Vocabulaire de termes régionaux pour le Poitou-Charentes

Acon, barque à fond plat servant notamment aux boucholeurs.

Aubue, ou terre d’aubue, argile limoneuse, gris blanc, fertile, sur substrat calcaire, surtout en Loudunais et Thouarsais.

Barque, nom le plus général des bateaux à fond plat du Marais Poitevin, servant à tous transports, y compris du foin et des animaux; on dit aussi et selon les lieux bateau, batal, plate.

Bornais, sol brun clair sur limons, profond et humide, à tendance siliceuse et assez battant, en particulier dans le centre de la Vienne.

Bot ou bossis, digue protégeant les parcelles du marais desséché.

Boucholeur, mytiliculteur qui règne sur les hectares de bouchots, ces pieux plantés dans les vasières du littoral charentais et vendéen pour porter les cordes de moules.

Bougon, spécialité de fromage de chèvre au sud-est des Deux-Sèvres; le nom vient de la commune de Bougon, par sa coopérative laitière; plusieurs formes en sont offertes, la plus connue de la taille d’un petit camembert.

Boulin, case à pigeon dans une fuie.

Bourrine, terme général pour les maisons des marais, jusqu’en Bretagne; traditionnellement, les murs étaient d’argile et de paille ou roseaux, fréquemment chaulés, le toit en chaume; nombre d’entre elles ont été «sauvées», ou arrangées, par les estivants plus que par les retraités, et transformées en résidences secondaires.

Brande, terme général pour désigner des landes; la terre de brande est plus particulièrement en Poitou un sol maigre, siliceux, très acide, sur des épandages de sables et grès issus du Massif Central, surtout en Montmorillonnais et à l’ouest de Poitiers.

Brandevin, vin brulé; le nom charentais, mais qui semble venir du néerlandais, a donné brandy en anglais; c’est tout simplement l’eau-de-vie de cognac.

Bri, ou terre de bri, sol argileux et même vaseux des marais littoraux, riche en petits coquillages, spécialement les scrobiculaires; d’où le nom savant d’argile à scrobiculaires parfois donné au bri.

Chabichou, le plus célèbre des fromages de chèvre du Poitou, en forme de tronc de cône dit bonde, d’environ 150 grammes, à croûte et pâte blanches; le nom dérive de la chèvre; on en trouve un peu partout, mais le chabichou du Poitou bénéficie seul d’une AOC chabichou depuis 1990; l’affinage peut se limiter à dix jours.

Champagne, plaine à champs ouverts et paysage plutôt nu, portant labours ou vignes; c’est le même mot que campagne dans son sens paysager (comme la campagne de Caen); le mot vient de champ et s’oppose en général à l’idée de boisement que traduit le mot bocage; un équivalent en Poitou est plaine: jadis on opposait «cil del bocage et cil del plaine»; mais la champagne peut avoir une topographie très accidentée, comme les champagnes du sud de l’Angoumois, autour de Chalais ou de Villebois-Lavalette par exemple.

Chaudrée, soupe ou plat de poissons du littoral charentais et vendéen, faite à l’origine avec la part de pêche qui n’était pas vendue, comme dans la plupart des rivages de pêche sous d’autres noms.

Claire, ancien casier de marais salant transformé en bassin d’affinage des huîtres; la fine de claire est une huître qui a séjourné dans une claire, assez pour que son goût et sa couleur aient changé (elle devient plus verte grâce à la présence de la navicule bleue) et, surtout, qu’elle ait grossi; l’affinage dure au minimum deux à trois semaines, parfois deux mois.

Conche, 1. voie d’eau du Marais Poitevin, figurant dans les artères principales, jusqu’à plus de 10 m de large; le terme canal est plutôt réservé aux plus grandes, spécialement celles qui guident le cours inférieur des fleuves côtiers, le terme fossé désigne les nombreuses petites voies; 2. anse abritée du rivage girondin vers Royan, de plus ou moins petite dimension, bordée d’une corniche calcaire et pourvue d’une plage; dans les deux cas domine l’idée d’abri, de repli (vient de conque, c’est-à-dire de coquille).

Coureau, isthme parcouru par un courant de marée, par exemple entre une île et le continent; le plus connu est le coureau d’Oléron.

Cul-vert, terme familier d’antan, désignant un paysan des marais, qui bénéficiait de franchises collectives pour l’engager à défricher, d’où le nom de co-liberti, qui a donné colliberts puis cul-verts par dérision.

Desséché (marais), marais protégé des eaux par des digues et des écluses, similaire aux polders; il est cultivé et, dans le Marais Poitevin, forme la partie occidentale et centrale des marais; le terme s’oppose à mouillé.

Estran, terme général désignant la partie d’un littoral à marées qui découvre à marée basse; il peut avoir des aspects de vasière, de platin ou d’herbu; le mot dérive du néerlandais strand (la plage, la grève).

Fine, 1. employé seul, synonyme de cognac; le nom complet est fine de champagne, abrégé en fine champagne; normalement, il est réservé aux cognacs de Grande et de Petite Champagne; 2. en ostréiculture, la fine de claire est une huître qui a été affinée en claire.

