Ain (département de l’)

département de la région Rhône-Alpes, au nord-est de Lyon. Il a pour préfecture Bourg-en-Bresse, sous-préfectures Belley, Gex et Nantua, et s’étend sur 5 762 km2. Il est frontalier de la Suisse, voisin des départements du Jura et de Saône-et-Loire et donc des régions de Franche-Comté et de Bourgogne, et limitrophe de la Haute-Savoie, de la Savoie, de l’Isère et du Rhône. Il est divisé en 43 cantons et 419 communes, elles-mêmes regroupées en une communauté d’agglomération (Bourg-en-Bresse) et 36 communautés de communes; sept pays sont envisagés mais un seul a été défini, le Bugey. Huit schémas de cohérence territoriale (scot) sont adoptés ou à l’étude: Bresse-Val de Saône, Bourg-en-Bresse-Revermont, Val de Saône-Dombes, Dombes, Bugey-Côtière-Plaine de l’Ain (Bucopa), Belley, Haut-Bugey, pays de Gex.

Le nom des habitants, peu employé il est vrai, serait Inistes, dérivant de l’ancien nom de l’Ain (Inis). Le département avait officiellement 515 300 hab. au recensement de 1999; après un premier maximum à 369 000 hab. en 1851, sa population était descendue à 300 000 en 1954; elle augmente sensiblement depuis: 375 000 hab. en 1975, 471 000 en 1999; l’estimation pour 2006 est de 565 000 hab. Le Conseil général a une majorité de droite; son président est Charles de La Verpillière, élu de Lagnieu, député UMP, conseiller d’État. Les quatre députés et les deux sénateurs sont UMP.

Le département de l’Ain juxtapose deux domaines très différents: la partie méridionale des reliefs du Jura à l’est, les plaines de la Bresse et de la Dombes à l’ouest. La première, en pays de Gex et en Bugey, est montagnarde. Son relief, aux roches vigoureusement plissées, est strié de séries de monts, de crêts, de combes et de vaux orientés nord-sud. Il est soutenu par quatre grands alignements de hauteurs, de moins en moins longs et massifs vers le sud-ouest: celui des monts Jura au sens strict, qui domine le bassin de Genève et culmine au Crêt de la Neige à 1 720 m (altitude révisée); celui du Crêt de Chalam (1 545 m), du Crêt du Nu et du Grand Colombier (1 534 m); celui qui va de la forêt d’Échallon à celle du Fays et se termine abruptement au-dessus de Virieu-le-Grand (1 240 m à Cormaranche); celui du Molard de Don (1 217 m) de l’autre côté de la cluse des Hôpitaux. Ils sont séparés par de hautes plaines: le Valromey à l’est, la plus large; celle d’Hauteville-Lompnès et Brénod au centre; celles d’Oyonnax, d’Izenave et d’Izernore plus à l’ouest.

L’ensemble domine des pays bas et peuplés: le bassin de Genève au nord-est, celui de Bellegarde à l’est, le pays de Belley au sud. Deux grands couloirs en gorge, qui furent empruntés par les glaciers, facilitent les traversées: au nord la cluse de Nantua qui tranche les plis, au sud celle des Hôpitaux qui les souligne. Au nord-ouest, le relief s’effiloche de part et d’autre du cours de l’Ain dans le Revermont, dont le dernier pli à l’ouest domine Jasseron et s’impose à l’horizon oriental de Bourg-en-Bresse, sans y atteindre tout à fait 600 m.

La partie occidentale est à basse altitude, mais plus faite de très basses collines que de vraies plaines. La Bresse y occupe le fond d’un ancien lac du fossé de la Saône, argileux et herbager; la Dombes étale ses centaines d’étangs et ses grands champs dans un paysage d’anciennes moraines de piémont étalées par le glacier quaternaire du Rhône.

La Dombes se termine côté sud par un talus rectiligne assez accusé, que l’on nomme la Côtière. Ce relief domine à distance la plaine du Rhône, élargie au pied du Jura à la basse plaine de l’Ain, qui correspond à un large fossé tectonique où se tiennent Ambérieu et Lagnieu. La limite méridionale et sud-orientale du département s’appuie sur le cours du Rhône, encaissé en amont de Lagnieu et qui dessine un grand coude aigu entourant le Bas-Bugey et dont la pointe extrême est à Cordon, qui est plus au sud que Lyon et même que Le Bourget-du-Lac. Encore le relief du Jura se poursuit-il au-delà du Rhône, dans l’Avant-pays savoyard.

