région du sud-est de la France, formée autour de Lyon, sa préfecture, de huit départements: Ain, Ardèche, Drôme, Isère, Rhône, Savoie et Haute-Savoie. Elle a 2 879 communes et s’étend sur 43 698 km2 (2e après Midi-Pyrénées) et elle est frontalière de la Suisse et de l’Italie, limitrophe des régions de Franche-Comté, Bourgogne, Auvergne, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Elle avait 5 350 000 habitants au recensement de 1999 (2e après Île-de-France); sa population est estimée à 6 058 000 hab. en janvier 2007, presque un dixième de la France métropolitaine. La croissance (4e rang en France métropolitaine) ne vient que pour un sixième de l’excédent des entrées sur les sorties, cinq fois plus de l’excédent de naissances sur les décès; le solde naturel est l’un des plus forts de France, ce qui a un rapport avec le fort degré d’urbanisation de la région. Le Conseil régional a une majorité de gauche; il est présidé par Jean-Jack Queyranne, socialiste, universitaire, également député, ancien ministre (outre-mer, relations avec le parlement). Première région de province par son poids démographique et économique, la région se remarque aussi par son dynamisme et par la place qu’elle tient dans les activités de haute technologie, tant en matière d’industrie que dans l’enseignement et la recherche. Il est vrai qu’avec Lyon et Grenoble elle associe deux des plus grandes métropoles de pointe en ces domaines. Elles étaient d’ailleurs suffisamment puissantes au moment de la création des régions pour que l’on ait pu s’étonner que Grenoble se voie privée de région: il eût été facile de constituer deux régions de bonne dimension, et d’ailleurs Rhône-Alpes est divisée en deux académies, Lyon se contentant de trois départements (Ain, Loire et Rhône), les cinq autres relevant de Grenoble. Le produit brut régional est de 174 milliards d’euros en 2006, premier de province et également premier par habitant (28 800 euros), mais seulement deuxième par emploi (70 300 euros) après la Provence. Sur ce total, 53% viennent du tertiaire marchand, 20% des services publics, presque 20% de l’industrie, un quinzième de la construction et seulement 1,2% de l’agriculture. La région est également la première de province pour le potentiel de recherche publique et privée, la réussite au baccalauréat, ainsi que pour la proportion de cadres, chefs d’entreprises et professions dites intermédiaires et, corrélativement, le salaire moyen; mais la dernière pour la part de fonctionnaires et de services administrés. Elle se classe aussi parmi les toutes premières régions pour le versement de l’impôt sur la fortune, même rapporté au nombre d’habitants. Au début de 2006, sur 2 456 000 travailleurs dans la région (dont seulement 9% de non salariés), l’industrie en occupait 478 000, soit 19,5%; 58% étaient dans les services, 13,6% dans les commerces, 6,7% dans la construction et 2,4 dans l’agriculture. Dans l’industrie, la région se remarque en France par la place du textile et de l’habillement (23% de la métropole), qui cependant n’emploient que 27 000 salariés; par les composants électriques (17%, 30 000 sal.), la métallurgie (17%, 72 000 sal.) et la mécanique (17%, 69 000); viennent ensuite la chimie-caoutchouc-plastiques (13%, 46 000 sal.), l’équipement des foyers (13%, 27 000 sal.). Moins représentatifs, le secteur de l’automobile emploie 22 000 personnes, les équipements électriques et électroniques 26 000, l’agro-alimentaire 43 000. Une analyse par branches détaillées met en évidence, selon le nombre de salariés en 2005, le matériel électrique (24 800), les équipements mécaniques (13 400), les composants électroniques (12 600), le décolletage (10 900), la filature et le tissage (9 900), la parachimie (9 500), le matériel médical (8 300). Les entreprises de la région participent à 15 pôles de compétitivité dont 8 pilotés dans la région. Rhône-Alpes compte 1 680 000 ha utilisés par l’agriculture, dont 744 000 en herbe (44%) et 315 000 en céréales (22%), 60 000 en vignes (3,5%) et 41 000 en vergers (2,4%). La forêt occupe 1 657 000 ha, presque autant que la surface agricole, soit près de 38% du territoire. Le produit agricole annuel est de l’ordre de 3,3 milliards d’euros, pour 45 000 exploitations; viennent en tête les produits laitiers (555 M), et presque à égalité les vins (375 M; pour 58 000 ha), les fruits (371 M, 33 000 ha), les viandes bovines (365), les céréales (320). Le tourisme représente une consommation de 10 milliards d’euros, pour près de 150 millions de nuitées, ce qui en fait la deuxième région française après la Provence, du moins pour les touristes français; elle est la première pour les séjours en montagne (37% de la France entière). Le volume total des exportations est de l’ordre de 45 milliards d’euros (2e en France), celui des importations de 37 milliards; les spécialités remarquées aux exportations sont le nucléaire (82% de la France entière), les composants électroniques (60%), les machines pour l’industrie (31%), les articles de sports et de jeux, le matériel électrique, les fibres artificielles et synthétiques et les filés et tissés (26 à 20%). La région Rhône-Alpes ne manque ni de contrastes ni de structures fortes. Elle est fondamentalement marquée par le couloir de la Saône et du Rhône (ou séquano-rhodanien) qui, entre le Massif Central d’un côté, le Jura et les Alpes de l’autre, fait