Belfort

(48 420 Belfortains, 1 703 ha dont 434 de bois) est la préfecture du Territoire de Belfort. La ville est au bord de la plaine d’Alsace et commande la fameuse «Trouée», ce qui lui vaut d’être desservie par la voie ferrée de Mulhouse et Bâle, et par l’autoroute A36. Elle s’étire de part et d’autre de la vallée de la Savoureuse qui, venue du Ballon d’Alsace, tranche les reliefs de grès sous-vosgiens du Salbert et de Roppe qui dominent la ville et sont couronnés de forts, et précédés de buttes calcaires émergeant de la plaine.

La ville fut autrichienne du milieu du 14e s. à 1636, date de la conquête française, entérinée par le traité de Westphalie (1648). Devenue sous-préfecture du Haut-Rhin en 1790, elle est restée française après 1871, en raison de sa résistance aux armées allemandes et du fait que son environnement était francophone. Ainsi s’est-elle retrouvée à la tête d’un territoire particulier en 1871, commençant à sortir de l’enceinte dans laquelle elle s’était trouvée confinée avant 1870, puis préfecture d’un petit et nouveau département en 1922 qui prit alors le nom de Territoire.

La commune se divise en plusieurs parties distinctes. Au nord, le mont Salbert (651 m) s’étend sur 450 ha boisés, presque entièrement séparé du reste de la commune auquel il n’est rattaché, à l’est, que par un étranglement de 100 m de large sans passage: la commune de Cravanche s’interpose entre Salbert et la ville de Belfort. Le Salbert est un crêt des terrains triasiques très relevés de la bordure méridionale des Vosges, qui ferme au sud le bassin permien de Giromagny et domine Belfort au nord-ouest. Il fut le domaine d’un camp militaire, retranché et fortifié par Vauban, puis au 19e s. par le général Haxo; il devint le haut lieu de la résistance de la ville en 1871, sous l’autorité du colonel Denfert-Rochereau —Belfort a reçu symboliquement pour cela le fameux lion sculpté de Bartholdi, élaboré entre 1875 et 1880. Le mont Salbert conserve son grand fort Lefebvre et arbore une puissante tour de télécommunications; il a deux grottes.

La vieille ville est dans l’enclos de l’ancienne citadelle en pentagone sur la rive gauche de la Savoureuse, où elle conserve l’hôtel de ville et la cathédrale. Le centre-ville moderne qui l’entoure a été complété par la cité administrative et l’hôtel du département au sud, le marché, le centre de congrès et l’école des beaux-arts au nord. Les quartiers industriels se sont développés en plaine, sur la rive droite de la Savoureuse au nord-ouest de la citadelle, de part et d’autre de la voie ferrée. La D83 dessine une grande rocade parmi les habitations et divers équipements urbains. La partie orientale de la ville est plus diversifiée, sur des reliefs modérés où sont le fort de la Miotte et le fort de la Justice, des zones d’activités et une partie du grand étang de la Forge partagé avec Offemont, où Belfort dispose d’une base nautique.

La ville a depuis 1962 une école d’ingénieurs qui fait partie du complexe universitaire Belfort-Montbéliard, un IUT (1968), une école supérieure de technologie et des affaires (1996), deux «facultés» (économie-droit et sciences) et au total 6 000 étudiants. Le centre hospitalier de 1 700 salariés est à Montbéliard mais Belfort a l’un des établissements de la clinique de la Miotte (170 sal.), l’autre étant aussi à Montbéliard. La ville s’est dotée d’une Maison du Temps et de la Mobilité, qui fonctionne à l’échelle de l’aire urbaine Belfort-Sochaux-Montbéliard, en liaison avec l’Université technologique et avec le Politecnico de Milan. Belfort a cinq collèges publics et deux privés, cinq lycées publics et cinq privés. La ville organise un festival international de musique universitaire (Pentecôte), un festival de rock «les Eurockéennes de Belfort» en juillet; elle dispose de plusieurs musées (Cabinet d’un amateur, Art et histoire) et théâtres.

