Rhône (département du)

département de la région Rhône-Alpes, qui a pour préfecture Lyon, également préfecture régionale, et pour seule sous-préfecture Villefranche-sur-Saône. Sa superficie est de 3 249 km2, ce qui en fait l’un des moins étendus de France. Il est divisé en 54 cantons et 293 communes, qui se regroupent en une communauté urbaine (Lyon), une communauté d’agglomération (Villefranche-sur-Saône) et 21 communautés de communes. Hors du Grand Lyon, il est prévu de créer deux pays, Beaujolais et Ouest Lyonnais, tandis que quelques communes méridionales font partie du territoire nommé Rhône Pluriel. Le département a été agrandi en 1852 aux dépens de celui de l’Isère pour intégrer des banlieues du sud-est de Lyon en plein développement (Bron, Vaulx-en-Velin, Vénissieux et Villeurbanne), et surtout en 1967 où 6 communes de l’Ain et 23 de l’Isère ont été intégrées au Rhône, plus en 1971 une dernière, Colombier-en-Saugnieu, en vue de faciliter des opérations d’aménagement, notamment de l’aéroport international Saint-Exupéry. Un décret de 2000 a modifié les cantons de Lyon et s’est traduit finalement par le passage de 51 à 54 cantons.

Le département ne touche qu’à une seule région voisine, la Bourgogne, par la Saône-et-Loire. Il n’est voisin que de trois départements de sa région, l’Ain, l’Isère et la Loire. La population du département a régulièrement augmenté de 1801 (324 900 hab.) à 1931 (1 090 000 hab.), connu ensuite un recul (1 016 000 en 1954, puis repris une croissance, forte jusqu’en 1975 (1 430 000 hab.) en raison de l’extension du territoire, plus modérée ensuite (1 509 000 en 1990). L’estimation pour 2005 est de 1 667 500 hab., dont les trois quarts résident dans le Grand Lyon. Le Conseil général a une majorité de droite; le président est Michel Mercier, UDF, élu de Thizy, enseignant de droit, également sénateur. Neuf députés sont UMP, quatre socialistes, un communiste; deux sénateurs sont UMP, deux UDF, deux socialistes, un communiste.

Le département est évidemment très marqué par la présence de l’agglomération lyonnaise, qui en fait le premier de la région pour la population, ainsi que pour le produit brut global (environ 50 milliards d’euros), le produit brut par habitant aussi bien que par emploi. Le Rhône se distingue par une forte proportion de cadres et professions dites intermédiaires (42%), une part plutôt faible d’ouvriers (22%) et très faible d’agriculteurs (1%). Les services assurent à eux seuls 63% des emplois, l’industrie 16% (116 000 emplois), les commerces étant dans la moyenne régionale (14%). Les importations (12,4 milliards d’euros) l’emportent sur les exportations (11,9 milliards), avec l’Allemagne pour premier partenaire.

Le département du Rhône présente des paysages distincts, d’autant mieux que la grande ville est très décentrée vers le sud-est du département. Une grande moitié occidentale dessine un arc montagneux, qui culmine tout au nord au mont Saint-Rigaud à 1 009 m. C’est là une fraction de la bordure orientale du Massif Central, qui sépare les bassins du Rhône et de la Loire: au nord les monts du Beaujolais, au centre ceux du Lyonnais, à l’extrême sud le versant oriental du mont Pilat. Quatre voies principales les traversent: de Charolles à Lyon par la vallée de l’Azergues, de Roanne à Lyon par celle de la Turdine, de Montbrison à Lyon par celle de la Brévenne, de Saint-Étienne à Lyon par le sillon du Jarez où coule le Gier. Ces reliefs ont abondamment contribué à l’industrie textile lyonnaise, dont ils conservent des traces; ils offrent à la métropole lyonnaise un cadre de verdure apprécié et la plupart de leurs communes ont désormais une population croissante.

Le versant oriental des monts du Beaujolais forme à lui seul une unité originale, en raison de l’extension de son vignoble, dont Villefranche-sur-Saône est le centre névralgique. Plus au sud, les monts du Lyonnais laissent entre la Saône et le Rhône et les véritables reliefs un ensemble de basses collines, large d’une douzaine de kilomètres et long d’une quarantaine, dénommé Plateau Lyonnais et correspondant à une surface d’érosion en terrain cristallin. Ce plateau, accidenté par les crêts calcaires des Monts d’Or au nord-est, est très urbanisé et abrite de nombreuses banlieues lyonnaises à forte croissance et population à revenus plutôt élevés.

Le reste correspond à l’axe séquano-rhodanien, flanqué à l’est et au sud-est de Lyon par la plaine et les basses collines dites de l’Est lyonnais, partie du Bas-Dauphiné où se sont étalées les alluvions fluvio-glaciaires au quaternaire, et même pendant un moment les glaciers, qui ont laissé des moraines et des collines de cailloutis. C’est là que sont les plus fortes concentrations de population, plus les activités gourmandes en espace, usines, universités, ports et aéroports, et aussi grands parcs et plans d’eau. La grande voie de contournement de Lyon par l’est (A 46) y recoupe toutes les radiales orientales de la capitale, vers Bourg-en-Bresse, Genève, Chambéry et Grenoble. La plus chargée est la dernière, qui a fixé sur son trajet la ville nouvelle de L’Isle-d’Abeau, iséroise mais projection de Lyon. Vers le sud-ouest, à Givors, se branche l’axe industriel du Gier, qui va jusqu’au-delà de Saint-Étienne et constitue un autre élément fort du territoire, mais ne parcourt même pas une dizaine de kilomètres dans le département.

Un quart du territoire départemental est en forêt, 45% sont cultivés (147 000 ha); un peu moins de 7 000 exploitations agricoles fournissent environ 500 millions d’euros par an (2006), dont seulement un quart en productions animales, qui pourtant dominent dans les montagnes: l’essentiel vient du vignoble beaujolais (170 M, mais 250 en 2001), le lait apportant 66 M et les fruits 54 M. On ne saurait oublier que le département s’est fait une solide réputation dans la gastronomie, et compte quelques-unes des plus prestigieuses tables françaises.