Roche-sur-Yon (La)

(56 990 Yonnais, 8 752 ha) est la préfecture de la Vendée. C’est une «ville nouvelle», mais de 1804. Elle succède à un village du même nom, qui se trouva être, pendant les guerres de Vendée, un point d’appui des forces républicaines. C’est pourquoi Napoléon, soucieux d’établir son autorité en pays vendéen rebelle, décida d’y transférer ostensiblement la préfecture, jusque-là établie à Fontenay-le-Comte, trop excentrée. Duvivier en dessina le plan, très significatif d’une ville d’autorité: un pentagone à rues orthogonales, une immense esplanade pouvant contenir 20 000 soldats, dont partaient six routes pour couvrir le territoire. L’urbanisme se ressent toujours de ce dessin et de l’architecture néoclassique alors en vogue, donnant de l’ampleur aux bâtiments administratifs; mais l’ensemble est agrémenté par un parc et des jardins, comme ceux de la préfecture et des Compagnons; celui-ci jouxte la maison des Métiers. La vallée de l’Yon est à l’est du pentagone, la gare à l’ouest et les quartiers d’habitation se sont étendus de toutes parts.

La ville a un musée municipal d’art et archéologie et un large éventail de services: centre hospitalier (670 lits), clinique (125 lits, 250 emplois), centre médical spécialisé Val d’Yon (75 sal.) et institut médico-éducatif; cinq collèges et cinq lycées publics (deux professionnels), trois collèges et six lycées privés (dont trois professionnels); centre universitaire départemental, avec 5 DEUG, un IUT de 3 départements, IUFM, Conservatoire des arts et métiers, centre d’études juridiques; haras national depuis 1847, école d’agriculture privée les Établières (150 sal.).

Le territoire de la commune a été taillé large, ce qui explique l’absence de vraies communes de banlieue; il s’est encore étendu en 1964 en intégrant les communes de Saint-André-d’Ornay (1 700 hab.) à l’ouest et Le Bourg-sous-la-Roche-sur-Yon (3 800 hab.) à l’est. Tout un grand arc de lotissements et de collectifs au nord de l’agglomération forme une «zone urbaine sensible» (les Pyramides, les Forges). Au NE le territoire communal inclut l’aérodrome, que jouxte la zone industrielle des Ajoncs; de codes LFRI et EDM, l’aérodrome a une piste en dur de 1 550 m, une en herbe de 990 m et une aérogare, un aéroclub; le trafic n’atteint pas 200 passagers dans l’année, mais on compte 27 000 mouvements, dont 20 000 locaux et 7 000 voyages. À l’ouest de l’aérodrome au nord du finage, le grand lac de barrage du Moulin Papon sur l’Yon (108 ha, 4,4 Mm3), créé en 1971, offre une base de loisirs avec école de voile et centre nautique. Au NO, une très longue zone d’activités accompagne la D937 et la voie ferrée sur près de 10 km; elle empiète au nord sur les finages de Mouilleron-le-Captif, Le Poiré et Dompierre. La D160 offre une rocade de contournement NO de la ville, laissant au-delà l’hippodrome des Terres Noires. L’A87 contourne l’agglomération par le sud; à l’est, gros échangeur à péage avec la voie rapide D948 et la D248; étang de Badiole au SE. Au sud, hôpital spécialisé, zone industrielle de Belle-Place, école pour handicapés de la Vergne Babouin au sud (ADAPEI). Au SO de la commune subsistent des bâtiments de l’ancienne abbaye des Fontenelles, avec une fontaine minérale.

La commune avait 850 hab. au début du 19e s., 7 500 en 1851, 13 600 en 1901, 19 600 en 1954; sa croissance a été rapide entre 1962 (24 000 hab.) et 1975 (44 700 sdc), puis s’est presque arrêtée jusqu’en 1990. Elle a augmenté de 4 050 hab. depuis 1999. La ville a profité de sa desserte ferroviaire au croisement des lignes de Bordeaux à Nantes et de Paris aux Sables-d’Olonne, ainsi que de sa prééminence administrative; elle est devenue un centre de services de premier rang, sans véritable concurrent dans un département en expansion. La Coopérative agricole CAVAC a plus de 1 000 salariés, mais dans tout le département. Le secteur des établissements financiers réunit notamment le Crédit Agricole (1 000 sal.), le Crédit Mutuel Océan (390 sal.), les Mutuelles de Vendée (170 sal.), la Caisse d’Épargne (130 sal.), les gestions immobilières Vendée-Logement (65 sal.) et Oryon (55 sal.), la comptabilité Cerfrance (280 sal.), GAN Prévoyance (85 sal.). La Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) déclare 420 sal., l’URSSAF 100.

