183 500 hab. (Stéphanois) dont 3 360 à part, 7 997 ha dont 1 544 de bois, préfecture du département de la Loire. La ville est située au bord du Furan ou Furens, qui descend du Pilat vers la Loire et qui est recouvert dans sa traversée de la ville. Elle fut d’ailleurs jadis Saint-Étienne-de-Furan (ou de-Furens). Elle occupe une situation intéressante entre Pilat, Jarez et Loire et, si sa grande croissance date du 19e siècle et des débuts du 20e, son activité industrielle est ancienne: on extrayait du charbon dès le 13e s. aux environs, et la fabrication d’armes avait succédé aux clouteries dès le 16e s.; une manufacture royale y fut ouverte en 1764. À la fin du 18e s. également, la passementerie (tissage de rubans) a pris son essor à partir de Lyon, mais en obtenant son autonomie. Peu après, l’extraction du charbon passa à des dimensions industrielles, illustrée par la création de l’École des Mines en 1816 et appuyée par la création d’aciéries de qualité, notamment Holtzer à Unieux et Fraisses, attirant aussi des Britanniques, et de l’armement, dont le célèbre représentant fut Le Chasseur français, fondé à la Manufacture en 1885 et qui assurait jadis les veillées des chaumières (actuellement au groupe Mondadori). C’est pourquoi Saint-Étienne fut pionnière dans l’introduction des voies ferrées en France, d’abord en 1827 de Saint-Étienne à Andrézieux pour l’expédition de charbon par la Loire, à traction animale, ensuite avec les premières locomotives à vapeur des frères Seguin sur la ligne de Rive-de-Gier à Lyon, puis Saint-Étienne à Lyon en 1832-1838. Saint-Étienne devint alors une ville très industrielle, puis un foyer de luttes ouvrières, dotée d’une municipalité de Front populaire en 1935. La double crise des charbonnages et du textile la frappa au lendemain de la dernière guerre et appela ensuite de difficiles efforts de rénovation, mais vigoureux et généralement bien menés. L’urbanisme stéphanois est donc massivement du 19e s. et du début du 20e, et a pu produire des formes originales, qui sont soigneusement conservées. La ville a une forme originale: une rue centrale sud-nord parfaitement rectiligne suit le Furan sur 5 km; elle sert toujours d’axe à la ville et conserve, évidemment rénovée, la ligne de tramway qui y circule sans interruption depuis 1881, et qui fut électrifiée en 1907. Sur cet axe sont la place du Peuple, ancien foirail originel, l’hôtel de ville et la préfecture, le musée du Vieux Saint-Étienne. Au sud-ouest, une colline fait apparaître un dessin de rues en ellipses concentriques, un parc et le musée d’art et de l’industrie. Au sud-est, la colline de Villebœuf, plus large et plus accentuée, montant à 664 m, porte le vaste jardin des plantes et la Maison de la culture; un peu plus loin vers le sud-est, les anciens terrains de la Manufacture ont reçu les installations ludiques, culturelles et marchandes de l’Espace Fauriel, avec planétarium, centre de congrès et galeries. Au nord-est du centre-ville, une autre colline, qui porte le cimetière du Crêt du Roc, fut surtout le site des ateliers de passementerie et en montre encore les architectures. Les voies ferrées entourent la grande ellipse centrale à l’ouest, au nord et à l’est; à l’est se situe la gare principale (Châteaucreux), au nord au passage de l’axe majeur la gare Carnot, à l’ouest l’ancien carreau de la mine Couriot, où a été aménagé le Musée de la Mine. Au-delà de l’ellipse côté nord se trouve l’autre emprise de la Manufacture d’armes et de cycles de Saint-Étienne, créée en 1885 par Étienne Mimard, longtemps célèbre dans toute la France par ses armes, ses cycles (L’Hirondelle), son catalogue et sa revue Le Chasseur français ; fermée en 1985, elle accueille des industries de pointe et une Cité du Design, relayées par le Technopole, le parc des Expositions et, dans un autre domaine, par le fameux stade Geoffroy-Guichard. Celui-ci porte le nom d’un autre Stéphanois célèbre, qui créa en 1898 la société à succursales multiples Casino, l’une des rares à s’être maintenues mais en se transformant en puissante société de grande distribution. Le nom vient d’une épicerie qui avait pris la suite d’un «Casino lyrique» fermé en 1858 pour cause d’immoralité… La famille Guichard contribua au financement de l’Association sportive de Saint-Étienne (ASSE), spécialement brillante en football, et plus tard à la création du Musée d’art contemporain, l’un des plus appréciés de France; celui-ci