Isère (département de l’)

département de la région Rhône-Alpes; il a pour préfecture Grenoble et sous-préfectures Vienne et La Tour-du-Pin. Il touche à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur par le département des Hautes-Alpes, et il est limitrophe de tous les départements de la région Rhône-Alpes sauf la Haute-Savoie, ce qui lui donne huit voisins. Il s’étend sur 7 431 km2 et il est divisé en 58 cantons et 533 communes, elles-mêmes rassemblées en 4 communautés d’agglomération autour de Grenoble, Vienne, Voiron et de Bourgoin-Jallieu et L’Isle-d’Abeau (Portes de l’Isère), 38 communautés de communes, et probablement à terme une bonne dizaine de pays faisant actuellement l’objet de contrats territoriaux: Boucle du Rhône au nord, Val de Dauphiné, Bièvre-Valloire, et Sud-Grésivaudan sur le piémont bas-dauphinois, Avant-pays savoyard-Chartreuse, Grésivaudan, Royans-Vercors (avec le département de la Drôme), Alpes Sud-Isère, plus les quatre territoires des communautés d’agglomération.

Toutefois, le Conseil général a déjà divisé le département en treize «territoires», chacun doté d’une «Maison»: Haut-Rhône Dauphinois tout au nord (Maison à Crémieu), Porte des Alpes (Bourgoin-Jallieu) et Vals du Dauphiné (La Tour-du-Pin) juste au sud, Isère rhodanienne au nord-ouest (Vienne), Bièvre-Valloire (Beaurepaire) et Sud-Grésivaudan (Saint-Marcellin) à l’ouest, Voironnais-Chartreuse (Coublevie), Grésivaudan (Domène), Agglomération grenobloise (Grenoble), et pour la montagne Vercors (Villard-de-Lans), Trièves (Mens), Matheysine (La Mure) et Oisans (Bourg-d’Oisans). Cinq schémas d’organisation territoriale (scot) sont en cours: Haut-Rhône Dauphinois (à peu près le pays de la Boucle du Rhône), L’Isle-d’Abeau, Givors-Vienne-Roussillon (interdépartemental), Région de Grenoble, Trièves.

La majorité des élus du Conseil général est de gauche, avec 33 élus sur 58, dont 22 socialistes, 8 communistes et 3 Verts; le président est André Vallini, socialiste, également député, avocat. Six députés sont socialistes, deux UMP; un sénateur est socialiste, un communiste, deux sont UMP. Le département atteint 566 000 hab. en 1851, et s’est maintenu à peu près à ce niveau jusqu’en 1950, le développement urbain compensant tout juste la dépopulation des montagnes. Puis sa population en entamé une forte croissance, passant à 860 000 hab. en 1975, 1 016 000 en 1990. Elle est évaluée à 1 172 000 en 2006.

Le territoire départemental est doublement divisé. D’une part, il touche à l’agglomération lyonnaise au nord-ouest, et toute sa partie nord-occidentale regarde vers la capitale rhônalpine en tournant le dos à Grenoble, qui règne seule dans sa moitié méridionale. D’autre part, il oppose plaine et montagne, en deux moitiés sensiblement égales, selon une limite bien nette qui passe au pied du Vercors et de la Chartreuse. Mais cette division ne recoupe pas une autre division entre paysages très urbanisés et campagnes ou montagnes de faible densité de peuplement, car Grenoble et son agglomération sont certes en plaine, mais à l’intérieur même du domaine montagneux, tandis qu’au nord-ouest l’urbanisation périlyonnaise déborde largement dans les campagnes bas-dauphinoises. L’agglomération grenobloise dessine vers le centre du département un Y dont les branches sont vers le nord-ouest la cluse de Grenoble, incluant à son extrémité le groupe voironnais; le Grésivaudan à peu près tout entier vers le nord-est; les basses vallées du Drac et de la Romanche au sud, jusqu’à Vif-Le Gua et Vizille. Le cadre montagnard de cette conurbation de plus de 500 000 habitants est lui-même divisé entre massifs cristallins au sud-est et Préalpes calcaires au nord et à l’ouest. Les premiers présentent les formes très différentes des massifs de Belledonne et de l’Oisans: Belledonne allongé, proche de Grenoble et du Grésivaudan, équipé des stations d’Allevard et Uriage, des Sept-Laux et de Chamrousse; Oisans plus fermé, mais bien plus haut et, par là, plus riche en neige: l’Alpe-d’Huez et les Deux-Alpes y offrent de vastes possibilités de sports d’hiver, comme le massif des Écrins à l’alpinisme, le parc national des Écrins règne sur les hauteurs, tandis que la vallée de la Romanche offre une voie historique vers Briançon et l’Italie par le Lautaret. On peut en distinguer au sud l’ensemble formé par les vallées du Valbonnais-Valjouffrey et la moyenne vallée du Drac autour du lac du Sautet, en situation de moyennes montagnes déjà presque méridionales. Plus à l’ouest, la Matheysine et le Trièves ont des paysages de plateaux élevés, marqués par le passage du couloir de circulation entre Grenoble et la Provence. Ils sont dominés à l’ouest par le Vercors, dont seule la moitié orientale et septentrionale est dans le département de l’Isère; mais c’est la plus haute, et la plus enneigée. Reste la très verte Chartreuse, réputée pour ses paysages, ses sites et ses habitats, striée par les barres de relief, devenue une proche banlieue d’agrément de Grenoble et de Chambéry, voire de Lyon, couverte d’un filet serré de routes et de lieux de loisirs. Le piémont lui-même, cerné par le cours du Rhône au nord comme à l’ouest, est loin d’être uniforme. Il s’accidente à l’approche de la montagne, au point de dépasser 700 m vers Voiron. De fortes collines et des lambeaux de plateaux en bois et en landes donnent les hauteurs un peu vides, un peu secrètes du Chambaran, du Banchet, jusqu’au plateau de Bonnevaux. À l’opposé, les glaciers quaternaires de l’Isère et du Rhône ont dégagé dans ces reliefs de molasse de larges plaines: au pied du Vercors celle de l’Isère actuelle, que le Conseil général nomme curieusement Sud Grésivaudan; plus au nord le large et long couloir de Bièvre-Valloire, flanqué au nord par le couloir moins ample du Liers. Ces classiques différences de paysages ne sont pas les seules, ni même les principales. Au nord, les abords du Rhône ont leurs particularités dans ce que les administrations nomment tantôt Boucle du Rhône, tantôt Haut-Rhône Dauphinois: petites plaines ouvertes et basses collines dont quelques-unes ont des vignes, reliefs rugueux des calcaires de l’île Crémieu, centrale nucléaire de Creys-Malville… Au centre, le couloir de Lyon à Chambéry traverse tout le Bas-Dauphiné de la Bourbre au Guiers par L’Isle-d’Abeau, Bourgoin-Jallieu et La Tour-du-Pin, en une large bande de forte progression démographique et de dissémination d’activités qui dessine comme un très long doigt d’extension du domaine lyonnais. Celui-ci est sans partage dans le nord-ouest du département: la basse Bourbre au Pont-de-Chéruy, Satolas qui donna un temps son nom au nouvel aéroport lyonnais, Vienne tout entière et le pays de Roussillon n’ont rien à voir avec Grenoble, à laquelle ils sont à peine reliés.

