Loire (département de la)

département au nord-ouest de la région Rhône-Alpes; il a pour préfecture Saint-Étienne et sous-préfectures Montbrison et Roanne. Il touche aux régions Auvergne et Bourgogne par les départements de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme, de l’Allier et de la Saône-et-Loire, et il est limitrophe des départements du Rhône, de l’Isère et de l’Ardèche. Il s’étend sur 4 781 km2 et il est divisé en 40 cantons et 327 communes, elles-mêmes rassemblées en 3 communautés d’agglomération autour des trois chefs-lieux d’arrondissement, 19 communautés de communes, et probablement à terme en plusieurs pays faisant actuellement l’objet de contrats territoriaux: pays Roannais, pays du Forez, Monts du Lyonnais et l’ensemble Saint-Étienne-Métropole. Trois schémas d’organisation territoriale sont en cours, un très étendu dit Sud Loire, un pour Roanne et ses environs, un pour le «bassin de vie du Sorlin» tout au nord.

La majorité des élus du Conseil général est de droite; le président est Pascal Clément, UMP, député et ancien ministre. Deux députés sont socialistes, quatre UMP, un Nouveau Centre; deux sénateurs sont UMP, un socialiste, un communiste. La Loire avait 728 500 hab. en 1999 et les estimations pour 2006 sont de 733 000 hab. Sa population a crû durant tout le 19e s., a marqué deux pointes en 1901 (647 600 hab.) puis 1931 (664 800 hab., puis a connu un fléchissement; elle était de 654 500 hab. en 1954 et a augmenté jusqu’en 1975 (742 400 hab.), s’est stabilisée tout en marquant un sommet à 746 300 hab. en 1990 et a perdu 18 000 hab. dans les années 1990 si l’on en croit les recensements.

On peut lire dans ces nombres les pulsations de l’emploi dans un département très marqué par l’industrie ancienne. La Loire fut en effet l’un des grands foyers de l’industrie française, dans les charbonnages, la métallurgie lourde et le textile, tous domaines en expansion au 19e s. et qui ont subi de fortes réductions d’emplois depuis le milieu du 20e siècle. Le sillon du Jarez, de Saint-Étienne et le Rhône, fut un haut lieu des trois domaines industriels, longtemps célèbre pour des productions aussi spécialisées que les rubans ou les chapeaux, comme pour les armes et les cycles, dont le fleuron était la fameuse Manu, la Manufacture de Saint-Étienne. Saint-Chamond fut connue pour ses blindés, et les aciéries locales furent à l’origine du groupe Creusot-Loire. Roanne fut et reste un foyer du textile, complété par l’arsenal et le pneu.

Roanne et le bassin de Saint-Étienne devinrent très tôt des foyers de luttes sociales et comptent dans la mémoire des mouvements ouvriers. Cette culture industrielle fut associée au développement de bases de mutualité, de formes urbaines nouvelles comme les cités-jardins, voire au succès de l’entreprise de distribution à succursales multiples que fut Casino, née à Saint-Étienne et qui y maintient son siège: avec la Bourse du travail de Saint-Étienne, les noms de Michel Rondet, d’Eugène Claudius-Petit et de Geoffroy Guichard symbolisent, chacun à sa façon, ces facettes originales du département.

C’est dire aussi que le département a dû se livrer à de difficiles reconversions depuis les années 1960. Il reste très urbanisé, et assez densément peuplé (153 hab./km2). Il est le 4e de la région pour son produit brut (environ 14 milliards d’euros), mais se situe avant-dernier, suivi par l’Ardèche, pour le produit par habitant comme par emploi, ce qui implique un niveau de salaires relativement faible, et un taux de chômage supérieur à la moyenne régionale. La proportion d’ouvriers reste élevée (plus de 30%), celle des cadres et professions libérales est plus faible que dans la moyenne régionale.

Pourtant, des industries nouvelles sont apparues, soutenues par des centres de recherche universitaires et privés et des organismes professionnels comme l’IFTH (Institut français du textile-habillement). Elles s’appuient sur quelques pôles d’excellence: technologies médicales, mécanique (Mecaloire), optique et vision, textile-habillement, voire un Centre international de ressources et d’innovation pour le développement (Ciridd) logé à Saint-Étienne rue des Aciéries; curieusement, Saint-Étienne est aussi le siège d’un pôle de compétitivité d’industries des sports et loisirs (Spoaltec), lui aussi rue des Aciéries, mais dont les principales industries sont en pays savoyard. Les industries du département sont associées à six pôles de compétitivité: Techtera, Chimie et environnement, Minalogic, Viandes et produits carnés, Lyon Urban Bus, Trucks 2015, Viaméca.

L’industrie occupe encore dans la Loire 57 000 salariés, dont 23 900 dans la métallurgie et la mécanique, 8 500 dans le textile et l’habillement. Suivent les filières agro-alimentaire (7 500 sal.), bois-papier-imprimerie (6 300), chimie et matériaux (6 100), électricité et électronique (3 900); l’industrie assure plus de 25% des emplois. Les services aux entreprises fournissent 26 200 emplois, le transport et la logistique plus de 9 000. Le reste du secteur tertiaire est donc légèrement inférieur à la moyenne régionale, même si la présence du groupe Casino et la présence de l’université de Saint-Étienne (22 500 étudiants dans le département, BTS et classes préparatoires incluses) lui donnent des éléments d’originalité.

