Polynésie française

ensemble formé par les archipels des Australes, de la Société, des Tuamotu-Gambier et des Marquises, au centre du Pacifique méridional. Ancien protectorat, puis territoire, il a obtenu le statut de pays d’outre-mer en 2004. La Polynésie française s’étend, d’île à île, sur 2 200 km d’ouest en est et autant du nord au sud, ce qui représente une zone économique exclusive de 5 030 000 km2, la taille de l’Europe. Les ensembles voisins sont ceux de l’État de Kiribati au nord-ouest, des îles Cook (sous tutelle de la Nouvelle-Zélande) à l’ouest, de Pitcairn (sous tutelle des États-Unis) au sud-est dans le prolongement des Gambier.

Son chef-lieu, Papeete, est à 17 000 km de Paris, 8 800 de Tokyo, 6 200 de Los Angeles, 5 700 de Sydney et 4 700 de Nouméa. Le temps de vol de Paris à Papeete est d’environ 22 h et exige une escale à Los Angeles. Comme Papeete est située dans les longitudes Ouest, à 149°34’, le retard horaire par rapport à Paris est de 11 heures en hiver et 12 en été; il est de presque une journée (22 h) par rapport à Nouméa, située au-delà de la ligne de changement de date.

La Polynésie est formée de 117 îles, dont 76 sont habitées. La superficie totale des îles est de 3 200 km2, 4 200 km2 avec les lagons. La population est de 259 600 hab. en 2007 (plus 5 000 comptés à part mais avec des doubles comptes). La population de la Polynésie croît assez régulièrement par excédent de naissances. Le taux de natalité est en effet de 1,48% par an, le taux de mortalité de 0,47, la croissance naturelle est donc de 1,22%; avec un petit contingent d’immigration, cela porte le taux de croissance général à 1,48% par an, soit près de 4 000 personnes. Aussi la population est-elle jeune: la médiane est à 28 ans, les moins de 15 ans sont 26% et les plus de 65 ans seulement 6%; or l’état sanitaire de la population est bon et l’espérance de vie relativement longue (76 ans).

Cette population est formée à 65% de Maohi (Polynésiens de souche), 16% de Demis (métis de Maohi), 12% de Popaa (Européens au sens large) et 5% de Tinto (Chinois, au sens large également, Asiatiques ayant obtenu la nationalité française en 1974), dont le dialecte le plus répandu est le hakka. La langue officielle est le français, mais le maohi est partout couramment parlé, avec des formes différentes selon les archipels. Selon le recensement de 2007, parmi les 192 000 personnes de plus de 15 ans, 182 000 déclaraient comprendre, parler, lire et écrire le français, 143 000 une langue polynésienne, dont 26 000 n’avaient aucune connaissance (4 900 ignoraient tout du français); 132 000 déclaraient parler en famille le français, 57 000 le polynésien (sans autre précision), 47 000 le tahitien, 5 100 le marquisien, 2 900 le paumotu, 2 500 l’une des langues des Australes, 420 le mangarévien; 970 le hakka (chinois) et 950 d’autres langues chinoises; chacune des autres langues était représentée par moins de 100 locuteurs.

La Polynésie comprend quatre grands archipels: au nord-ouest les îles de la Société, au nord-est les îles Marquises, entre les deux les Tuamotu prolongées au sud-est par les Gambier, au sud-ouest les îles Australes. L’ensemble comporte 5 subdivisions administratives: Australes; Îles-du-Vent, Îles-Sous-le-Vent qui divisent les îles de la Société; Marquises; Tuamotu-Ouest et Tuamotu-Est-Gambier qui scindent l’archipel des Tuamotu-Gambier. (NB: le u se prononce toujours ou). La Polynésie française est organisée en 48 communes: 13 dans les Îles-du-Vent dont 12 à Tahiti, plus Moorea-Maiao; 7 aux îles-Sous-le-Vent dont trois à Raiatea; 17 aux Tuamotu-Gambier, 5 aux Australes et 6 aux Marquises. La plupart des communes des Tuamotu englobent plusieurs îles; certaines sont très étendues, comme Hao dont les îles extrêmes sont à près de 700 km l’une de l’autre. Trente des 48 communes sont partagées en communes associées, qui sont au total 98, s’ajoutant aux 18 communes non divisées, ce qui fait un total de 116 unités, certaines comprenant plusieurs villages.

