Guérande

(16 780 Guérandais, 8 144 ha dont 290 de bois) est un ancien chef-lieu de canton de Loire-Atlantique dans l’arrondissement de Saint-Nazaire, 20 km ONO de celle-ci en Cap-Atlantique. Le bourg est perché sur un bas plateau à 6 ou 7 km de la mer, juste au-dessus d’un long talus rectiligne, dérivé d’une faille, qui court de Saint-Nazaire à Piriac. Ce talus sépare en deux la commune: au nord un plateau de roches anciennes doucement incliné vers le nord-est et le pays de Brière, au sud l’ancien bras de mer fermé par les cordons de sable du Croisic et de La Baule, et transformé par l’envasement en un ensemble de marais partagé entre Guérande et Batz. Ce sont ces marais qui contribuent à la célébrité de Guérande en fournissant un sel apprécié.

La ville elle-même a pour originalité d’avoir conservé sa forme de ville close, entourée depuis des siècles d’une muraille de 1 400 m, édifiée entre 1343 et 1476, riche de 6 tours et de 5 portes, dont 4 donnent au sud, c’est-à-dire sur le marais, une seule au nord. Au centre se dresse l’église collégiale, du gothique flamboyant. Guérande, dont le nom breton (gwen rand) évoque pour certains un domaine «blanc» (gwen en breton), pour d’autres un terrain «libre», en friche (radical préromain var comme varende et varenne), mais qui a pu aussi avoir initialement le sens de ville limite comme les Ingrandes, était encore un port de mer au 15e s. Sa fortune est venue de l’exploitation du sel et de la population de paludiers qui lui était associée. L’activité subsiste, et a une valeur publicitaire, mais n’est plus essentielle.

Quelques ateliers diversifiés se sont développés en même temps que le peuplement du bassin de Saint-Nazaire et du littoral: emballages en papier et plastiques Sodipa (35 sal.), charpentes métalliques David (110 sal.), appareils électriques Arkteos (25 sal.), menuiserie d’aluminium Kawneer (45 sal.); sérigraphie Westgraphy (20 sal.); analyses médicales Poupard (25 sal.). Guérande accueille plusieurs entreprises de bâtiment dont les maçonneries Guéno (115 sal.), Picaud (30 sal.), Acma (revêtements de sols et de murs, 35 sal.), peinture Guihéneuf (25 sal.); réseaux et canalisations Presqu’île Environnement (35 sal.), travaux publics Eurovia (45 sal.) et Bouygues (60 sal.), espaces verts Legal (25 sal.); blanchisserie Elis (Lavandières, 95 sal.), assainissement Grandjouan (Veolia, 100 sal.); transports Maury (160 sal.) et Géant (30 sal.), ambulances Océane (30 sal.); La Poste (85 sal.).

Le plus gros employeur privé est le centre commercial Leclerc (250 sal.), assorti de quelques autres magasins comme Carrefour (90 sal.), Intermarché (55 sal.), Leroy-Merlin (75 sal.), Jardiland (20 sal.), Terres Blanches (jardinerie, 20 sal.); comptabilité Butrot-Hubert (35 sal.) et In Extenso (20 sal.), centre aquatique SEPG (25 sal.). Guérande abrite aussi une clinique neuropsychiatrique (La Brière, 70 sal.), un hôpital international (35 lits), deux collèges et deux lycées publics dont un professionnel, lycée agricole public, un collège et un lycée privés, un centre d’aide par le travail; elle offre un musée régional, six hôtels (130 chambres) et six campings (1 050 places) dont un de luxe (380 places, 25 sal.), et 1 200 résidences secondaires (15% des logements).

Au sud-est de la commune près des marais et de La Baule, subsiste le château de Careil (14e s.-renaissance). La commune compte plusieurs anciens moulins et, au NE près de la Brière, l’étang de barrage et le dolmen de Sandun. Guérande avait 8 600 hab. en 1851, puis La Turballe s’en est détachée, la population passant alors à 6 700 hab. (1866) et arrivant à son minimum de 5 800 hab. en 1921; elle n’avait encore que 6 500 hab. en 1970 puis a entamé une vigoureuse croissance, passant les 10 000 hab. vers 1985. Elle a augmenté de 2 430 hab. depuis 1999. Le nouveau canton de Guérande a 10 communes, 48 800 hab.

Le sel de Guérande. Le sel est exploité dans les marais de Guérande depuis les Celtes, puis les Romains; il est devenu l’objet d’une véritable industrie aux 14e et 15e siècles, et c’est alors que l’organisation des marais et des œillets a été esquissée, ainsi que la formation d’une population de paludiers. Le sel était évacué alors par les ports du Pouliguen et du Croisic. À la fin du 18e s., l’essentiel de la production venait plutôt du sud, sur le territoire de Batz, où l’on comptait 1 650 ha de marais salants et 25 000 œillets. La concurrence des salins du Midi, bien plus productifs, a provoqué le déclin de l’exploitation au 19e siècle et a failli avoir raison des marais de Guérande.

Mais une promotion intelligente et fondée sur la fréquentation touristique des lieux, la proximité relative de Paris et les images associées à l’océan et à l’iode, a permis de revaloriser une part de la production, y compris dans ses impuretés mêmes (le sel «gris»), que l’on évite bien de «laver» et qui lui donnent «du goût» et droit à un premier «label rouge» en 1991. Quantité de produits différents et de prix plutôt élevé en sont tirés… L’ensemble du marais s’étend sur 2 000 ha; il occupe 250 paludiers, groupés en syndicat et coopérative efficaces, pour une production annuelle d’environ 10 000 t (10 M €). Le lycée professionnel de Guérande a une section de formation de paludiers.

Trois anciennes îles subsistent au milieu du marais: Sissables tout à l’ouest, Lénifun et Saillé près de Batz, toutes dans la commune de Guérande. Saillé est la plus peuplée, un vrai village de paludiers, avec une maison des Paludiers. Lénifun est juste au sud, près de Batz. Toutefois, le site touristique majeur est à Pradel, plus proche de la ville de Guérande à la bordure nord des marais, où a été ouverte la salle d’exposition de Terre de Sel. Les marais de Guérande sont un site protégé Ramsar depuis 1995, et un site classé depuis 1996.

Retour