digues; ils sont drainés par des canaux.

Cabotan: marionnette en bois à tringle et fils; un théâtre leur est consacré à Amiens-Saint-Leu.

Choule: jeu de balle hérité du Moyen Âge et qui se pratique encore en quelques lieux de Picardie comme Maignelay-Montigny.

Creutte: cavité et abri, dans l'Aisne spécialement; c'est le même mot que grotte; les creuttes sont en général d'anciennes carrières de pierre à la base du calcaire grossier, et ont servi d'abris pendant les périodes troublées et durant la Grande Guerre, notamment de part et d'autre du Chemin des Dames.

Cuve: nom donné dans l'Aisne aux vallons en forme de cirque ou de culées qui découpent les versants; leur forme est liée à l'attaque de la carapace de calcaire grossier par les vallons agrandis dans les sables et marnes sous-jacents.

Foraine: digue de galets et de sables à travers les Bas-Champs et le Marquenterre; laissées par les courants littoraux en bordure du rivage, par dépôts et déplacements successifs, les foraines cloisonnent le paysage de la plaine littorale, notamment autour de Rue.

Hâble: havre, petite baie abritée derrière un cordon de galets; le Hâble d'Ault est maintenant fermé et réduit à un étang de dimensions variables.

Hutteau : abri de chasse dans les marais de Somme.

Mollière: pré salé et mouillé des bords de la Manche et de la baie de Somme (équivalent local des termes plus généraux schorre ou herbu); on y élève des moutons de pré salé; les mollières ont progressé et réduit la surface de la baie de Somme depuis le Moyen Âge.

Muche: souterrain-refuge, spécialement dans la Somme; issus de carrières dans la craie, ces souterrains ont servi pendant les périodes de guerres, surtout aux 16e et 17e siècles, et peuvent s'allonger sur des centaines de mètres de galeries. Les plus connus sont ceux de Naours, mais il en est bien d'autres.

Mulquinerie: atelier de production de toiles fines de lin, batiste ou linon, en Picardie et Cambrésis; il y en eut autour de Saint-Quentin et Bulles près de Clermont s'en fit une spécialité jadis.

Sayette: étoffe de laine, parfois mêlée de fils de soie, dont le tissage fit longtemps la réputation de l'Amiénois.

Musoir: partie de la côte d'un estuaire qui tend à être rongée à biseau par l'érosion marine; le mot est le même que museau; le musoir du Marquenterre sur la rive nord de l'estuaire de la Somme a reculé de 850 m entre 1776 et 1921.

Poulier: partie de la côte d'un estuaire qui tend à avancer en une pointe de galets plus ou moins recourbée, sous l'effet de l'accumulation par les courants littoraux; le poulier de Routhiaulle dans l'estuaire de l'Authie a avancé de 6 mètres par an entre 1878 et 1997.

Renclôture: aire conquise sur les marais des Bas-Champs par appropriations successives et entourée de digues de terre; le nom s'applique aussi, par raccourci, à la digue; celle-ci comporte en principe une «porte de mer» pour l'évacuation des eaux.

Royon: petite digue de renclôture facilitant l'exploitation des marais des Bas-Champs.

Territoire: en Picardie, nom attribué à des associations intercommunales intermédiaires entre la communauté de communes et le pays officiel, instituant ainsi un niveau supplémentaire, qui n'était pas prévu par la loi; il y en a 41, dans les trois départements, mais surtout dans la Somme qui n'a été divisé qu'en trois grands «pays». Source de confusions, nombre de ces «territoires» sont nommés «pays de», comme d'ailleurs nombre de communautés de communes.

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