région et département de l’outre-mer français dans les Antilles. L’origine du nom est mal connue; elle est parfois rattachée à Madininia, qui aurait désigné «l’île aux fleurs» en caraïbe; d’autres disent qu’en 1502 Christophe Colomb l’aurait vue et nommée un jour de Saint-Martin… La Martinique est une île de 1 128 km2, et ainsi la plus petite des régions françaises; mais non le plus petit département, puisqu’elle est presque deux fois plus étendue que le Territoire de Belfort et dix fois plus que Paris. La population est très dense: 351 hab./km2 alors qu’un tiers seulement de la surface est utilisé: ce taux est le plus élevé pour un département français hors de l’agglomération parisienne, juste avant la région du Nord-Pas-de-Calais. La croissance est nette: 396 400 hab. contre 381 000 en 1999, 360 000 en 1990 et 329 000 en 1982, pour la population municipale. La population totale officielle est de 402 500 en 2009, ce quii porte la densité à 357. La progression est de l’ordre de 1 500 à 2 000 personnes par an, avec un excédent naturel entre 6 et 7 (taux de natalité un peu inférieur à 14, de mortalité un peu au-delà de 7), soit environ 2 500. Le déficit migratoire semble avoir été d’environ un millier d’habitants par an dans les années 1990 mais se serait réduit; on comptait en 1990 dans l’Hexagone environ 100 000 natifs de Martinique. Toutefois le mouvement se ralentit de partout: le taux de croissance est devenu à peu près identique à celui de la métropole, 0,5% par an. L’Insee a estimé la population à 393 000 hab. en janvier 2004; la CIA attribue à la région 433 000 hab. en 2005, ce qui paraît exagéré. Le statut de département a été fixé en 1946, avec un seul arrondissement; le statut de région l’a été en 1982. Les institutions sont celles des départements et régions de France: le projet de nouveau statut a été repoussé le 7 décembre 2003, moins nettement qu’en Guadeloupe ou en Réunion mais néanmoins par un peu plus de 50% des électeurs. La préfecture régionale et départementale est Fort-de-France. Le département est à présent divisé en 4 arrondissements, les 3 sous-préfectures étant La Trinité, Le Marin et Saint-Pierre. Il comporte 34 communes et 45 cantons: 24 communes sont identiques à leur canton, 4 communes seulement ne sont pas chefs-lieux de canton, tandis que 6 communes sont divisées en deux ou plusieurs cantons (10 à Fort-de-France). Le président du Conseil régional est Serge Letchimy, du Parti Progressiste Martiniquais (PPM), géographe et urbaniste, ancien maire de Fort-de-France où il avait sucécdé à Aimé Césaire, et député. Le conseil régional comprend 26 élus de la coalition Ensemble pour une Martinique Nouvelle (PPM, Fédération socialiste, MPF, divers gauche); l’opposition est divisée en un groupe des Patriotes martiniquais de tendance autonomiste, qui était majoritaire avant 2010, et trois élus de droite. La présidente du Conseil général est Josette Manin, élue du canton Le Lamentin-3-Est, ancienne communiste devenue membre du BPM (Bâtir le Pays Martinique) qui fait partie de la coalition Ensemble pour une Martinique Nouvelle. Celle-ci forme la majorité du Conseil avec 22 élus dont 12 du PPM; l’opposition est divisée entre une Gauche automiste de 20 élus dirigée par Claude Lise, précédent président, médecin de Fort-de-France et sénateur (apparenté socialiste), et une droite réduite à 3 élus. Le scrutin uninominal est moins favorable à la parité que le scrutin de liste régional: le conseil général ne compte que 6 femmes; mais c’est la première fois qu’une femme le préside. La Martinique élit quatre députés, actuellement un socialiste et un apparenté (le président Letchimy), l’ancien président Marie-Jeanne (MIM, inscrit au groupe de la Gauche démocratique et républicaine, et un UMP. Les deux sénateurs, Serge Larcher (PPM) et Maurice Antiste (MPF), sont apparentés socialistes. Tous les parlementaires sont des hommes. La Martinique est située par 14°40’N et 61°00’O, entre océan Atlantique et mer des Antilles (ou Caraïbe) sur l’arc externe des Antilles; elle a pour voisins la Dominique (71 000 hab.) au nord et Sainte-Lucie (165 000 hab.) au sud, tous deux États indépendants mais membres du Commonwealth britannique. L’île a été peuplée par des Arawaks il y a environ 7 000 ans; ils ont été pourchassés et expulsés par des Caraïbes à partir des environs de l’an 1000. Le premier groupe de Français, une centaine, y a débarqué en 1635 à la faveur de la création de Compagnie des Isles d’Amérique par Richelieu; après plusieurs conflits et insurrections, ils ont fini par éliminer ou chasser les Caraïbes en 1658. Les colons se sont rapidement orientés vers la production de denrées tropicales et ont importé sur leurs plantations les premiers esclaves noirs dès 1642; un Code Noir régissant l’île a été promulgué en 1685 à l’instigation de Colbert. Après la suppression de l’esclavage en 1848, les planteurs firent venir plus de 25 000 Indiens, surtout dans le nord, pour continuer à se pourvoir en main-d’œuvre bon marché. La Martinique a connu plusieurs assauts et occupations par les forces britanniques, notamment à l’époque napoléonienne, plusieurs révoltes d’esclaves avant 1848, et une première grève d’ouvriers agricoles en 1900. La vie politique est restée tendue, les mouvements anticoloniaux sont suivis et organisés. Aimé Césaire, grande figure de l’île, a contribué à les structurer, en fondant en 1958 le Parti progressiste martiniquais après avoir rompu avec le Parti communiste français; la Martinique a produit quelques autres grandes figures intellectuelles, dont les plus connues sont Frantz Fanon, Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau. L’île de la Martinique mesure 65 km du NNO au SSE, 22 km de large si l’on exclut la presqu’île de la Caravelle qui se détache à l’est. Comme ses voisines, elle oppose une côte «au vent», à l’est au bord de l’Atlantique, exposée au souffle des alizés, et une côte «sous le vent», abritée, sur la mer des Antilles à l’ouest, où se sont installées les capitales. Il y en eut deux: les premiers colons avaient promu le site de Saint-Pierre, longtemps la capitale économique et culturelle de l’île, mais anéantie en 1902 par l’éruption de la Montagne Pelée; les militaires lui avaient préféré le site de Fort-de-France, devenue capitale administrative et stratégique dès 1692 sous le nom de Fort-Royal, et seule métropole complète après 1902. Le contraste des deux côtes est accentué par le relief, qui culmine à 1 397 m. L’île, comme ses voisines, est d’origine volcanique. Elle est située sur l’arc externe de la plaque caraïbe, et le volcanisme y est récent. Seules les deux excroissances de la presqu’île de la Caravelle à l’est et de Sainte-Anne au sud-est sont un peu plus anciennes (oligocène, entre 30 et 20 millions d’années) et ont conservé des dépôts coralliens anciens formant des bancs calcaires. Le reste est d’âge miocène au sud, du Vauclin et du François aux Trois-Îlets (10 à 20 millions d’années), et de plus en plus récent vers le nord-ouest (moins de 10 millions à aujourd’hui), c’est-à-dire vers la Montagne Pelée, toujours active. Enfin, la dépression du Lamentin et de Rivière-Salée, au fond de la grande baie de Fort-de-France, a été remblayée par des alluvions récentes prolongées par une mangrove. Ces reliefs portent une végétation tropicale abondante et diversifiée, mais très modifiée par des siècles de fréquentation et de plantations. Sa composition est moins sensible aux altitudes, généralement modérées, qu’aux différences de pluviosité liées à l’exposition aux alizés: le nord-est est très arrosé, le sud-ouest beaucoup moins. De ce fait, les grands espaces de plantations