Brest

(142 600 Brestois, 4 951 ha) est une sous-préfecture du Finistère. La plus grande ville du Finistère, et deuxième de Bretagne, s’est manifestée assez tard, et d’abord modestement. Quelle que fût l’ancienneté du peuplement de la région, le nom n’est apparu qu’au 9e s., par un petit château dont le nom celte évoquait un pont (Brivates), ou plus probablement un relief (cf. le breton bré) et autour duquel a vivoté une petite agglomération du 11e au 17e s. Mais la position en bout de péninsule et l’abri offert par la rade — 15 000 ha, dont 4 000 ont plus de 12 m de profondeur aux plus basses mers, et défendus par un goulet — ne pouvaient manquer d’être exploités: en 1631 se dessine un port de guerre, sur décision de Richelieu, dans l’aber de la Penfeld (une orthographe défectueuse mais consacrée pour Penfell). Vauban le fortifie ensuite (1681-1689), lui ajoutant en 1689 les Gardes du pavillon de la marine, transformés en École navale en 1828. Une Académie royale de la marine apparaît en 1752. Un bagne est aménagé dans le domaine militaire en 1748 et sert jusqu’en 1854.

Une ville ouvrière et artisanale liée au port de guerre et à l’arsenal, et de peuplement local, s’étoffe ainsi au 18e s. et au 19e s. sur la rive droite, dans le quartier dit de Recouvrance, tandis que le plateau de rive gauche accueille une ville plus marchande et bourgeoise, et de peuplement forain. Il faut attendre 1861 pour qu’un pont jeté sur la Penfeld relie les deux éléments, tandis qu’apparaît le port de commerce sur la rade même. Puis les affaires de la Navale colonisent la rade de Brest et finalement se déportent sur l’autre rive, celle de la presqu’île de Crozon. La population de la commune était de 26 000 hab. en 1820, de 70 000 en 1886; elle est montée à 90 000 en 1911, puis a baissé dans l’entre-deux-guerres (68 000 en 1926) avant de connaître une forte croissance dans le troisième tiers du 20e siècle: 111 000 en 1954, 167 000 en 1975. Elle s’est toutefois restreinte ensuite et aurait encore perdu 13 600 hab. après 1999.

Brest est donc une ville assez complexe et divisée, mais dominée par la marine. Elle s’est étoffée dans la première moitié du 20e s., avant d’être anéantie par les bombardements incessants entre 1940 et 1944. La reconstruction a été totale, et a donné au centre de Brest, sur le plateau à l’est de la Penfeld, son aspect ordonné, régulier et un peu froid dans un quadrillage strict d’axe SO-NE. Ce centre commence, en proue au-dessus de la rade, par l’ensemble fortifié du Château, qui abrite la préfecture maritime et le musée de la marine; il se poursuit vers le NE sur un bon kilomètre jusqu’au-delà de l’espace vert de la place de la Liberté, près de laquelle a été aménagé le grand centre culturel dit Quartz. Côté sud, la promenade arborée des remparts domine le port de commerce agrandi et rénové, dont le trafic annuel est d’environ 2 600 000 t (750 000 d’hydrocarbures, 750 000 d’aliments du bétail, 210 000 de viandes et volailles), plus 42 000 conteneurs (evp), et 14 escales de paquebots de croisière. Côté ouest, la Penfeld est franchie par le grand pont levant de Recouvrance, construit en 1954 et qui domine le plan d’eau de 22 m; l’arsenal s’étire au fond de la vallée; sur la rive droite, la tour Tanguy marque l’entrée du vieux port militaire; elle date du 14e s. et abrite le musée du vieux Brest.

La ville a considérablement changé depuis les années 1950, en diversifiant ses activités. Elle compte 1 100 chambres d’hôtel (1 500 dans l’unité urbaine) et l’on y visite l’arsenal et la goélette Recouvrance, de nombreux musées (marine, vieux Brest, beaux-arts, patrimoine de la fraise…). La grande parade des voiliers en 2000 a attiré des foules et le musée de la marine reçoit 58 000 visiteurs par an. L’Université de Bretagne occidentale (UBO), polyvalente, totalise 24 000 étudiants, y compris, il est vrai, ses antennes de Quimper et Morlaix, et 2 400 salariés. Elle a cinq écoles doctorales, des IUT dans les trois villes et elle est complétée par de nombreuses institutions de recherche dont l’Ifremer (700 personnes), le Shom (Service hydrographique de la marine), le Cedre (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) et des grandes écoles: École Navale, École nationale d’ingénieurs de Brest (ENIB), ESMISAB (Ecole Supérieure de Microbiologie et de Sécurité Alimentaire de Brest), ENSIETA (ingénieurs et techniciens d’armement), ENS des télécommunications de Bretagne, École de Commerce (45 sal.), Conservatoire des arts et métiers, Institut supérieur d’électronique du Nord; la ville accueille ainsi près de 30 000 étudiants.

