Bouches-du-Rhône (département des)

département de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, au sud-ouest de la région. Son nom est justifié en ce que le département contient en effet l’ensemble des débouchés du Rhône en mer. Il a pour préfecture Marseille et pour sous-préfectures Aix-en-Provence, Arles et Istres. Il a 2 043 100 hab. (3>e en France après le Nord et Paris), occupe 5 087 km>2 (densité 402 hab./km>2) et il est divisé en 29 nouveaux cantons (dont 9 pour Marseille) et 119 communes. Celles-ci sont regroupées en seulement quatre intercommunalités: une métropole (Aix-Marseille-Provence), deux communautés d’agglomération (Arles-Crau-Camargue-Montagnette au sud-ouest et Terre-de-Provence au nord-ouest), une seule communauté de communes (Vallée des Baux-Alpilles). Le département est voisin du Gard et des deux départements provençaux du Vaucluse et du Var, tout en ayant une pointe commune avec les Alpes-de-Haute-Provence sur la Durance près de Cadarache. Il comprend deux parcs régionaux, celui de Camargue et celui des Alpilles.

La population du département n’a pas cessé d’augmenter au cours des deux derniers siècles, sauf entre 1936 et 1946. Elle a passé les 300 000 hab. vers 1815, les 500 000 en 1860, le million vers 1929. Elle était de 1 633 000 en 1975, 1 836 000 en 1999. La croissance démographique se poursuit, entièrement grâce au solde naturel (0,4% par an), élevé en raison de la forte urbanisation et de la jeunesse relative de la population, le solde migratoire étant devenu nul, en grande partie en raison de la saturation urbaine. Les Bouches-du-Rhône sont ainsi de loin le premier département de la région par la population, ainsi que par le produit brut, mais avec un taux de chômage élevé, un revenu par habitant légèrement au-dessous de la moyenne provinciale française.

À l’échelle nationale et même internationale, les Bouches-du-Rhône se distinguent sur plusieurs points: le premier port de France et de la Méditerranée, quatre raffineries de pétrole et le départ du faisceau d’oléoducs vers le Rhin et le Danube, deux aciéries; le centre nucléaire de Cadarache avec le futur Iter sur la fusion thermonucléaire; des festivals de renom; l’espace particulier de la Camargue, ses cultures de riz, ses taureaux et ses traditions. Il assure à lui seul les trois quarts du commerce extérieur de la région. Les retraités sont nombreux (près de 26% des + de 15 ans) suivis par les employés (15,0%), les professions intermédiaires (14,3%), les cadres et professions supérieures (9,8%) étant plus nombreux que les ouvriers (9,4%).

Dans l’ensemble, l’industrie ne représente que 9,6% des emplois, contre 43,5% aux services privés et 34,1% aux services publics et sociaux . Le tourisme est actif, mais ne tient dans les Bouches-du-Rhône qu’une part modérée des activités, bien qu’il compte aussi l’hôtellerie urbaine et les déplacements pour affaires; le département enregistre 14 millions de nuitées annuelles dont plus de 5 M en hôtel (2>e après les Alpes-Maritimes) et une offre de 82 000 lits, aussi nombreux en hôtel qu’en camping. En dépit de son extrême urbanisation, le département réussit en outre à se classer premier de la région par le produit agricole, obtenu par 3 000 exploitations (2>e après le Vaucluse), avec des productions élevées de fruits et légumes; en contrepartie, il est le moins forestier des six départements de la région.

C’est aussi, grâce aux plaines d’épandage anciennes et actuelles du Rhône et de la Durance, où s’enchâsse l’étang de Berre, le moins accidenté, en dépit des beaux reliefs des Alpilles, de la Sainte-Victoire et de la Sainte-Baume magnifiés par tant de peintres. Le territoire départemental s’allonge d’ouest en est sur 130 km, sans dépasser 60 km dans le sens nord-sud. Il est très divisé par le peuplement et par les accidents du relief, qui ne sont qu’en partie liés.

Marseille domine de loin, concentrant avec ses banlieues immédiates plus de la moitié de la population du département. On ne peut en séparer ses deux annexes littorales: le groupe de Cassis et La Ciotat à l’est, celui de l’Estaque et de Vitrolles et Marignane à l’ouest, qui bénéficient de quelques beaux sites.

Le golfe de Fos et la partie occidentale de l’étang de Berre, avec les villes de Martigues, Port-de-Bouc, Fos-sur-Mer, Istres et Miramas, forment un ensemble lié à Marseille, mais assez différent: d’un côté une façon d’annexe du port de Marseille, dotée de puissantes industries, mais aussi un complexe d’échelle européenne et directement relié aux grandes concentrations de l’Europe du Nord-Ouest par le Rhône; de l’autre, les grandes étendues de marais, étangs et atterrissements sableux.

Vers l’est de Marseille, un autre ensemble est tout aussi lié à la métropole provençale, et cependant s’en distingue: d’Aubagne à Gardanne, physiquement séparées de Marseille par les reliefs de l’Étoile, parcourues par des circulations qui, d’Aix à Toulon évitent Marseille, toute une collection de communes ont eu leurs propres industries, où lignite et bauxite ont eu une place originale, et conservent une certaine originalité au sein des paysages renommés dominés par la Sainte-Baume. Au nord-est, le pays d’Aix-en-Provence, qui va jusqu’à la Durance, forme un autre ensemble, aux paysages plus ouverts, aux villages renommés qui soignent leurs activités culturelles et leurs spécialités, mais sont maintenant intégrés à la métropole unifiée.

Reste au-delà, mais sur plus de 2 000 km>2, soit les deux cinquièmes du département, un ensemble qui correspond surtout à l’arrondissement d’Arles, mais qui associe au moins cinq paysages différents, tous de grande originalité: la Crau et la Camargue au sud, l’agglomération d’Arles-Tarascon au centre, les arides Alpilles désormais rehaussées d’un parc régional et, au nord, les campagnes irriguées de Saint-Rémy et Châteaurenard, qui étendent au sud de la Durance le style du Comtat Venaissin et comptent pour beaucoup dans les réussites de l’agriculture du département. L’ensemble est parcouru par un très dense treillage de routes et de voies ferrées, et forme l’un des très grands bassins d’activités de la France, attractif, et qui réussit pourtant à conserver des espaces vides et des aires naturelles protégées, dont le Parc de Camargue, à proximité immédiate des grandes concentrations urbaines.

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