Or l’industrie n’est pas en reste et compte de grands établissements: la fabrique Atlantic d’appareils de chauffage, usine (650 sal.) et siège (200 sal.) d’un groupe né à La Roche-sur-Yon en 1968, qui emploie au total 5 900 personnes dont 3 400 en France et a intégré les marques Guillot, Thermor, Sauter (pour partie), Ygnis, Ideal etc.; le groupe Cougnaud de Mouilleron-le-Captif (constructions métalliques, 1 300 sal.). Deux autres entreprises ont émergé: la menuiserie Alu-Rideau (380 sal., groupe créé à La Roche en 1975 et orienté vers les vérandas); Sepro Robotique (automates, 350 sal., également créé à La Roche en 1973).

En revanche, l’ancienne fabrique de lave-linge et lave-vaisselle Brandt, passée par l’espagnol Fagor et qui employa plus de 800 personnes, cédée au groupe algérien Cevital, n’a plus que 170 sal., sous le nom S20. S’y ajoutent les pneus Michelin (100 sal.), la téléphonie CTV (80 sal.), les appareils d’orthopédie Equip Santé Biron (60 sal.), les plastiques Variance (90 sal.). Les machines pour agro-alimentaire Vendée Concept (65 sal.), les cycles Arcade (60 sal.); ingénierie GICM (75 sal.). L’agro-alimentaire est surtout représenté par les viandes SIC Normandie (Socopa, 190 sal.).

La Roche-sur-Yon a plusieurs entreprises d’installations électriques comme Mainguy (180 sal.), Bossard (75 sal.), ECCS (75 sal.), et de plomberie-climatisation Eiffage (Robin, 120 sal.); maçonnerie BGCV (60 sal.), travaux publics Colas ( 75 sal.), Vendée Expansion (55 sal.), services des eaux Saur (300 sal.) et Veolia (100 sal.), nettoyages TFN (470 sal.), Onet (230 sal.), Samsic (220 sal.), GSF Auriga (150 sal.), Lesage (70 sal.); assainissement Grandjouan (Veolia, 80 sal.).

Dans les commerces se signalent les négoces agricole Cavac (coopérative, 150 sal.), de fruits et légumes Devaud (90 sal.), de quincaillerie et fournitures industrielles Vama (90 sal.), de distribution d’électricité EDF (80 sal.), de matériel informatique (Buralog, 80 sal.); deux hypermarchés Leclerc (290 et 180 sal.), un Carrefour (120 sal.), un Hyper-U (140 sal.) et un Super-U (90 sal.), les magasins Leroy-Merlin (115 sal.), Mr.Bricolage (90 sal.), Decathlon (60 sal.), Boulanger (70 sal.); restauration collective API (80 sal.), Sodexho (75 sal.), Aridev (50 sal.): maintenance informatique Letmerepair (55 sal.), travail temporaire Synergie (240 sal.), Randstad (130 sal.), Start People (160 sal.), Adecco (90 sal.), Transparence (80 sal.), Morgan (55 sal.). On note aussi les communications Orange (430 sal.), La Poste (970 sal.), Bouygues (140 sal.), SNCF Mobilités (200 sal.); les transports Heppner (60 sal.), le routage Distripresse (110 sal.); club de sports ALF Edenya (85 sal.).

L’Insee attribue à La Roche-sur-Yon une unité urbaine limitée à la commune, alors que de toute évidence plusieurs communes de banlieue en sont inséparables, et une aire urbaine de 118 000 hab. (22 communes). L’arrondissement a 289 700 hab., 81 communes. Les deux nouveaux cantons ont 82 800 hab. pour 8 communes. La ville est le siège d’une communauté d’agglomération (v. Roche-sur-Yon Agglomération), qui réunit 13 communes, 94 000 hab. sur 50 000 ha.

En France aussi le pouvoir débaptise. Les changements de noms de villes ne sont pas l’apanage des États totalitaires: la préfecture de la Vendée en sait quelque chose. L’ancien village se nommait La Roche-sur-Yon. La ville nouvelle qui l’a supplanté en 1804, en vue d’assurer à Paris la maîtrise d’un territoire, rebelle il est vrai, s’est simplement appelée dès l’origine… Napoléon. Elle est devenue Bourbon-Vendée en 1814, ce qui était bien le moins pour une restauration et un hommage à la résistance royaliste; re-Napoléon pendant les Cent Jours, re-Bourbon-Vendée jusqu’en 1848. Curieusement, la Deuxième République a restauré Napoléon; aussi le Second Empire n’a-t-il eu aucun mal à changer son nom en Napoléon-Vendée, dès 1852. Il a fallu attendre 1870 pour que la ville retrouve le nom du village qui l’avait précédée. Durablement, cette fois.

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