Le technopole de l’Iroise héberge des équipes de recherche, comme le CERV (Centre européen de réalisation virtuelle), formé à partir de l’ENIB. Le centre hospitalier public (CHRU) a 2 400 lits et 6 600 salariés; l’hôpital des armées (Clermont-Tonnerre) y ajoute 210 lits; trois grandes cliniques Pasteur-Lanroze (290 sal.), Keraudren Grand Large 440 et 110 sal.), maisons de retraite dont Medotel (Korian, 60 sal.) et Orpea (Lys Blanc, 60 sal.), LNA (Mer d’Iroise, 90 sal.). Les équipements culturels (Quartz, théâtres, musée des Beaux-Arts) ont accompagné cette expansion. De nouvelles industries sont apparues. Elles ont provoqué le développement des services aux entreprises et des bureaux.

Aussi Brest est-elle une grande ville complète, même si la préfecture du département, jadis jugée incompatible avec la préfecture maritime, est restée à Quimper. De grands aménagements ont dû être engagés: vastes zones industrielles et commerciales surtout au NE, de part et d’autre de la route de Rennes et Paris par Morlaix (N12) et proches de l’aéroport de Guipavas; ensemble de recherche océanographique (Ifremer, Shom) à l’ouest, à la pointe du Portzic, dominant le goulet de Brest et débordant sur la commune de Plouzané, près de la centrale thermique. Un ensemble ludique à l’est, à l’embouchure de l’Élorn, est dit pôle de loisirs du Moulin-Blanc, il associe le complexe Océanopolis, ouvert en 1990, avec parc d’exposition et de découverte comptant 42 aquariums, et qui reçoit 500 000 visiteurs par an; un port de plaisance de 1 320 places avec centre nautique et station de voile; le parc du vallon de Stang Alar (17 ha) associé à celui du conservatoire botanique national (22 ha, avec serres et arboretum) qui est lié au Parc régional d’Armorique. Au-delà, le pont Albert-Louppe de 1930 a été doublé en 1994 par le nouveau pont routier de l’Iroise, qui facilite les relations avec la Cornouaille et l’intégration de la presqu’île de Plougastel à l’agglomération. La ville est très fleurie (quatre fleurs).

Outre les administrations, l’enseignement, les hôpitaux, le principal employeur reste la DCN (Direction des constructions navales), qui occupe encore directement 2 540 personnes, partiellement 12 000 à 15 000 autres chez quantité de sous-traitants, et s’honore d’avoir construit le dernier porte-avions français. La construction navale comprend Damen (réparation navale, 180 sal.), firme néerlandaise qui a repris la Sobrena (Bretagne de réparation navale); Navtis (ex- SMNB, Société métallurgique et navale de Bretagne, 170 sal.); Sobec (Bretonne d’études et constructions, 50 sal.), STB (Soudure Tuyauterie Brestoise (55 sal.), FT Marine (câbles sous-marins, 55 sal.)

L’électronique-électricité vient ensuite, avec Thales-aéroportés (970 sal.) et Thales-Underwater (transmissions sous-marines, ex-Thomson-Sonar, 530 sal.), plus le conseil informatique du groupe Thales (100 sal.) et de CapGemini (105 sal.); SDMO (160 sal.), passé en 2006 à l’états-unien Kohler, fabrique des groupes électrogènes. SNEF (145 sal.) et Vehco (40 sal.) font des équipements d’aide à la navigation. S’y ajoutent IxBlue (60 sal., instruments scientifiques), Protecno (composants, 50 sal.), Te2M (matériels électriques, 45 sal.), les installations électriques Constructel (240 sal.), Gervais (75 sal.), SEI (50 sal.); production et distribution de chaleur Engie (110 sal.) et Ecochaleur (35 sal.); manutention SPRD (70 sal.).

Moins représentées sont la mécanique avec Meunier (100 sal.) et Endel (110 sal.), les plastiques avec BVO (pièces de menuiserie, 55 sal.), la chimie avec les huiles de soja Cargill (45 sal.), le textile avec la fabrique de sous-vêtements Empreinte (110 sal.) et le linge de maison Incidences (35 sal.); ingénieries Altran (80 sal.), ACEPP (55 sal.), Apside (55 sal.), informatique Polymont IT (95 sal.), CGI (55 sal.), Sage (45 sal.), GFI (35 sal.); constructions Bouygues (85 sal.), le Granit Breton (55 sal.), Isolation Brestoise (145 sal.), peinture SBP (35 sal.), étanchéification Smac (35 sal.), plafonds Le Gall (45 sal.), couverture Bihannec (35 sal.), travaux publics Marc (320 sal.), service des eaux Eaux et Ozone (65 sal.), traitement de déchets Guyot (40 sal.), distribution d’électricité Enedis (210 sal.).