Le tourisme a une place modérée, mais comptabilise cependant 900 000 nuitées par an et s’appuie sur des stations thermales et de petites stations de neige. L’agriculture pèse peu, avec un produit annuel de l’ordre de 400 millions d’euros, et environ 8 500 personnes actives, mais la Loire a cependant le premier cheptel bovin de la région et le 5e en France (641 000 têtes); de ce fait, la production animale entre pour les deux tiers dans ce produit: 113 M pour la viande bovine, 96 pour les produits laitiers, 63 pour les plantes fourragères et 18 pour les œufs et volailles; viennent ensuite les céréales (19 M$) et les fruits (16 M). La surface agricole utilisée est de 246 000 ha, soit à peine plus de la moitié de la surface du département, et le taux de boisement se monte à près de 30% (135 000 ha).

L’organisation du territoire départemental est très liée à deux axes majeurs. Le plus puissant est le plus court: c’est le sillon qui va de la Loire au Rhône, par Saint-Étienne, Saint-Chamond et Rive-de-Gier, approximativement le Jarez. Cette ouverture SO-NE dans le massif ancien correspond à une ligne de fracture qui s’est avérée riche en houille, et qui offrait un passage direct du Lyonnais vers le Velay. C’est là que sont les puissantes concentrations industrielles et tertiaires, et les principaux trafics; l’étroitesse du relief n’a pas empêché que cet axe ait reçu la première vraie ligne de chemin de fer française - la précédente partait aussi de Saint-Étienne mais vers la Loire et était alors à traction animale - et une autoroute très fréquentée. Il se prolonge à l’ouest, via la petite vallée de l’Ondaine, en direction du Velay dont les activités, surtout en Yssingelais, sont très liées à celle du bassin stéphanois et du Lyonnais en général.

L’autre axe est presque perpendiculaire: c’est celui du fleuve Loire, qui relie directement Saint-Étienne à Roanne et à Paris. Il est plus long, il relie plus ou moins les trois chefs-lieux d’arrondissement, mais en fait il est irrégulier et même discontinu. D’abord, la Loire a un cours accidenté: elle entre en gorge dans le département au sud, où elle s’orne du lac de barrage de Grangent; elle passe à nouveau en gorge entre les bassins du Forez et de Roanne, obligeant les routes à s’écarter; elle fut naviguée, et c’est d’ailleurs pourquoi avait été posée la voie ferrée à chevaux de Saint-Étienne à Andrézieux, mais modérément, et il y a déjà longtemps. Ensuite, les grandes circulations interrégionales prennent le biais: la vénérable nationale 7 passe bien par Roanne, mais en allant de Moulins à Lyon par Tarare, et ne suit la Loire que sur quelques kilomètres; l’autoroute A 72 suit à peu près l’axe ligérien de Saint-Étienne à Balbigny, mais ensuite elle file vers l’ouest à travers les monts du Forez vers Thiers et Clermont-Ferrand. Ne reste, sur la rive droite, que la N 82 et la voie ferrée entre Roanne et le Jarez, tandis qu’une autre route longe le pied du Forez par Montbrison, à l’écart du fleuve. Les routes transversales sont d’intérêt local.

Pourtant, l’opposition entre le fossé de la Loire et son encadrement montagneux reste le trait majeur des paysages ligériens. D’un côté les monts du Forez, prolongés au nord par ceux de la Madeleine, font barrière du côté de l’Auvergne, sur environ 90 km; s’ils ne dépassent guère 1 600 m, c’est assez pour procurer aux plaines un relatif climat d’abri, et pour être couronnés par le paysage nu et original des Hautes Chaumes, où s’offrent quelques possibilités de sports d’hiver. De l’autre côté, les monts du Beaujolais et du Lyonnais sont un obstacle plus relatif: ils n’ont jamais empêché l’étroitesse des liens et l’intensité des circulations avec la métropole lyonnaise, qui y a diffusé de multiples formes de travail à domicile et continue à y essaimer des activités. Mais les bourgs, comme Charlieu au nord ou Chazelles au sud, laquelle se dit d’ailleurs «sur Lyon», y sont de bien petite taille.

Au milieu, le fossé se divise en deux bassins bien délimités, qui sont les foyers d’agriculture et de peuplement, riches aussi en vieilles pierres de leur passé de relative prospérité marchande, et même d’eaux thermales (Saint-Galmier, Montrond-les-Bains). Le plus étendu et le plus connu dans l’histoire est celui de la plaine du Forez; au nord, la plaine de Roanne n’est qu’en partie dans le département car elle s’ouvre assez largement vers l’Allier et la Saône-et-Loire. Entre les deux, le petit plateau de Neulise, tranché par les gorges de la Loire, correspond à un pont de terrains cristallins qui s’interpose entre les deux bassins. Aussi Roanne, très ouverte vers le nord et directement reliée à Lyon par la N 7, n’a-t-elle avec la préfecture que des relations un peu distantes.

Reste tout au sud un petit massif à part, qui regarde à la fois vers le sillon du Jarez et vers le Rhône où il se frange de vignobles: le massif du Pilat, qui ferme au sud l’horizon des Stéphanois et leur procure d’agréables paysages verdoyants, valorisés par la création d’un parc naturel régional. Bourg-Argental, proche d’Annonay, y tourne un peu le dos à Saint-Étienne.