communiquer l’Europe du Nord et l’Europe méditerranéenne et où a prospéré Lyon. Là sont les trafics majeurs, les plus fortes concentrations de population et de productions énergétiques, et même les formes d’agriculture spécialisée. À y regarder de plus près, les choses se compliquent un peu. L’opposition entre plaines et montagnes est essentielle, mais elle ne se réduit pas à ce couloir. En effet, celui-ci est élargi par des plaines, collines et plateaux de piémont: la Bresse et la Dombes, le Bas-Dauphiné, la plaine de Valence ou le bassin de Montélimar, voire au sud-ouest le bas plateau des Gras et les petites plaines qui le bordent. À l’inverse, le couloir est rétréci çà et là par des accidents rocheux, le Rhône mordant parfois sur les terrains cristallins du Massif Central, ou les reliefs des Préalpes s’avançant vers l’ouest, ce qui a obligé les routes et les voies ferrées à des adaptations et des écarts. En outre, il existe à l’ouest un second couloir, parallèle mais partiel, le long de la Loire: à l’intérieur du Massif Central, le Forez et la plaine de Roanne introduisent une rupture et un passage fréquenté, même si sa fonction de radiale parisienne peut paraître secondaire. Une sorte de réplique apparaît à l’est au sein des Alpes: le Sillon alpin dans sa définition originelle, d’Ugine ou même Megève au bassin de la Durance par la Combe de Savoie, le Grésivaudan et le Trièves, au-delà duquel il a toutefois du mal à établir des liaisons commodes avec la Durance. Les deux autres grandes agglomérations de la région, celle de Saint-Étienne et celle de Grenoble, sont précisément dans ces couloirs latéraux. Les deux sont reliés à Lyon par plusieurs radiales inégales: trois pour la Loire, par Roanne-Tarare, Montbrison-Montrond, et surtout Saint-Étienne-Saint-Chamond à travers le grand sillon industriel du Jarez; un seul pour le Sillon alpin, par L’Isle-d’Abeau, mais qui se divise ensuite en deux voies vers Chambéry et vers Grenoble. Lyon enfin a sa propre liaison avec Genève, qui néglige la haute vallée du Rhône au profit d’une héroïque traversée du Jura; au départ, elle se confond en partie avec une autre radiale lyonnaise, vers Bourg-en-Bresse, Lons-le-Saunier et Besançon. Deux branches du couloir séquano-rhodanien échappent pourtant à Lyon. La plus septentrionale va de Mâcon à Genève par Bourg-en-Bresse, et canalise même une partie des relations de Paris à Genève en court-circuitant Lyon, et elle se prolonge vers l’ouest en direction de Moulins et de Nevers, donc des pays de la Loire moyenne et inférieure. La plus méridionale va de Valence aux Alpes, aussi bien vers Genève que vers l’Italie. Elle se prolonge en direction du sud-ouest à travers l’Ardèche, mais bien plus discrètement. Or elle se trouve être l’occasion d’une alliance originale et récente qui, accaparant l’idée de Sillon alpin en altérant son sens originel, associe les intérêts de Valence, Grenoble et Genève, et au passage de Chambéry et Annecy. On assiste ainsi à l’affrontement de deux stratégies croisées: Lyon cherche à favoriser ses relations directes avec l’Italie par le Fréjus, serait-ce au prix de nouveaux tunnels et du ferroutage à la mode; Valence, Grenoble et Genève cherchent à structurer un couloir subalpin qui a toutes les apparences d’une machine de contournement de Lyon. Chambéry se trouve à la croisée, et ne peut que gagner à cette concurrence - à cette compétition puisque tel est le terme qui a remplacé l’aménagement des territoires. Intéressant sujet de débats pour le président de la région, J.-J. Queyranne, qui est lyonnais, et ses collègues et camarades André Vallini, qui préside le département de l’Isère et anime le «Sillon Alpin» nouvelle formule, et Louis Besson, champion de Chambéry Métropole. De son côté, Genève est un élément de dynamisme incontestable d’une partie de la région; sa présence a profondément transformé le pays d’Annemasse et le Chablais, ainsi que le pays de Gex; ses liaisons sont fortes dans le sud du Jura, au pied des Alpes par Annecy et Chambéry, celle-ci lui donnant accès au Fréjus, et à l’intérieur du massif par le Faucigny (vallée de l’Arve) et le tunnel du Mont-Blanc. La forte diffusion de l’industrie et du travail féminin dans les Savoies lui doit beaucoup. Il existe évidemment quantité de différences à l’échelon local, que l’étude par département, «pays» ou canton permet de décrire et d’interpréter. Si l’on met à part le cas du vignoble beaujolais, en somme création de grande banlieue lyonnaise, deux phénomènes surtout se classent parmi les principaux facteurs de différenciation. L’un est la distribution des très hautes altitudes, en raison de leur attraction hivernale et estivale sur les alpinistes, les randonneurs et, en masse, les skieurs: l’économie de plusieurs massifs des Alpes du Nord en a été bouleversée (Haute-Savoie, Savoie, Isère). L’autre est l’apparition, vers le sud, d’éléments subméditerranéens dans les reliefs de la Drôme et du sud de l’Ardèche: garrigues et plantes à parfums et épices, espèces sempervirentes, oliviers, vergers, vignes, loisirs de plein air. Le premier est central, le second marginal: plus un appel qu’un trait de caractère. Sur les structures, voir J. Béthemont, Ch. Danière et M. Vanier, «Rhône-Alpes, l’axe et le carrefour», Mappemonde 1997 n°4 (https://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M497/Bethemont.pdf). |