De la sorte, la grandeur de Grenoble n’est évidemment pas dans la puissance de son autorité sur un territoire départemental, à plus forte raison régional, mais bien dans l’originalité de ses activités de haut niveau scientifique et technologique, voire culturel. C’est assez pour se lire jusque dans les performances départementales. Le département de l’Isère est sans conteste le deuxième de la région pour le produit intérieur, avec 26 milliards d’euros - mais le Rhône fait presque deux fois mieux -, ainsi que pour le produit par emploi, ce qui témoigne du haut niveau de qualification du travail; mais il n’est que quatrième pour le produit par habitant, où les deux départements savoyards font mieux, en partie en raison de l’apport extérieur des sports d’hiver. L’industrie emploie 30% des salariés (21% des emplois totaux), au total environ 90 000 personnes, dont 28 000 dans l’électricité-électronique (8 000 dans les composants, dont STMicroelectronics, 7 900 dans les matériels dont Schneider ex-Merlin-Gérin et Radiall), 8 900 en informatique dont 3 500 dans les matériels et systèmes, chez Hewlett-Packard notamment, 2 500 dans les instruments médicaux); 14 200 dans la mécanique dont Caterpillar et Tecumseh; 10 000 dans la métallurgie; 6 000 dans la logistique; 6 000 dans le biomédical et autant dans la chimie; 3 800 dans les papiers et cartons; 3 800 dans l’agro-alimentaire; 3 500 dans le textile. Surtout, le département se signale par son haut niveau de technologie et de recherche-développement, principalement dans l’agglomération de Grenoble, en pointe dans la recherche sur les micro- et nanotechnologies, la biologie moléculaire et l’informatique. L’apport du tourisme, pour être marginal dans le produit intérieur, n’en est pas moins évalué à 500 millions d’euros, pour environ 15 à 20 millions de nuitées annuelles, 290 000 lits touristiques (dont 83 000 en Oisans) et 13 500 emplois directs, classant le département en 13e position en France et en 3e pour les sports d’hiver (plus de 5 millions de journées-skieurs et 100 M de recettes des remontées mécaniques). L’agriculture se situe un cran au-dessous, avec 7 200 travailleurs (équivalents plein temps) et 7 000 exploitations sur 250 000 ha utilisés environ (un tiers du territoire), et un produit d’environ 480 millions d’euros où le végétal (265 M) l’emporte sur l’animal (190 M): 85 M aux céréales, 77 aux laits et fromages, 65 aux viandes bovines, 60 aux fruits (l’Isère a 7 500 ha de noyers, 2 500 de vergers et produit annuellement 30 000 t de pommes), 47 de fourrages, 19 de volailles et œufs et 17 de légumes frais. La forêt occupe 275 000 ha (37% du territoire), les alpages 67 000 ha. L’Isère a une partie du parc naturel national de l’Oisans et des deux parcs régionaux de la Chartreuse et du Vercors. Un atlas départemental peut être consulté sur le site http://espace-documentaire.cg38.fr/10507-atlas-isere.htm.

L’Isère Rhodanienne est l’un des treize «territoires» départementaux du département; il associe les cantons de Vienne à celui de Roussillon et sa «maison» est à Vienne.