Ce territoire est très contrasté. L’île principale, Tahiti, réunit à elle seule 69% des habitants, 75% avec sa voisine immédiate Moorea. L’ensemble des îles de la Société représente 88% du total des habitants et une plus forte part de l’activité, car elles monopolisent plus des neuf dixièmes du tourisme. La constellation des Tuamotou est elle-même dissymétrique, les Tuamotu de l’Ouest étant peuplées, partiellement équipées pour l’accueil touristique, abondamment desservies par mer et par air, et productrices de perles, alors que l’isolement se fait davantage sentir aux Tuamotu orientales et aux Gambier. Enfin, les Australes et les Marquises sont des périphéries qui ont leurs charmes mais qui sont peu fréquentées, même si les croisières de l’Aranui III aux Marquises, le plus prestigieux navire des îles, sont appréciées.

Le gouvernement français est représenté en Polynésie française par un haut-commissaire assisté d’un Haut conseil; l’État exerce en Polynésie française les pouvoirs régaliens de défense, police, justice, trésor, santé et instruction publique, et y a un vice-recteur. Mais la Polynésie française bénéficie d’une large autonomie de gestion. Elle a son hymne, ses propres ordres de décorations et son drapeau, formé de deux bandes horizontales rouges encadrant une bande blanche plus large qui porte les armoiries. Elle conserve son ancienne unité monétaire, le franc Pacifique (FCFP, c’est-à-dire franc change franc Pacifique ou en anglais XPF), mais dont la parité avec l’euro est fixe: 119,3 francs CFP pour un euro, ou un peu moins d’un centime d’euro (0,0083 euros) pour un FCPF.

La Polynésie a un président, élu par l’Assemblée à la majorité simple et révocable par elle, qui forme un gouvernement composé de ministres. Le président est depuis février 2009 Oscar Temaru, né en 1944 à Faaa dont il est le maire depuis 1983, et qui avait déjà été président du Pays quelques mois en 2004, 2005 et 2007, et président de l’Assemblée. Le gouvernement comprend actuellement 15 ministres, dont un vice-président, mais ne compte qu’une femme, en charge des affaires sociales, de l’habitat et de la famille.

L’Assemblée de la Polynésie française (APF), qui siège au palais de Tarahui à Papeete, comporte 57 membres élus au suffrage universel de liste à deux tours, par subdivision: 37 pour les Îles-du-Vent, 8 pour les Îles-Sous-le-Vent, 3 pour chacune des quatre autres subdivisions. Au début de 2009, la majorité (37 membres) y est représentée par 18 élus de l’Union pour le Développement, la Stabilité et la Paix (UPLD), de tendance indépendantiste, groupés autour d’Oscar Temaru, et soutenu par les partis de gauche; 13 élus du Tahoeraa Huiraatira («Rassemblement populaire»), parti de Gaston Flosse, ancien maire de Pirae, qui fut longtemps sénateur, président de l’APF ou de la Polynésie, un temps secrétaire d’État de J. Chirac dont il est proche, et qui a été finalement exclu de l’UMP en 2008; 6 élus de Ia Ora Te Fenua («Vive le pays»), formé de dissidents du To Tatou Ai’a (v. ci-après), attirés par le rapprochement tactique Temaru-Flosse. L’UPLD groupe plusieurs mouvements autour du Tavini Huiraatira («Servir le peuple»), issu en 1986 du Front de Libération de la Polynésie fondé en 1977 par Oscar Temaru, qui avait lui-même repris l’héritage du Rassemblement des populations tahitiennes du «père de la nation» (Metua), Pouvanaa Oopa (1895-1977), grande figure de Polynésie qui fut député puis sénateur.

