Nouméa

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NOUMÉA

capitale de la Nouvelle-Calédonie et commune de la province du Sud, au SO de la Grande-Terre sur la côte sous le vent, par 22°15’S et 166°25’E. Le territoire est étendu sur 4 570 ha. La ville occupe une grande presqu’île d’axe N-S, elle-même très découpée en baies, caps, presqu’îles et îles, entre les deux grandes baies de Dumbéa et de Boulari. Un premier établissement colonial s’était porté sur l’île de Nou en 1851, à l’initiative du britannique James Paddon. Puis Montravel choisit en 1854 la presqu’île comme tête de pont de la possession française, convainquit Paddon de se transférer à Païta, fit édifier le fort Constantine et nomma cette base Port-de-France. Elle devint une commune en 1859 et reçut le nom de Nouméa en 1866, qui signifiait «lever du soleil» dans la langue locale.

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Le centre originel est sur la côte ouest face à l’île Nou, au fond de la baie de la Moselle, et il fut dessiné sur un plan quadrillé d’axe nord-sud, qui fixe encore la trame du centre-ville actuel, celui des banques, des affaires et des magasins. En 1890, Robert-Louis Stevenson la décrivait encore comme «bâtie à partir de caisses de vermouth»… Plus tard l’habitat et les activités se diffusèrent vers le sud de la presqu’île, l’est et le nord, et l’île Nou fut rattachée par une jetée. Le Quartier Latin s’est développé comme extension immédiate du centre vers le sud, et il accueille à présent plusieurs institutions publiques, dont l’Assemblée provinciale, le Congrès et le Gouvernement, ainsi que le musée Néo-Calédonien. La partie méridionale, qui se termine par l’anse Vata et le promontoire du parc provincial du Ouen Toro (pointe Magnin), créé en 1989 sur 44 ha et qui monte à 132 m, est la plus résidentielle et touristique: on y trouve casino, aquarium, piscine et Aquarêve, hippodrome et «motor pool», ainsi que les immeubles de l’Institut de recherche sur le développement (IRD ex-ORSTOM) et du secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS); mais le Club Méditerranée a été fermé.

En face, la minuscule île aux Canards est très fréquentée, notamment pour l’initiation à la plongée sous-marine. Vers l’est, l’île Sainte-Marie ferme la baie de même nom; elle est prolongée par l’île Uéré. Vers l’ouest, les abords des deux profondes baies des Citrons et de l’Orphelinat, séparées par la pointe Chaleix maintenant reliée à l’ancien îlot Brun, sont très recherchés; la première, au sud, est le centre de la vie festive et nocturne, la seconde, plus proche du centre-ville, abrite le port de plaisance et un centre commercial. C’est à la pointe Chaleix que Higginson et Hanckar avaient établi leur première usine de traitement de nickel, où elle a fonctionné jusqu’en 1885.

Du centre-ville de Nouméa vers l’est, la ville a complètement occupé la Vallée des Colons et le faubourg Blanchot, et atteint la baie de Magenta, au bord duquel sont apparus une petite station balnéaire, le stade olympique et l’aérodrome Magenta, qui sert aux liaisons intraterritoriales d’Air Calédonie. L’aéroport a enregistré 346 000 passagers en 2008, tous en vol intérieur, plus 1 100 t de fret, et assuré 9 000 mouvements d’avions commerciaux, auxquels s’ajoutent quelque 30 000 mouvements non commerciaux (aviation privée d’affaires, sports et loisirs).

À l’ouest du centre, la longue île Nou est rattachée à la péninsule par une jetée routière et une zone d’activités. Des restes du pénitencier se voient sur l’île Nou, à Nouville, où ont été aménagés un asile psychiatrique, et une prison d’une capacité théorique de 220 places. Au bout de la presqu’île, le mont Téréka (127 m) et la plage de l’anse Kuendu sont des sites appréciés; une réserve marine de 39 ha protège les abords de la pointe Kuendu, qui porte un hôtel.

Au nord du centre-ville vers Dumbéa, le parc forestier Michel Corbasson s’étend sur 34 ha et monte à 167 m au Montravel. Des quartiers plus populaires se sont fixés à son pied, dans la Vallée du Tir, ainsi qu’aux 4e, 5e, 6e et 7e kilomètres, points de repère dont les noms ont été conservés. Le quartier de Rivière-Salée est plus étoffé; il a pris le nom du bras de mer qui le sépare de l’ancienne île Ducos. Celle-ci s’étire vers l’ouest sur 7 km et fut jadis un lieu de relégation; elle mêle à présent habitat populaire, entrepôts et petites industries. Elle est prolongée, au-delà d’un isthme étroit, par le petit massif de Koumourou (138 m) qui se termine à la pointe Destelle, puis par l’île Freycinet. L’îlot Tindu et l’île aux Chèvres sont plus au nord-ouest, dans la baie de Koutio Kouéta qui sert de limite entre Nouméa et Dumbéa.

