Bonifacio (Bonifaziu)

(3 240 Bonifaciens, 13 836 ha dont 4 842 de bois) est un ancien chef-lieu de canton de la Corse-du-Sud, 54 km au SE de Sartène, 27 km SSO de Porto-Vecchio, membre de la communauté de communes du Sud Corse. C’est l’une des communes les plus étendues de Corse, qui occupe toute la pointe méridionale de l’île. Bonifacio est célèbre par son site extraordinaire de citadelle naturelle, juchée sur une presqu’île étroite et aux parois abruptes qui domine une longue crique parallèle au littoral et, de ce fait, presque invisible de la mer. Le site est protégé par la réserve naturelle du Conservatoire du littoral (218 ha) et par la vaste réserve naturelle marine internationale des Bouches de Bonifacio. L’occupation du site semble ancienne, et une commune y existait au 9e siècle; le nom semble venir de cette époque, et serait celui du marquis toscan qui en était titulaire, Boniface. Mais les Génois y ont débarqué en 1187, expulsant les autochtones au profit d’une véritable petite colonie de peuplement, dotée de privilèges et destinée à assurer la maîtrise de la pointe méridionale de la Corse et du détroit entre Corse et Sardaigne. Bonifacio, comme Calvi qui lui a répondu au nord, est ainsi restée constamment soumise ou fidèle à Gênes dans l’histoire.

La ville se divise en trois parties. Au fond de la crique, fort étroite et qui s’étire sur 1 500 m d’est en ouest, la marina, où aboutit la route T10, abrite les installations portuaires, dont un port de plaisance de 250 places, les hôtels, les magasins, l’aquarium. La presqu’île, pour la même longueur, n’a guère que 250 m de large; au-dessus de la marina s’élève le puissant bastion de l’Étendard, défense principale de la vieille ville. Celle-ci, autour de la grosse cathédrale, occupe le pédoncule de la presqu’île, légèrement en contrebas d’un plateau qui porte les installations militaires, le vieux donjon (Torrione) et, au bout, un énorme cimetière marin que ses mausolées font ressembler à une autre ville. Dans la vieille ville, l’ancien palais du podestat (Palazzu Publicu) abrite un musée d’art sacré, tandis que la caserne inclut le siège du parc marin international; il y a aussi à Bonifacio un centre d’art et d’histoire.

Le port assure des liaisons régulières avec Ajaccio et Porto-Vecchio, ainsi qu’avec la Sardaigne (Santa Teresa Gallura) mais peu de relations avec le continent, qui se portent plutôt sur Porto-Vecchio. Il enregistre près de 300 000 passagers par an, grâce à la proximité de la Sardaigne: le trafic se fait avec Santa Teresa, à moitié par la compagnie Moby, à moitié par Saremar. Hors de son rôle touristique et d’une fonction militaire bien atténuée, Bonifacio n’est guère qu’un petit centre de services local, passé dans l’attraction de Porto-Vecchio; on y signale une petite fabrique de bouchons; un collège public (220 élèves), hôpital local (90 lits), maison de retraite; centre sportif UCPA. L’aérodrome est celui de Figari, à 20 km au NO; hôtels U Capu Biancu (40 sal.), Marina di Calvu (30 sal.), travaux publics Micro (25 sal.), constructions Insulaire (35 sal.) et Bonifacienne (20 sal.). La population a augmenté de 540 hab. depuis 1999 (+50 %).

La commune de Bonifacio est formée de plusieurs parties. La moitié nord est dans les terrains cristallins; elle s’étend sur un bas plateau vers 150-200 m, qui s’élève brusquement tout au nord où il est nommé plateau d’Arapa (335 m) et dont une partie est occupée par un terrain militaire. Sur la côte ouest sont le golfe de Ventilegne, la marine et les îles de la Tonnara, et la plage de galets de la petite baie de Stagnolu, peu accessible. Au SO, le cap di Feno (Fenu) porte un phare, a un centre naturiste et, au-dessus, un ancien ermitage. La côte orientale correspond à la rive nord du golfe de Sant’Amanza (ou Santa Manza); à l’extrémité orientale se trouvent la pointe et le petit golfe de Rondinara, assez fréquentés.

Le site de Bonifacio même correspond à un bloc de calcaire miocène, coincé entre deux éléments de massif ancien. Il n’occupe guère qu’un cinquième de la commune, mais c’est lui qui donne à Bonifacio toute son originalité, avec ses hautes falaises (plus de 60 m) à strates horizontales, sa profonde rade et ses grottes; il porte des garrigues, parsemées d’anciennes cabanes de pierres sèches, les baracconi, qui ressemblent aux bories du Luberon. À l’ouest de Bonifacio, le calcaire est percé de petites calanques et troué de grottes marines, dont la plus fréquentée est celle du Sdragonato; au sud, la côte rocheuse mène au cap Pertusato, qui a aussi ses grottes et que prolonge la curieuse île Saint-Antoine, un empilement de couches calcaires en pyramide. De l’autre côté, à l’est, le calcaire forme le fond du golfe de Sant’Amanza.

Un troisième élément corrrespond à la barre de terrains cristallins qui flanque le plateau calcaire côté sud, des environs du cap Pertusato à la pointe du Capicciolu, au NE, couronnée par la tour de Sant’Amanza et où a été définie une réserve naturelle du Conservatoire du littoral sur 30 ha. La pointe de Sperone, point le plus méridional de la Corse hors les îles, en est l’élément le plus connu; elle porte un golf en haut des rochers, des résidences de tourisme, et quelques restes du site romain de Piantarella, avec la petite plage de ce nom. Le golf a connu un moment de célébrité pour avoir été attaqué à l’explosif en 1996, à la suite d’une tentative d’extorsion de fonds. Un peu plus loin, la plage de Calalonga attire aussi des estivants. Côté golfe de Sant’Amanza, petite urbanisation à la marine de Gargazu. Enfin un quatrième élément est formé par les îles Lavezzi, également granitiques, attribuées à la commune en 1981.

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