La minorité comprend les 13 élus restant au To Tatou Ai’a («Notre Patrie»), parti fondé en 2007 et dirigé par Gaston Tong Sang, élu et maire de Bora-Bora, qui eut un temps la majorité en 2008 et a été considéré comme soutenu par le président Sarkozy; et six élus du Te Mana o te Mau Motu («le Pouvoir des Îles»), issu du précédent et qui rassemble surtout des élus des Australes et des Marquises plus ou moins proches de l’UMP; reste une non-inscrite, qui semble être proche de la majorité. Fait remarquable, ce parlement comprend 35 femmes sur 57 membres - dont 3 sur 3 pour les Australes. Il est présidé depuis février 2009 par Édouard Fritch, du parti Tahoeraa, qui l’avait déjà présidé en 2007 et avait été un temps député comme suppléant de G. Flosse, dont il est aussi le gendre.

Il existe en outre un Comité économique, social et culturel qui fournit des avis; il est formé de 51 membres, élus pour quatre ans; son président est élu pour un an, par alternance des trois collèges composant le Conseil (salariés, entrepreneurs et travailleurs indépendants, secteurs socio-culturels). La Polynésie est représentée à Paris et à Bruxelles par un délégué. Elle envoie au parlement français deux députés et un sénateur. Le sénateur est actuellement Richard Tuheiara, socialiste, membre du parti Tavini d’O. Temaru, avocat et conseiller municipal d’Arue. Les députés sont M. Buillard, UMP, maire de Papeete, et B. Sandras, UMP, maire de Papara et dont E. Fritch est le suppléant. Enfin la Polynésie a un représentant au Conseil économique et social à Paris, actuellement Michel Paoletti, qui y préside le groupe de l’Outre-Mer.

L’instabilité chronique de la situation politique de la Polynésie depuis le début des années 2000 tient au déclin du pouvoir de Gaston Flosse, longtemps soutenu par la droite métropolitaine et qui disposait de réseaux ramifiés, la montée des soutiens au dirigeant indépendantiste Oscar Temaru, qui a acquis une forte image, et l’apparition d’une nouvelle droite éloignée de Flosse, animée depuis quelque temps par Gaston Tong Sang, porté au pouvoir pour quelques mois en 2008, mais formée de groupes souvent divergents. Après de longues années d’opposition, Temaru et Flosse ont formé depuis quelque temps un front commun, forcément instable. Les partis eux-mêmes sont en recomposition férquente.

Le produit intérieur brut de la Polynésie est un peu supérieur à 520 milliards de FCPF, soit 4,4 milliards d’euros, donc près de 17 000 euros par habitant, une somme remarquablement élevée pour le Pacifique (dix fois les Samoa, 25 fois les îles Cook): de l’ordre des deux tiers de la moyenne française, un peu moins que la Nouvelle-Calédonie mais au niveau de la Nouvelle-Zélande et un peu au-dessus des départements français d’outre-mer. Mais la richesse est fort inégalement répartie, et ce résultat est très infléchi par la présence des hôtels de luxe: le tourisme international, qui enregistre 200 000 à 250 000 voyageurs selon les années, assure un bon septième du produit total. La Polynésie offre 3 600 chambres d’hôtel (classées) dont le taux de remplissage moyen est d’environ 60%, la durée de séjour moyenne étant de l’ordre de 13 jours. Sur environ 1 300 000 nuitées, les touristes français sont à égalité avec les Nord-Américains (380 000, 29% chacun), suivis par les autres Européens (22%, 285 000, dont 36 000 Allemands), les Japonais (120 000); Australie et Nouvelle-Zélande fournissent 85 000 voyageurs, l’Amérique du Sud 30 000. Sur ce total, les hôtels de quatre et cinq étoiles entrent pour 620 000 nuitées, avec des proportions différentes: 38% d’Américains du Nord, 18% d’autres européens et seulement 15% de Français. Le chiffre d’affaires du tourisme est évalué à 350 M€, dont près d’un tiers au compte des Nord-Américains dont les dépenses quotidiennes, par personne, sont élevées, en deuxième position après celles des Japonais, les Français étant en dernière position.