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L’usine de Doniambo dans la ville de Nouméa
L’usine de Doniambo dans la ville de Nouméa

Entre les anciennes îles Ducos et Nou, la Grande Rade abrite depuis 1909 les installations de la SLN, l’usine métallurgique dite de Doniambo, édifiée sur des terre-pleins gagnés sur la mer, au pied du Montravel; elle occupe 1 350 salariés et consomme près des trois quarts de l’électricité du Territoire; sa propre centrale thermique, de 160 MW, en fournit 62% (près de 1 000 GWh sur 1 600); une centrale à turbine de 25 MW proche, à Ducos, intervient en période de pointe et en secours. Côté nord, l’anse Uaré sépare les terrains de la SNL de la vaste péninsule formée par l’ancienne île Ducos.

La partie nord-orientale de la commune, enfin, comprend les deux pointes de Tina et de Lasalle, bordées par la baie de la Conception au nord, la baie de Tina au centre et la baie de Magenta au sud. Elle n’est pas encore entièrement urbanisée, l’extension des faubourgs de Nouméa s’étant faite préférentiellement vers le nord le long de la route principale en direction de Dumbéa.

La commune de Nouméa se limite à la grande presqu’île, à ses diverses pointes et à ses prolongements insulaires, et se trouve ainsi être la plus petite de Nouvelle-Calédonie avec ses 4 570 ha, un peu moins que Farino. Mais l’urbanisation s’est étendue dans les communes de Dumbéa au nord-ouest et Le Mont-Dore au nord-est, et atteint même Païta. Nouméa est une ville active et en pleine progression. La commune avait 7 000 habitants à la fin du 19e siècle, soit seulement 14% de la colonie; elle n’en avait encore que 22 200 en 1956 puis, avec l’arrivée des Pieds-Noirs d’Algérie et l’importation de main-d’œuvre wallisienne et asiatique, est passée à 56 100 en 1976, 65 100 en 1989, 76 300 en 1996 et elle atteint 91 400 hab. en 2004 (92 300 avec la population comptée à part). Sur ce total, 55% sont classés comme Européens, 23% Mélanésiens, 9% Wallisiens-Futuniens, 3% Tahitiens, autant d’Indonésiens et autant de Vietnamiens. Le maire de Nouméa est, depuis 1986, Jean Lèques (Rassemblement-UMP), ancien notaire, issu d’une famille d’horlogers-joailliers de Nouméa installée dans les années 1860.

Nouméa accueille huit lycées dont trois catholiques et un protestant, quatre généraux (4 100 élèves) et quatre professionnels (3 100 élèves); dix collèges dont sept publics, deux lycées catholiques, un protestant (7 100 élèves) et 13 600 élèves du primaire dans une soixantaine d’écoles. L’université inscrit 3 400 étudiants dans quatre unités sur les deux sites de Nouville (droit, économie, sciences) et Magenta (lettres et sciences humaines). Elle délivre quatre licences de sciences plus cinq diplômes (deust) de géosciences, métallurgie, informatique et environnement minier, une première année de médecine, trois licences en droit et économie, cinq en lettres et sciences humaines. Nouméa est le siège d’un vice-rectorat et d’une académie. Elle partage une école doctorale avec l’université de Polynésie et affiche cinq équipes de recherche en études du Pacifique (Cnep), informatique et mathématiques (Erim), droit et économie (Larje), matière et environnement (PPME), vivant et environnement (Live).

Nouméa est dotée d’un centre hospitalier de 500 lits en quatre établissements, dont un à 40 km, au col de la Pirogue, pour la convalescence et la rééducation. Elle abrite aussi le centre hospitalier spécialisé Albert Bousquet (psychiatrie) à Nouville, et deux centres médico-pédagogiques, plus trois maisons de retraite (175 places en tout).