actuelles sont principalement sur les basses pentes du nord-est, surtout s’il s’agit de bananiers. L’île a connu plusieurs cycles de cultures dominantes selon la demande métropolitaine, passant par le tabac et le café, la canne à sucre, plus récemment la banane et l’ananas. La production agricole reste une base de l’activité, organisée par des domaines de taille moyenne ou grande (les habitations). L’industrie n’a jamais dépassé le stade de la première transformation de produits agricoles, surtout à partir de la canne à sucre. Bien que les bananeraies dominent, la culture de la canne reste active, la Martinique conservant une sucrerie et une dizaine de distilleries de rhum. Les autres productions ne portent guère que sur la construction et la menuiserie, plus quelques biens de consommation: eau de table, une laiterie, quelques petits ateliers de confection. La pêche n’a qu’une dimension locale et ne suffit même pas aux besoins de l’île. Tout le reste relève des services divers, où garages d’automobiles, sociétés de crédit, d’assurance et de gardiennage prennent la plus grande part, avec l’accueil touristique. La surface agricole utilisée n’est que de 33 000 ha (27% de la surface), dont 9 300 pour les bananeraies. Le produit brut est évalué à 6 milliards d’euros, soit environ 15 000 € par habitant; les recettes apportées par les 700 000 «touristes» sont évaluées entre 250 M€ et 400 M€, soit 4 à 7% du produit. Le taux de chômage est de l’ordre de 22% et la population est jeune (30% de moins de 20 ans), même si son âge moyen s’élève peu à peu; l’émigration vers la métropole a provoqué un déséquilibre des sexes: les femmes sont 20 000 de plus que les hommes (10%). La forêt, avec 47 500 ha, occupe 71% des espaces dits naturels (ni cultivés ni bâtis); 13 500 ha sont domaniaux ou soumis, le reste privé. La mangrove s’étend sur 1 840 ha. Seules 6 communes sur 34, au centre de l’île, sont dépourvues de rivage. L’île est doublement dissymétrique: à l’opposition climatique des deux côtes s’ajoute une opposition nord-sud, le nord étant plus élevé, plus accidenté, plus arrosé, relativement peu fréquenté et tendant à se dépeupler, tandis que le sud, plus ensoleillé et plus accessible, concentre les installations et les fréquentations touristiques, ainsi que les croissances démographiques. La division en quatre arrondissements, assez récente, permet une assez bonne approche des différences majeures. L’agglomération de Fort-de-France concentre à elle seule 43% de la population de l’île, et assure plus de la moitié de ses salaires. Le Sud tire le plus grand parti du tourisme et sa population croît nettement, mais son agriculture est marginale. La côte orientale réunit le plus grand nombre de plantations, qui ont conservé vers le nord des descendants d’Indiens d’Asie, et elle est appréciée par les visiteurs en raison de la diversité de ses sites, ce qui lui assure une autre forme de tourisme, plus ténu; sur les pentes en arrière des plantations, subsistent des terroirs de hameaux et microfonds agricoles, qui forment comme une longue «diagonale des mornes» du Vauclin à Ajoupa-Bouillon, à peu près sur la crête d’interfluve Atlantique-Caraïbe. Le Nord, surtout côté caraïbe, est certes visité, mais moins accessible et bien moins cultivé; ses activités sont plutôt morcelées, sa population est en déclin. Les liaisons les plus intenses se limitent aux deux axes qui relient la capitale au Robert et à La Trinité vers l’est et qui est d’ailleurs la N 1, à Rivière-Salée et au Marin vers le sud (N 5). Les autres traversées sont certes pittoresques, mais très laborieuses, y compris la route littorale de Fort-de-France à Saint-Pierre; à l’extrémité nord-ouest de l’île, il n’y a même plus de route le long du rivage. Les sentiers (traces) s’ouvrent aux randonneurs, qui ne sont pas en foule. |