Comme tous les territoires d’outre-mer, la Polynésie enregistre des échanges extrêmement déficitaires: les productions locales sont loin, pour la plupart, de suffire aux besoins et ne dépassent pas 20% pour les produits alimentaires. Les seuls produits d’exportation viennent des cocotiers, dont le coprah (10 000 t/an) est surtout transformé en monoï; de quelques autres spécialités tropicales dont la principale est le jus de nono; et, mieux encore, des perles de culture, qui ont connu un réel succès dans les Tuamotu. Avec près de 10 000 kg et 100 M€ en tout, soit plus de la moitié du total des exportations, la Polynésie est à présent le deuxième producteur et exportateur de perles du monde, 80% des expéditions étant absorbées par le Japon; environ 7 000 personnes travaillent à cette activité, qui a toutefois un peu décliné depuis le sommet des années 2001-2002. Tout compté, la Polynésie importe pour 1 300 M€ par an et n’exporte que pour 180 M€, ce qui fait un taux de couverture de 14%. Corrélativement, le trafic portuaire est de 1 700 000 t aux entrées et seulement 35 000 t aux sorties.

Le taux d’activité de la population est d’environ 58% et le taux de chômage est bas pour l’Outre-mer, estimé à environ 13%. La Polynésie a quelque 70 000 salariés dans 7 000 établissements, dont près de 80% dans le tertiaire, 6 300 dans le bâtiment, 5 500 dans l’industrie, 2 800 dans l’agriculture et la pêche. Le parc d’automobiles s’enrichit d’environ 5 000 immatriculations nouvelles par an. Sur 40 000 salariés du privé, le commerce vient en tête avec 10 000, suivi par l’hôtellerie (6 500), le bâtiment (6 000), le transport (5 300), l’industrie (4 600), l’immobilier (3 600), les services financiers (1 500) et la santé (1 100).

Le budget de fonctionnement du pays est de l’ordre de 900 M€ (plus de 100 milliards de FCFP) et le budget d’investissement de plus de 300 M€, la dépense totale de l’État français se montant à plus de 1 300 M€ et les transferts s’élevant à un peu plus de 5 000 euros par habitant et par an. Les dépenses d’enseignement sont élevées, en raison du grand nombre d’enfants et de la fragmentation du territoire; 42 000 enfants sont scolarisés dans le premier degré (dont 7 000 dans le privé, les religions chrétiennes ayant une forte position dans les îles), 19 000 dans les collèges (dont 4 500 dans le privé), 14 000 dans les lycées et 2 500 au-delà du baccalauréat, ces nombres étant assez stables depuis 2000.

Les consommations d’électricité sont de l’ordre de 600 MWh par an, dont seulement 24 hors des îles de la Société, et les importations d’hydrocarbures sont d’environ 450 000 t, dont 75% en fioul et gasoil; l’énergie hydraulique n’entre que pour 27% dans la production d’électricité, un tiers pour Tahiti où sont presque toutes les microcentrales hydrauliques; les autres énergies renouvelables n’en sont encore qu’à quelques très petites installations expérimentales; tout le reste vient donc des centrales thermiques et générateurs diesel dispersés dans les îles, où sont aussi de nombreuses installations de dessalement de l’eau de mer: les hôtels de luxe disposent en général de leur propre unité.

L’agriculture dispose de 30 000 ha utiles mais n’en exploite que 23 000, dont plus de la moitié en pâturages, surtout dans les îles du Vent et les Marquises; environ 2 000 ha sont en cultures fruitières, 500 en légumes (concombres, pastèques et tomates en tête), 450 en plantes aromatiques (vanille et café), un millier en cultures vivrières (surtout en taro). Les productions végétales n’excèdent guère 130 M€, dont 33% en fruits (37 000 t), 25% en légumes (14 000 t), 24% en cultures vivrières (15 000 t), suivies de loin par les cultures florales (8%, environ 11 M€), le coprah (6%, pour 10 000 t), le nono (3%, pour 8 200 t), la vanille et le café restant anecdotiques. Les îles élèvent aussi 34 000 cochons, 8 000 bovins (12 000 hl de lait par an), 300 000 volailles et, surtout aux Marquises, 27 000 caprins; les œufs fournissent la moitié de la valeur des produits animaux, les porcins 29%, le lait 7%. La Polynésie importe pour 30 milliards de FCPF de produits agricoles (250 M€) et en exporte pour 16 M€, dont la moitié en jus de nono. La pêche est assurée par 70 palangriers, qui rapportent annuellement 5 300 t, et par 50 bonitiers et 275 petites embarcations (poti marara) qui tirent 3 000 t/an de la pêche côtière; 400 à 500 pêcheurs sont régulièrement à l’œuvre. La grande pêche est le fait d’armements étrangers.