Belfort a bénéficié de grosses implantations industrielles dès les années 1870 grâce au repli de capitaux industriels alsaciens, fondant notamment en 1879 l’Alsacienne de constructions mécaniques, dont le nom a partiellement survécu dans Alsthom après une fusion avec Thomson-Houston, puis dans Alstom, nouvelle orthographe adoptée en 1998. La firme a employé plus de 6 000 personnes mais a dû procéder ensuite à un rude plan social de réduction de l’emploi. Elle est divisée en plusieurs établissements (centrales thermiques et nucléaires, turbines, matériel de transport, alternateurs, plus des ateliers spécialisés de moindre taille). L’une des branches, fabriquant des turbines à gaz, a été vendue à General Electric. Se signalent GE Energy Products avec 990 sal. pour les turbines et moteurs, 390 pour les moteurs et alternateurs, GE Steam Power 640 sal. pour les turbines à vapeur, GE Hydro 90, GE International 110 pour l’ingénierie; GE Energy Power Conversion 180 pour l’ingénierie, GE Steam Power 330; Alstom Transport annonce 490 sal., Alstom Hydro 90 sal.; soit au total environ 3 400 emplois.

Un autre héritier de la frontière de 1871, la firme textile alsacienne DMC, avait dû fermer, laissant place à l’électronique de Bull, qui a disparu à son tour en 1992. Le site a été utilisé par diverses entreprises, notamment d’informatique; mais le milieu est très mobile, ainsi que l’a montré la disparition controversée d’une fabrique de disques durs (Gigastorage) en 1997. Belfort abrite aussi des établissements de moindre taille, comme l’entreprise de mécanique LGE (Logistique Globale Européenne, 65sal.).

Dans les services apparaissent notamment les ingénieries et conseils Altran (340 sal.), Assystem (200 sal.), ESDI (150 sal.); fourniture de chaleur Dalkia (90 sal.); OPHLM (250 sal.); aide à domicile A2Micile (110 sal.); travail temporaire Adecco (120 sal.), Triangle (125 sal.), Manpower (210 sal.), Randtsad (180 sal.), Kelly (55 sal.); réseaux Bouygues (60) gardiennage Cosecur (70 sal.); nettoyage Net Eco (140 sal.); centres d’appels Téléperformance (Vivendi, 160 sal.), Carlson Wagons-Lits Travel (110 sal., groupes Accor et Carlson); distribution de produits pharmaceutiques Cerp (100 sal.), plusieurs magasins de ville dont Vitalaire (médicotechnique, 75 sal.). La SNCF Voyageurs déclare 120 agents, Orange 220, EDF 580, La Poste 190.

Belfort compte deux quartiers prioritaires ex-«zones urbaines sensibles»: les Glacis à l’est du centre-ville et le grand ensemble des Résidences à l’ouest, qui a reçu un statut de zone franche urbaine (96 ha). Un parc technologique et plusieurs zones d’activité ont été aménagés autour de la ville, dont l’activité déborde sur plusieurs communes voisines comme Offemont à l’est, Danjoutin, Andelnans et Sevenans au sud, Bavilliers au SO, Essert et Cravanche à l’ouest, Évette-Salbert et Valdoie au nord. Belfort avait 4 700 hab. en 1820, mais 15 000 dès 1875 et 32 600 en 1901; sa population a augmenté jusqu’en 1975 (54 600 hab.) mais a perdu plus de 6 000 hab. depuis, dont 4 080 après 1999. La communauté d’agglomération du Grand Belfort réunit 105 400 habitants pour 52 communes. L’Insee compte 80 000 hab. pour l’unité urbaine (16 communes) et 112 800 pour l’aire urbaine (67 communes). Les trois nouveaux cantons de Belfort partagent la commune.

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