Alpes-Maritimes (département des)

département de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, à son extrémité sud-orientale. Il a été formé par l’annexion du comté de Nice en 1860, auquel a été rattachée une fraction du département du Var (arrondissement de Grasse); c’est pourquoi le Var ne coule plus dans le département qui porte son nom. Les Alpes-Maritimes avaient toutefois déjà existé comme département en 1792. La préfecture est Nice et la sous-préfecture Grasse. Le département a 1 094 000 hab., occupe 4 299 km2 et il est divisé en 163 communes. Celles-ci sont regroupées en 1 métropole (Nice), 4 communautés d’agglomération (Cannes Pays de Lérins, Sophia Antipolis autour d’Antibes, une autour de Grasse, la Riviera Française à l’est) et 2 communautés de communes (Alpes d’Azur et Pays des Paillons). Il compte aussi 27 nouveaux cantons. Le département est frontalier de l’Italie et limitrophe des départements du Var et des Alpes-de-Haute-Provence.

La population du département n’a pas cessé de croître, sauf de 1936 à 1954 à cause de la guerre. Elle était de 226 600 hab. en 1881, de 493 000 en 1936, est montée à 817 000 en 1975 et a dépassé le million en 1999 (1 011 000). Cet accroissement récent, encore assez élevé (0,9% par an), est exclusivement dû au solde migratoire, le solde naturel étant estimé nul — ce qui est en partie dû à l’âge moyen des habitants, un peu élevé: plus de 21% d’entre eux sont au-delà de 65 ans, contre moins de 15% dans la moyenne nationale.

Le département représente un mélange particulier de populations et d’activités, très lié à l’image générale de la Côte d’Azur: il abonde en retraités bien dotés et grandes fortunes, il est l’un des premiers départements touristiques français, et il a pu capter une bonne part d’activités à haute valeur ajoutée et de technologies avancées, en raison de son attrait sur les populations de cadres et d’ingénieurs, consolidé notamment par la création du technopole d’Antibes-Valbonne (Sophia-Antipolis).

Aussi est-il le premier de la région pour le produit brut par emploi — mais seulement le deuxième par habitant après les Bouches-du-Rhône, les retraites et rentes n’entrant pas dans le calcul du produit brut. Le revenu moyen par habitant est le premier de la région, ce qui n’empêche pas un pourcentage de pauvres supérieur à la moyenne française (hors Île-de-France). Dans la population active, le département a plus de cadres (13%), de membres des professions indépendantes (11%) et d’employés (32%) que la moyenne française, bien moins d’agriculteurs (1%) et d’ouvriers (20%). La proportion de retraités est très élevée: 26% de la population des plus de 15 ans, et première catégorie sociale avant les inactifs et les employés.

Les Alpes-Maritimes ont leur université et se distinguent par la place qu’y ont prises les activités de technologie avancée autour de l’informatique et des télécommunications. Un autre élément d’originalité tient à la fois aux avantages du climat local et à la place des activités du luxe, liée au niveau élevé de certains revenus: le pôle de cultures florales et de fabrication de parfums de Grasse en est un élément; la production d’agrumes compte bien moins, en dépit de la réputation des citronniers de la Riviéra mentonnaise, qui sont plus là pour le décor que pour la production.

Le tourisme affiche 62 millions de nuitées annuelles (10 millions de touristes), dont 52% au compte de l’étranger, où l’Italie (22%) devance la Grande-Bretagne (21%). Cela représente 10% des recettes du tourisme international en France; il s’y ajoute 200 000 résidences secondaires (un quart des logements).

Le territoire du département a très peu de cultures: les herbages, en fait des pelouses d’altitude et des steppes de bas plateaux, occupent 87 000 ha sur les 103 000 de la surface agricole dite utile, les labours à peine 2 000 ha, mais les forêts 210 000 ha. L’agriculture n’a qu’une portion congrue et, même pour les cultures florales, il est largement derrière le Var.