Les liaisons entre les îles sont assurées par mer et par air. Air Tahiti et ses filiales (Air Moorea, Air Archipels, Bora-Bora Navettes) en assurent l’essentiel. La Polynésie dispose de 56 aérodromes, dont 8 privés, un militaire (Moruroa), 43 territoriaux (dont 4 aux Marquises et 4 aux Australes, 3 aux îles de la Société, 32 aux Tuamotu-Gambier) et 4 d’État (Tahiti, Rangiroa, Bora-Bora et Raiatea). La plupart ont des pistes courtes, et Air Tahiti y emploie surtout des ATR, plus quelques Beechcraft ou Twin Otter; le groupe de navigation aérienne a transporté 860 000 passagers en 2007, dont 600 000 en liaisons intra-insulaires.

Outre les trafics intenses et brefs entre Tahiti et Moorea, les liaisons maritimes sont assurées surtout par cargos mixtes. Un seul fait le service des Australes, en une vingtaine de rotations annuelles; deux assurent celui des Marquises, entre 16 et 20 fois par an. Une dizaine d’autres se partagent les atolls des Tuamotu-Gambier. Quatre navires à rotations fréquentes desservent les îles Sous le Vent, un autre relie Maupiti à Raiatea et Bora-Bora. La plupart prennent des passagers, et transportent les fournitures, notamment les carburants, et en retour ne sortent guère que du coprah; certains d’entre eux touchent à cette fin, sur demande, des îles inhabitées mais dont les cocotiers sont exploités.

La France a abandonné depuis 1996 les essais d’armes nucléaires de ce qui était pudiquement baptisé Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP), effectués dans les atolls des Tuamotu orientales à Fangataufa et surtut Moruroa. Elle n’y entretient que des outils d’observation et de mesure des radiations et des séismes; Hao, qui était la base arrière, conserve un hôpital militaire. Toutefois, la présence de l’armée est maintenue à Tahiti avec un régiment d’infanterie de marine, une base navale et une base aérienne.

Nono, rubiacée (Morinda citrifolia), à larges feuilles; son fruit, dit aussi pomme-chien, n’était consommé que par les cochons mais il était réputé avoir des vertus médicinales, le jus macéré faisant partie de la pharmacopée polynésienne traditionnelle, ce qui l’avait fait surnommer «l’aspirine des anciens». Sa vogue actuelle aux États-Unis et au Brésil comme produit «diététique» pour des cures aussi «bio» que coûteuses et aux effets virtuels, tient à l’habile exploitation qu’en a fait la firme Morinda Holdings de Provo (Utah). J. Wadsworth l’a «découvert» en 1994 à Nuku-Hiva aux Marquises, a lancé la firme et sa filiale Tahiti Noni International, a eu soin de changer son nom en noni pour éviter le côté négatif de nono en anglais, et a fait fortune. Le chiffre d’affaires induit par le nono-noni a dépassé 500 M$ en 2005, laissant un bénéfice net de 50 M$ à la filiale bien que, dès 1998, les procureurs de plusieurs États des États-Unis lui aient enjoint de supprimer toute allusion curative de sa publicité… Plusieurs sociétés vendent du jus de «noni» et sa culture s’est développée, surtout à Raiatea et Huahine, la Polynésie exportant annuellement 5 000 à 8 000 tonnes de jus, soit en valeur une bonne moitié des exportations agricoles du pays.

Monoi: huile de massage obtenue en laissant macérer des fleurs de tiaré (cueillies à l’état de bouton) dans de l’huile de coprah tirée du cocotier Cocos nucifera. On écrit souvent monoï pour éviter une prononciation fautive. Le monoï de Tahiti bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée (AOC) depuis 1992, d’un institut à Tahiti et d’un groupement interprofessionnel (GIMT). Il est commercialisé par diverses sociétés, dont Pacific Cosmetics.