Ce dispositif d’ensemble facilite sans doute les relations nord-sud, dont Bourg-en-Bresse tire parti un peu en avant de la montagne, par le faisceau de Lyon vers Lons-le-Saunier et Besançon (A 42-A 39, N 83 et voie ferrée) et la route vers Grenoble (N 75). La traversée ouest-est est plus difficile mais profite de la cluse de Nantua, où passent le chemin de fer de Lyon à Genève et l’héroïque A 40, qui lance une branche jusqu’à Oyonnax. De la sorte, Bourg-en-Bresse, assistée par Pont-d’Ain, bénéficie tout de même d’une forme d’étoile à six branches en ajoutant la voie vers Belley et Chambéry. Bellegarde profite de la traversée O-E qui mène directement à Genève; Gex est un peu à part à l’extrême nord-est, mais fort bien reliée à Genève et à la Franche-Comté par la N 5, et assez bien à Bourg par Bellegarde.

Le département est fortement marqué aux deux extrémités sud-ouest et nord-est par le rayonnement de Lyon et de Genève, qui diffuse en abondance des activités, des nouveaux habitants et des fréquentations de loisirs. En revanche, la population diminue en Bresse à la limite de la Saône-et-Loire, et sur les plateaux du Bas-Bugey. L’ampleur des travaux et des aménagements de circulation est un indice du dynamisme des activités du département, très représentatif de celui de la région. Le département de l’Ain a une population en forte croissance, due à la forte natalité d’une population assez jeune (+0,56% par an) et à un solde migratoire presque aussi élevé (0,45% par an). Il a un taux de chômage nettement inférieur à la moyenne française et même à la moyenne régionale, un taux d’emploi féminin élevé. Son produit brut annuel était de 11 milliards d’euros en 2000, ce qui le classait 38e en France pour le produit par habitant, un bon rang pour un département sans grande ville; l’Ain est le 5e des huit départements de la région pour le produit par habitant comme pour le produit par emploi.

L’industrie est active, en particulier grâce à la spécialisation du pays d’Oyonnax dans les plastiques, dont toutefois l’activité tend désormais à se concentrer et l’emploi à se réduire. Quatre pôles émergent: la Plastic Vallée (sic) d’Oyonnax, Alimentec (génie alimentaire) de Bourg-en-Bresse, le technopole de Gex, le parc industriel de la Plaine de l’Ain installé en rase campagne au sud-ouest d’Ambérieu. L’industrie occupe 49 000 personnes, dont 24 000 dans les biens intermédiaires, le pôle d’Oyonnax affichant 15 600 emplois, et un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros; 9 300 emplois sont dans les biens d’équipement, 6 600 dans les biens de consommation, 5 000 dans l’agro-alimentaire et 3 500 dans l’automobile. Les ouvriers forment un tiers des personnes actives, les employés un quart comme les professions intermédiaires.

Le tourisme représente un apport non négligeable, d’environ 300 millions d’euros annuels, pour 2,5 millions de nuitées (hôtels et campings); il est censé soutenir 10 000 emplois, mais sans doute en comptant les emplois temporaires. Les sports d’hiver y entrent pour une part, le Jura disposant de plusieurs stations de ski nordique et même de ski alpin.

L’agriculture apporte un produit un peu supérieur à 500 millions d’euros par an, pour environ 5 000 exploitations (7 500 travailleurs). Les produits végétaux (230 M) y sont un peu inférieurs aux animaux (260 M); viennent dans l’ordre les céréales (103 M), le lait (101 M, pour 3 Mhl/an), la viande de bovins (75 M), les légumes, fleurs et pépinières (48), les plantes fourragères (42), les porcins (38), les volailles (33), les vins (18). Le département a 195 000 ha de bois (39% de la surface totale) et 268 000 ha de terres agricoles dont 114 000 d’herbages et 96 000 de céréales, où le maïs l’emporte (4,5 Mq/an sur un total de 7,6 Mq de céréales, plus 1,6 Mq de maïs-fourrage. Si la vigne totalise 888 ha (52 000 hl/an), seulement 94 ha sont en aoc (5 000 hl). L’Ain participe aux appellations contrôlées seyssel (vins), comté, morbier et bleu de gex (fromages), volailles de Bresse.