Baie-Mahault

28 500 hab. (Baie-Mahaultiens) dont 580 à part, 4 600 ha, commune de la Guadeloupe et canton dans l’arrondissement de Pointe-à-Pitre, 8 km à l’ouest du chef-lieu. La commune, formée en 1837, fut jadis nommée Houëlbourg, d’après le gouverneur Houël, nom que porte encore un hameau de la rive sud. Mahault est réputé venir du mahot, une sorte de palétuvier, mais il s’agit peut-être aussi bien d’un patronyme de colon. Son territoire, souvent marécageux, tient l’isthme qui relie Grande-Terre et Basse-Terre, juste au-delà de la rivière Salée, franchie par deux ponts routiers. Il donne ainsi à la fois sur le rivage du Grand Cul-de-Sac Marin au nord et sur celui du Petit Cul-de-Sac au sud; il s’avance en pointe vers le sud-ouest dans Basse-Terre, entre Le Lamentin et Petit-Bourg, jusqu’à inclure le site de l’ancienne distillerie Lalung. La commune comprend ainsi tout le bassin des rivières la Digue (prolongée par la rivière Mahault) et Houaromand, constellé d’habitations éparpillées en gros hameaux sur les croupes, et les hameaux de Bragelone, la Retraite, Plaisance et Convenance au sud, Budan, Raiffer, Castelbon, Calvaire au centre, Wanche, Dalciat, Dupuy au nord-ouest.

Toutefois, leurs habitants travaillent principalement en ville: la place de l’agriculture s’est beaucoup réduite; la commune n’a plus que 1 100 ha exploités, dont seulement 140 en canne (500 ha en 1989) et 120 en légumes, avec 2 200 bovins et 40 000 volailles (2e de l’île), même pas une cinquantaine d’exploitations à temps complet. Sur la côte méridionale, s’étire entre deux baies la presqu’île de Jarry, occupée par la grande zone industrielle de Jarry-Houëlbourg et les principales installations portuaires de l’île, en extension de Pointe-à-Pitre et juste en face du centre de la capitale; le tout a été gagné sur la mangrove (v. Port autonome de la Guadeloupe). La principale production électrique de l’île (EDF) se trouve à Jarry depuis 1936, en deux unités dont la puissance a été portée à 159 MW (Nord) et 112 MW (Sud); l’ensemble consomme 600 000 t de fioul par an et se complète d’une centrale thermique privée de 32 MW (Centrale Diesel Export).

La côte septentrionale est basse, mais profondément indentée par les deux baies Mahault (à l’est) et Dupuy ou Cercelle (à l’ouest), que sépare l’étroite pointe Saint-Vast; plus à l’ouest, la pointe Pas sépare la baie Dupuy de la baie du Lamentin, dont Baie-Mahault possède aussi la côte orientale. Vers l’est, la côte basse s’encombre de mangroves et de marais autour de l’étang de la Manche à l’Eau. Le bourg est au fond de la baie Mahault sur la côte nord; de nouveaux lotissements et zones d’activité le relaient juste à l’ouest (Belcourt), au sud et au sud-est (Destrelan, la Jaille, Camp Dugommier), où passent les routes et où se sont multipliés les échangeurs. L’urbanisation est à présent continue en direction de Pointe-à-Pitre, soudant Baie-Mahault à la grande agglomération guadeloupéenne. La limite méridionale de la commune suit la rivière du Coin.

La commune a connu un très fort accroissement de population: elle avait 7 300 habitants dans les années 1960, 15 000 en 1990, 23 800 en 1999. Elle passe pour la «capitale» industrielle de l’île, et elle en héberge le principal centre commercial, nommé Destreland au sud-ouest du quartier Destrellan, occupé par un hypermarché Carrefour, des magasins MrBricolage, Décathlon et de nombreux autres (près de 200 en tout), occupant au total 35 000 m2 près du principal échangeur à la convergence des N 1 et N 2. Un World Trade Center de 11 500 m2 dont 2 500 de bureaux a été construit à Jarry en 1994. La ville a également un supermarché Match, deux grosses entreprises de matériel, la Saci pour les machines agricoles (groupe Loret, plus de 200 salariés et également titulaire de la concession Peugeot aux Abymes) et la Cama pour l’automobile (concession Renault, plus de 200 sal.); les autres employeurs principaux sont les groupes de télécommunications RFO, Orange, France-Télécom et La Poste, le nettoyage Ker Unet.

Cette activité n’empêche pas Baie-Mahault d’avoir la réputation d’être la ville la plus fleurie de Guadeloupe. Elle s’orne de quelques belles maisons de planteurs (Wonch, Descamps ou Birmingham) et dispose d’un gros collège public (1 300 élèves), deux lycées publics, un collège et lycée privé, un lycée professionnel et technique privé, une école d’infirmiers anesthésistes, ainsi qu’un lycée agricole de 450 élèves à Jabrun au sud, avec un centre d’apprentissage agricole; plus un institut rural d’éducation et d’orientation agricole (Ireo) à Budan près d’une clinique (les Eaux Claires, plus de 200 sal.), un centre d’aide par le travail et un centre pour polyhandicapés avec la maison départementale des personnes handicapées, (MDPH) à Jarry. Un gros centre pénitentiaire a été édifié au bord des mangroves, un vélodrome près de Destrelan. En revanche, l’équipement hôtelier est minimal. Le port traite près de 4 millions de tonnes par an. Jarry abrite aussi une garnison, composée par le 41e Bima (bataillon d’infanterie de marine) et le 2e Rsma (régiment du service militaire adapté).

La population est très jeune (31% de moins de 20 ans). Parmi les 10 000 ménages, ceux des cadres, chefs d’entreprises et membres des professions intermédiaires sont particulièrement nombreux: 4 000, pour 2 100 aux employés et 1 400 aux ouvriers, et seulement 1 700 aux retraités. La commune réunit au total 23 400 emplois, dont à peine un quart sont occupés par des résidants: 2 700 sont dans l’industrie, 1 900 dans la construction, 18 500 dans le tertiaire (79%). La moitié des 11 000 habitants de Baie-Mahault ayant un emploi travaillent à l’extérieur, ce qui montre à la fois l’intensité et la dissymétrie des échanges quotidiens entre Baie-Mahault et Pointe-à-Pitre-Les Abymes. Le niveau relativement élevé de la qualification et de la nature des emplois se retrouve dans les revenus des habitants de Baie-Mahault: 22 000 euros par ménage et par an, avec un taux élevé de ménages imposés (43%) et un faible taux de chômage (19%); la ville apparaît ainsi comme la commune la plus riche de Guadeloupe. La municipalité a une majorité de droite; le maire est Ary Chalus (Alliance Démocratique, divers droite), électrotechnicien à EDF, également conseiller général.