Ce territoire s’étend de l’Estérel à la frontière, ce qui représente à peine 60 km à vol d’oiseau; le Var débouche au milieu. Le paysage oppose fortement un ensemble montagneux, qui s’étend sur les quatre cinquièmes de la surface, à la partie côtière, très densément peuplée en dépit d’un relief accidenté et de circulations souvent difficiles. Cette bande littorale, dite Côte d’Azur dans l’ensemble et plus spécialement Riviéra à l’est de Nice, est très étroite à la frontière, mais s’élargit à l’ouest du Var, allant jusqu’à 20 km du rivage à la hauteur de Grasse. Plusieurs sous-ensembles s’y distinguent.

Sur la côte la plus occidentale au pied de l’Estérel, Cannes, Le Cannet et Mandelieu-la-Napoule cultivent les qualités du site littoral, concentrent des habitats de luxe et des spectacles et festivités choisis, et tiennent à leurs particularismes au point de n’avoir pu se mettre d’accord sur l’idée de communauté d’agglomération, ou simplement de communauté de communes. Grasse se tient un peu à l’écart, se concentre sur sa réputation dans les fleurs et les parfums et a pu fédérer ses voisines dans une communauté d’agglomération.

À l’est de Cannes, Antibes et ses voisines ont choisi de s’associer dans une communauté qui, au contraire, a opté résolument pour le nom de Sophia-Antipolis, c’est-à-dire du technopole des hautes technologies qui a été créé à l’intérieur des terres, mais en profitant des avantages d’un littoral et de paysages de long temps appréciés des artistes en renom (Vallauris, Biot, Saint-Paul-de-Vence) — dont, d’ailleurs, les urbanisations sont tout aussi massives et luxueuses que celles de Cannes.

La Métropole de Nice s’est dotée d’un territoire surprenant, englobant toute la montagne au nord. Un peu comprimée à l’est, la communauté de la Riviéra a compensé un peu en s’étendant vers l’intérieur, jusqu’à Tende.

Tout le faisceau de circulation entre la Provence et l’Italie, et même entre l’Espagne et l’Italie, passe par ce secteur de littoral surchargé et pourtant sans cesse plus demandé; tantôt en suivant strictement la côte, comme la voie ferrée et les anciennes nationales 7 et 8; ou à peu de distance, mais vers l’intérieur, au prix de travaux énormes, de tunnels et de savantes courbes, comme l’autoroute A8. L’aéroport de Nice est le deuxième de France par le trafic de passagers.

La montagne dépasse 3 000 m (3 143 m à la Cime du Gélas), ce qui, en raison de la proximité du littoral, crée des dénivellations considérables et de très fortes pentes, provoque des précipitations abondantes et élève le niveau de risque de ravinements, éboulements, inondations: la montagne azuréenne n’a rien de débonnaire. Elle s’organise autour du massif ancien du Mercantour, qui fixe la frontière et dont descendent les principaux torrents, et qui est assorti d’un parc naturel national. Aussi les vallées de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya sont-elles les principaux couloirs de peuplement; on peut y ajouter la vallée du Paillon, plus courte mais ouverte sur Nice et qui fournit à la ville un agréable arrière-pays.

La pression de la demande des citadins du littoral a poussé à l’équipement touristique des hautes communes et des routes de montagne (cols de Restefond, de la Bonnette et de la Cayolle), et tout spécialement à la création de la station d’Isola 2000 et de Valberg.

En dehors d’un passage difficile au-dessus d’Isola 2000 par le col de la Lombarde, qui n’est justifié que par l’aménagement touristique du secteur des deux côtés de la frontière, seule la vallée de la Roya permet de franchir la frontière, par les tunnels de Tende; encore la Roya et son affluent de droite la Bévéra débouchent-elles en Italie, et ne sont-elles accessibles de Nice ou de Menton que par des routes sinueuses et des cols plus pittoresques que commodes.

À ces vallées majeures s’ajoute à l’extrême nord-ouest la haute vallée du Var au pays d’Entraunes et de Guillaumes; le Var sort ensuite du département pour une incursion dans les Alpes-de-Haute-Provence au bassin d’Entrevaux, avant d’y revenir en changeant de direction vers l’est, à la faveur des accidents préalpins, puis de reprendre une voie directe vers la mer un peu amont du confluent de la Vésubie. Toute la partie occidentale du département relève en effet des Préalpes et Plans de Provence, un ensemble de tables, de crêts et de gorges (les clues) dans les calcaires massifs, aux paysages grandioses mais au peuplement très discret.

Retour