Fuie, grand colombier, sur pieds ou non, garni de multiples logements internes pour les pigeons (les boulins), parfois plus d’un millier; le terme est assez général, au moins dans les pays de la Loire; jadis la possession d’une fuie était un privilège, redoutable en raison des dégâts que les pigeons faisaient aux champs, mais précieux par l’engrais qu’il produisait; aussi s’efforçait-on de les construire à la périphérie du domaine, ce qui explique leur dispersion…

Gât (marais), partie en friche d’un marais abandonné, comme autour de Brouage dans les anciens marais salants.

Gâtine, terme répandu dans l’Ouest et le Bassin Parisien pour désigner des terres qui n’étaient pas jugées parmi les plus fertiles, et où subsistaient des parties en landes, bois et bosquets; le terme évoque un paysage, non un sol: la Gâtine de Parthenay est sur le socle armoricain, la Gâtine de Châtellerault sur calcaire.

Groie, ou terre de groie, sol brun rougeâtre issu de la décalcification du calcaire et comportant en général des fragments de roche; fertile mais souvent peu épais et vite asséché.

Herbu, partie enherbée d’un littoral, colonisée par les salicornes, spartines et autres espèces halophiles, servant assez souvent de pâturages de «prés-salés»; schorre en néerlandais.

Mothais, fromage de chèvre des environs de La Mothe-Saint-Héray (Deux-Sèvres); sa fabrication est devenue confidentielle; il est de forme ronde (10 à 12 cm de diamètre), peu épais (3 à 4 cm) et généralement «sur feuille», c’est-à-dire enveloppé d’une feuille de châtaignier (ou de platane), ce qui contribue à lui donner plus d’onctuosité que le chabichou.

Mouclade, plat de moules au vin blanc et à la crème réputé en pays charentais.

Mouillé (marais), partie du Marais Poitevin inondable, dont les parcelles ne sont pas protégées des crues des rivières qui aboutissent au marais, ce qui facilite leur évacuation sans dommages pour les digues du desséché; il forme la couronne interne du marais.

Navicule bleue, algue utile: c’est une diatomée qui verdit les huîtres des claires.

Niole, variété de barque à fond plat des marais.

Palu, terme général d’origine latin, répandu dans la région bordelaise et les Charentes pour désigner des fonds humides et de petits marais.

Pertuis, passage étroit; en Charente-Maritime, bras de mer.

Pigouille, godille permettant de manier une barque plate des marais.

Pineau, mélange de moût de raisin en début de fermentation, et de cognac de qualité variable, titrant environ 17°5; le terme est ancien et, selon A. Rey, dérive de la forme en pomme de pin de la grappe de raisin; l’appellation pineau des Charentes est de 1828.

Plaine, étendue non seulement plate mais qui, en Poitou, a un sens plus fort de paysage nu de champs ouverts, équivalent de campagne ou, mieux, de champagne au sens charentais… ou champenois.

Plate, nom local d’une barque des marais à fond plat.

Platin, nom charentais de la partie rocheuse d’un estran, couverte à marée haute; le terme général est platier.

Ponne, marmite de terre cuite, utilisée jadis pour la lessive; ancienne spécialité de Champagne-Mouton notamment.

Prée, terme général en Charentes pour des fonds de vallées humides et laissés généralement en herbe.

Prise, terre endiguée et conquise sur les vasières et les herbus pour être cultivée.

Quichenotte, nom de la coiffe féminine traditionnelle de l’île de Ré, dont le nom vient de l’anglais kiss not — elle était censée déjouer les entreprises des Anglais, qui furent souvent conquérants dans l’île et alentour.

Rouge (terre), ou terre rouge à châtaigniers, sol acajou, siliceux, dérivé d’argiles ferrugineuses à silex provenant d’épandages superficiels du Massif Central, surtout au sud-ouest de Poitiers.

Scrobiculaire, petit coquillage des vases marines, participant à la formation de la terre de bri; le terme local est lavagnon.

Spartine, graminacée capable de coloniser des vases marines, qu’elle contribue à transformer en herbu.

Tâche, lot de parcelles du marais, traditionnellement redistribué entre les maraîchins.

Torula compniacensis, minuscule champignon amateur des vapeurs de cognac et donc principal bénéficiare de la «part des anges»; c’est lui qui noircit les toits des chais; compniacensis est l’adjectif pour cognaçais.

Varenne, sol léger et sableux des alluvions fluviales, notamment le long de la Vienne; le terme est général dans tout le bassin de la Loire.

Vasière, étendue de vase de l’estran, découverte à marée basse; équivalent international: slikke (même sens en néerlandais); la partie supérieure tend à être colonisée par la végétation halophile et passe ainsi plus ou moins brusquement à l’herbu; c’est dans les vasières que sont plantés les bouchots.
Plus de 3 000 termes du littoral charentais sont définis dans le site consacré à l’île d’Oléron. V. aussi pour Poitou et Saintonge le site.

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