Grenelle

ancienne commune de la Seine englobée dans le 15e arrondissement de Paris, mais d’histoire relativement récente puisqu’elle a été créée en 1830 à partir de la commune de Vaugirard. Sa création a été liée à l’urbanisation du vaste lotissement Violet, qui s’étendait sur 105 ha; son aménagement à partir de 1824 s’est accompagné de la construction du pont et du port de Grenelle, ainsi que de l’église Saint-Jean-Baptiste et des rues du Commerce, de l’Industrie (devenue rue Émeriau) et des Entrepreneurs, et d’un superlatif local (Beaugrenelle). Elle avait 1 600 hab. en 1831, puis est passée à 5 500 en 1846, 14 900 en 1856; elle a été réunie à Paris en 1859. Une rue, un boulevard, un pont et une «villa» portent le nom de Grenelle.

La rue de Grenelle est longue (2 250 m) et cependant extérieure à la commune à laquelle elle conduisait; elle court parallèlement à la Seine à travers les 6e et 7e arrondissements, du carrefour de la Croix-Rouge à l’avenue de La Bourdonnais près du Champ-de-Mars. Elle est bordée de ministères et traverse l’esplanade des Invalides. Le boulevard de Grenelle est large (42 m) et a une longueur de 1 220 m; il va de la Seine (pont Bir-Hakeim) à la place Cambronne et il est occupé en son milieu par la voie aérienne de la ligne 6 du métro (Nation-Étoile).

Le pont de Grenelle est plus en aval; il datait de 1827 mais a été reconstruit deux fois, la dernière en 1966; en acier, il est doté de deux travées de 85 m, et s’appuie sur l’extrémité aval de l’île des Cygnes, où est une réplique de la statue de la Liberté de Bartholdi. La villa de Grenelle est une petite voie du quartier Dupleix-La Motte-Picquet, donnant sur la rue Violet. Le nom subsiste aussi pour évoquer une partie du 15e arrondissement, mais aucun quartier officiel n’en a repris le nom. En revanche, le Front de Seine contient un centre commercial et d’affaires Beaugrenelle et un lycée Beaugrenelle.

Le nom de Grenelle est également devenu synonyme de négociation gouvernementale; dans ce sens il n’a de rapport qu’avec la rue, pas avec l’ancienne commune. Il est tiré du lieu où se négocièrent les accords de mai 1968 entre gouvernement et syndicats, au ministère du Travail situé rue de Grenelle à Paris dans l’ancien hôtel du Châtelet. Construit en 1770 pour le comte du Châtelet, fils de la célèbre physicienne et philosophe Émilie du Châtelet, promu ensuite duc et guillotiné en 1793, cet hôtel reçut un temps l’École des Ponts-et-Chaussées puis des ambassades, devint résidence épiscopale de 1849 à 1905, et fut ensuite affecté au ministère du Travail. La «salle des Accords », ainsi nommée depuis les négociations de mai 1968, est une ancienne salle à manger dont le décor originel a été préservé.

Le succès de ces accords, qui mirent fin aux troubles du printemps 1968 en satisfaisant une partie des revendications ouvrières, a tendu à faire de «grenelle» un nom commun d’accords réussis ou que l’on aimerait réussir: le «Grenelle Environnement» de 2009, objet de nombreuses réunions en différents endroits, n’a plus aucun rapport avec le quartier ni la rue; il y a même eu un «Grenelle des ondes» en 2009. Comme il advient souvent, ces répliques sont très affadies par rapport au premier événement…