Nouméa offre quatre musées (de Nouvelle-Calédonie, de la ville dans l’ancienne mairie, d’histoire maritime, de géologie), le grand centre culturel Tjibaou et un golf sur la presqu’île de Tina (tout au NE), un parc zoologique et forestier (Michel-Corbasson, créé en 1972) sur la pente orientale du Montravel, un aquarium, une bibliothèque (Bernheim, du nom d’un industriel minier devenu mécène), deux casinos, quatre cinémas et deux théâtres, une école nationale de musique, un quotidien et trois chaînes de télévision.

Le centre culturel Tjibaou, grand équipement issu des accords Matignon, est l’œuvre de Renzo Piano et a été inauguré en 1998. Il compte dix cases de formes étranges et superbes, inspirées des anciennes cases mélanésiennes, dans un parc de 8 ha en bord de baie; médiathèque, nombreuses expositions (www.adck.nc). La place des Cocotiers, ornée de flamboyants et où trône la mairie, est le cœur de la ville et a été réaménagée au début des années 2000. Plusieurs maisons coloniales ont été classées, dont le «château» Hagen dans la Vallée des Colons, propriété de la province et qui abrite des expositions, ou la maison Cellières au faubourg Blanchot. Un nouveau parc de détente et de loisirs est aménagé sur un îlot artificiel dans la baie de Sainte-Marie, une zone d’aménagement concerté à Kaméré dans la presqu’île Ducos.

Toute une série d’îlots dépendent de Nouméa, en particulier sur le Grand Récif; très prisés pour les possibilités de plongée et d’excusions, ils risquent la surfréquentation et, pour cette raison, sont souvent entourés de réserves marines avec interdictions ou restrictions de pêche. Le plus connu est l’îlot Amédée, 18 km au sud (45 minutes en bateau), qui reçoit sur ses 4 hectares quelque 40 000 visiteurs par an qui apprécient ses plages, ses cocotiers et ses filaos, et surtout son fameux phare de 56 m, construit à Paris par l’équipe Eiffel et transporté ici en pièces détachées. L’îlot Amédée forme avec le grand récif Aboré et la passe de Dumbéa une vaste réserve marine de 14 990 ha dont 5 terrestres.

L’île aux Goélands, à mi-chemin, est une réserve de faune de moins d’un hectare, site de ponte de quelque 4 000 couples de sternes de Dougall. L’îlot Maître, encore bien plus proche, est aussi une réserve (608 ha dont 8 terrestres) dont le platier rocheux submergé est très étendu mais dont la partie émergée est entièrement occupée par l’hôtel Nouvelle-Calédonie Coral Palms et ses 69 bungalows, dont 25 sur pilotis à la polynésienne (groupe New Caledonia). L’îlot Larégnière (Nge), à 12 km OSO de l’anse Vata, est boisé et s’orne de quelques paillotes; il est entouré d’une réserve marine de 628 ha dont 1 terrestre. L’îlot Signal (Te Ndu), un peu au nord-ouest, a aussi des paillotes et un joli lagon, un ancien phare; il est compris dans une réserve marine de 246 ha dont 13 terrestres; non loin au sud-ouest, l’épave du Humboldt est le centre d’une réserve sous-marine de 13 ha.

L’île aux Canards et le récif Ricaudy sont entourés d’une réserve marine de 191 ha dont 2 terrestres; l’île a un restaurant, un sentier sous-marin, un centre de plongée et attire quelque 45 000 visiteurs par an. Au loin, le récif barrière est protégé par une réserve spéciale tournante de faune marine étendue sur 75 km et divisée en trois compartiments, du NO au SE les récifs de l’Annibal, Aboré et Kwé. Nouméa et ses environs concentrent la plus grande partie des activités productives et commerciales du pays.

L’agglomération de Nouméa, définie par un contrat de 2000, comprend les communes de Païta, Dumbéa et Le Mont-Dore; avec 146 500 hab. en 2004 (148 300 avec les personnes comptées à part), elle représente 89% de la population de la province du Sud et 64% de la Nouvelle-Calédonie tout entière. La ville elle-même est dotée de 31 supérettes, 20 supermarchés, un hypermarché (Géant à Magenta, groupe Lavoix) en plus du Carrefour de Dumbéa (groupe Pentecost), et va en recevoir un autre (Hyper-U) au bord de l’anse Uaré à Ducos. Elle offre 36 guichets de banque, cinq piscines publiques et plusieurs salles omnisports, 22 hôtels totalisant 1 600 chambres, enregistrant 230 000 clients et 560 000 nuitées par an, dont plus de la moitié dans des hôtels d’au moins trois étoiles; les Néo-Calédoniens eux-mêmes assurent 37% des nuitées, les Japonais 20%, les Français 17%, les Australiens 11% et les Néo-Zélandais 6%. Sur 23 300 «établissements», 7 900 sont dans l’immobilier et les services aux entreprises, 6 200 dans les services publics, 3 000 dans le bâtiment et 2 700 dans le commerce, 1 400 dans l’industrie. La municipalité emploie 930 personnes.