Le reste est dans les services. On y trouve DCI (Défense Conseil International, 65 sal.), des organismes financiers (assurances Suravenir 260 sal.), le Crédit Mutuel Arkea (150 sal.), comptabilité KPMG (50 sal.), immobilier Foncia (55 sal.) et Izimmo (35 sal.); publicité (Via Media 85 sal., Publitex 45 sal., Publicis 40 sal.), gardiennage (France Gardiennage 180 sal., Securitas 150 sal., Mondial Protection 130 sal., Bretagne Sûreté Protection 110 sal.); nettoyage (PEI, 340 sal., Fily 200 sal., Top Services 120 sal., Corser Iroise 75 sal., STPI 60 sal.), les aides à domicile Domusvi (145 sal.), KGK (Kangourou Kids, 80 sal.), O2 Brest (110 sal.), Sous Mon Toit (40 sal.); restauration collective SBR (45 sal.), travail temporaire Samsic (90 sal.) et Chrysalide (45 sal.), formation d’adultes CLPS (45 sal.). La Sopab (Société des parcs de Brest) est une entreprise mixte qui gère les espaces publics brestois (250 sal.); Brest’Aim (245 sal.) gère des installations de sports; le Stade Brestois a 100 sal. Les transports urbains de la CUB (groupe Keolis) emploient 490 personnes, l’Armoricaine de transports (autocars Verney, 110 sal), les autocars Titi Floris (60 sal.) et les transports maritimes de passagers Keolis 85 sal., la SNCF 110 sal., La Poste 250 sal., Orange 300 sal., l’hôtel Oceania 50 sal; entreposage ALT (45 sal.), transports Hinterland (35 sal.), UAT (35 sal.), pompes funèbres (40 sal.).

Le commerce est surtout représenté par un hypermarché Carrefour (300 sal.), un Géant Casino (180 sal.), un Super-U (130 sal.), un centre Leclerc (100 sal.); les magasins Castorama (90 sal.), Fnac (45 sal.), Conforama (50 sal.), Brico Dépôt (50 sal.), Le Printemps (40 sal.), Carrefour Market (45 sal.), But (40 sal.), Bouchara (40 sal.); des négoces Laïta (produits laitiers, 240 sal.), IPC (vaisselle et verrerie, 250 sal.), Fichou (équipements d’automobiles, 100 sal.), Rexel (matériel électrique, 70 sal.), France-Sécurité (55 sal., vêtements de protection), Tanguy (matériaux, 60 sal.), CPO (combustibles, 50 sal.), Rexel (40 sal., matériel électrique), CMB (quincaillerie, 35 dal.).

L’agglomération compte une douzaine de zones industrielles sur 460 ha (20 000 emplois), dont la plus connue est le technopôle Brest-Iroise, où travaillent plus de 6 000 personnes dont 2 000 étudiants; mais Brest a aussi trois zones urbaines sensibles: Kerourien à l’ouest (2 600 hab., 22 ha), au-delà de la Penfeld; Keredern au nord-ouest (2 100 hab., 13 ha), Pontanezem au nord (3 600 hab., 31 ha). La commune est divisée en sept quartiers: Brest-Centre (27 600 hab., 528 ha), Saint-Marc (22 700 ha, 686 ha) à l’est, Europe (18 500 hab., 470 ha) au nord-est, Lambézellec (24 000 hab., 1 254 ha) au nord, Bellevue (20 400 hab., 248 ha) au nord-ouest, Saint-Pierre (14 000 hab., 1 172 ha, à la fois le plus étendu et le moins peuplé à l’ouest, et Quatre-Moulins (26 500 hab., 537 ha) au centre-ouest.

La communauté urbaine de Brest (CUB) a reçu le statut de métropole en 2014, et le nouveau nom de Brest Métropole. Elle ne groupe que 8 communes, mais toutefois 207 700 hab., sur 22 000 ha. La ville et la métropole ont une majorité de gauche depuis 1989 et sont dirigées par François Cuillandre, socialiste, ancien député, professeur de droit public, maire depuis 2001.

L’arrondissement de Brest a 373 000 hab., 77 communes et 140 807 ha. Il est divisé en six intercommunalités. Pour l’Insee, l’aire urbaine de Brest compte 316 000 hab. (51 communes, près de 100 000 ha) et s’étend sur tout le NO du Finistère. L’unité urbaine comprend 7 communes, 200 000 hab. sur 20 000 ha. Brest est divisé en 5 nouveaux cantons, de 31 300 à 36 700 hab., dont trois sont limités à des fractions de la commune, le 4e incluant aussi Bohars, Gouesnou et Guilers, le 3e Plouzané.

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