Les principales entreprises de l’agglomération, qui emploient plus de 500 personnes chacune, sont de caractère public ou semi-public: l’OPT (postes et télécommunications); la Société Le Nickel (groupe Eramet) et la Société minière du Sud Pacifique (SMSP), qui est en fait une émanation de la province du Nord; la compagnie aérienne Air Calédonie International (Aircalin) dont plus des deux tiers du capital sont au groupe des Caisses d’Épargne, un quart à la Nouvelle-Calédonie; le producteur et fournisseur d’électricité et d’énergie Enercal, société publique dont la majorité du capital a été transférée de l’État français à la Nouvelle-Calédonie en 2007; la Banque calédonienne d’investissement (BCI), qui associe à égalité le pays et le groupe des Banques Populaires.

Parmi les organismes financiers viennent ensuite la Société Générale calédonienne de banque (groupe de la Société Générale), la Banque de Nouvelle-Calédonie (groupe des Caisses d’Épargne par Océor) et la BNP de Nouvelle-Calédonie. Le bâtiment et les services immobiliers sont représentés par le constructeur Ardimann-Benedetti, les engins de levage et de chantier Montalev (Endel-Suez), le distributeur d’eau, gaz et électricité EEC (groupe Suez), le gardiennage Vigilant, la Calédonienne de Services publics (CSP), la Calédonienne des Eaux, Dumez-GTM et Colas, Cegelec et Socometra (réseaux), la SIC (immobilier), Neto Vite (nettoyage), ainsi qu’une cimenterie (Holcim, 30 sal.), les tuyaux des Établissements de Saint-Quentin (50 sal.) et les agglomérés Soprobat (50 sal.).

La distribution a pour fleurons l’hypermarché Carrefour de Dumbéa et le Géant Casino de Sainte-Marie, plusieurs supermarchés Champion, les entrepôts Le Froid (140 sal.) et Ocef (140 sal.). Les services hôteliers les plus étoffés sont ceux des hôtels Méridien (245 chambres, groupe Star, à la pointe Magnien), Surf (170 chambres, au Rocher à la Voile, au groupe Sofinor ainsi que le Beaurivage de 60 chambres sur la baie des Citrons) et Park Royal (310 chambres, groupe NCHR, sur l’anse Vata), ainsi que du Grand Casino, associé au Méridien et du Casino Royal, au Surf. Dans les transports figurent les services du contrôle aérien (SCTA) et de l’aéroport (Tontouta Air Service), les services maritimes de la Sofrana.

Parmi les principaux employeurs sont encore les entreprises de main-d’œuvre temporaire (Manpower, Atout Plus Intérim, Action Intérim, Adecco, Gady’s), un commerce-réparation de véhicules concessionnaire de nombreuses marques (Almameto, 180 sal., au groupe calédonien Pentecost), les cliniques, la chaîne de télévision RFO, des imprimeries (IRN, 60 sal.; Artypo, 45 sal.; Nouméa Rotative, 45 sal.; sérigraphie Teleprint, 40 sal.). Le secteur productif, largement dominé par l’usine de nickel de Doniambo, comprend les sièges de plusieurs autres sociétés minières: Vale Inco (Goro), Georges Montagnat, Mines du Cap Bocage, Ouatemi.

Restent pour le secteur productif quelques menues fabrications comme les papiers de toilette Vega (45 sal.) ou les plastiques Sofaplast (50 sal.), les chauffe-eau Soconair (20 sal.) à Numbo (presqu’île Ducos), un des rares exportateurs, et surtout l’agro-alimentaire où se distinguent les bureaux de la Spac (productions aquacoles) et la Grande Brasserie (GBNC), 120 sal., au groupe Heineken; ou encore la laiterie Nestlé (yaourts et produits chocolatés, 100 sal.) et la Socalait (60 sal., yaourts et glaces), la biscuiterie-chocolaterie Biscochoc (90 sal.) et la boulangerie Saint-Christophe (SCEB, 50 sal.), la charcuterie La Française à Nouville (SFVSP, 40 sal.), les aliments pour animaux Goodman Fielder (70 sal.), tandis que Novimon (50 sal.) se distingue dans la pêche hauturière.