est également au nord de la ville, mais un peu plus loin et, au-delà de l’autoroute A 72, dans la commune de Saint-Priest-en-Jarez - mais sur la grande ligne de tramway. L’A 12 contourne Saint-Étienne par le nord-est, et rejoint à Terrenoire la N 88, transformée en rocade autoroutière au sud de la ville, au pied du mont Pilat. Les quartiers Montchovet au sud-est, Montreynaud au nord-est, Tarentaise-Beaubrun-Séverine à l’ouest sont classés en «zone urbaine sensible». Saint-Étienne est devenue une grande ville aux activités très diversifiées. Elle s’est affirmée dans le domaine de la culture, avec la création de la Comédie de Saint-Étienne par Jean Dasté (1904-1994) dès 1947, l’une des toutes premières scènes hors Paris, puis celle de la Maison de la Culture dès 1968; Palais des spectacles et Esplanade Opéra complètent l’offre, appuyée par des festivals comme la Biennale du Design, qui va pouvoir prochainement s’appuyer sur une Cité du Design (2008) dans l’ancienne Manufacture, avec tour-observatoire, sur un projet de l’architecte berlinois Geipel. L’enseignement supérieur compte une université de 14 000 étudiants, avec cinq facultés et un IUT, l’Institut supérieur des techniques avancées (Istase, 400 élèves), l’Institut supérieur d’économie, d’administration et de gestion (Iseag), auxquels s’ajoutent l’École supérieure des Mines, créée en 1816, l’École nationale d’ingénieurs (Enise, 600 élèves), un Institut régional universitaire polytechnique (Irup), un Institut supérieur des techniques productiques, une école supérieure nationale des beaux-arts, une école supérieure de commerce et une école d’architecture, voire un Centre international de ressources et d’innovation pour le développement durable (CIRIDD). En outre, Saint-Étienne héberge l’EN3S (École nationale supérieure de sécurité sociale), née en 2004 de la transformation du Centre national d’études supérieures de sécurité sociale (Cnesss), qui avait été créé en 1960 et installé dans la ville en 1973. La ville abrite 11 collèges et 7 lycées publics, 7 collèges et 8 lycées privés, un institut rural avec maison familiale rurale, un lycée professionnel agricole, un institut médico-éducatif. Elle a un grand centre hospitalier avec CHU de 500 lits médicaux au total (1 300 en tout), auxquels s’ajoutent les 600 lits de l’hôpital Nord à Saint-Priest-en-Jarez et 570 lits de cliniques privées dont le Centre hospitalier de la Loire (privé, 450 sal.), les polycliniques Beaulieu (290 sal.) et Michelet (140 sal.), la clinique Saint-Victor (65 sal.), maisons de retraite Orpea (60 et 55 sal.). L’éventail industriel et marchand est fort large. À se limiter aux grands établissements, apparaissent dans la distribution les bureaux, services, centrale d’achats et entrepôts du groupe Casino, au total 1 800 personnes; le groupe a en outre un hypermarché Géant (380 sal.), concurrencé par Auchan (400 sal.); magasins Ikea (200 sal.), Fnac (80 sal.), Metro (80 sal.), Intermarché (60 sal.) Brico-Dépôt (60 sal.). Les transports apparaissent avec Rivoire (140 sal., groupe belge Ziegler), Péronnet (110 sal.), Spadis (90 sal.), K Trans (80 sal.), Chazot (70 sal.), Calberson (50 sal.). Dans les services ressortent plusieurs banques comme la Caisse d’Épargne (320 sal.), la Société Générale (280 sal.), la BNP (140 sal.), la Banque Populaire (120 sal.), la Banque de France (70 sal.); gestion immobilière Opac (170 sal.), ingénieries A Sis (110 sal.), DBH (Di Bartomomeo, 60 sal.), Acterna (105 sal.); conseil Apave (75 sal.); agence de voyages Carlson Wagon Lit (120 sal.); club de sports de l’ASSE (90 sal.); publicités Gutenberg On Line (160 sal.), Adrexo (85 sal.); centre d’appels du groupe Carrefour (100 sal.). La direction régionale de France-Télécom déclare 1 250 salariés, EdF 240 et GdF 190, la Sncf 390 sal.; traitement des eaux de la Stéphanoise (150 sal., filiale commune de Suez et Vivendi) et chauffage urbain Elyo (85 sal.) et Dalkia (60 sal.); travail temporaire Mounier David (75 sal.), gardiennages Prosegur (370 sal., groupe espagnol) et HEI (220 sal.), nettoyages Onet (400 sal.), Smni (260 sal.), Gom (GMS, 190 sal.) GSF Orion (160 sal.), Senvs (90 sal.), Samsic (80 sal.), Neq+ (55 sal.), Aptitudes (50 sal.); les principales entreprises de bâtiment sont les maçonneries Chazelle (150 sal.) et Lantermoz (65 sal.), les travaux publics Colas (140 sal.), Forézienne d’Entreprises (100 sal.), TPCF (90 sal.), Eiffage (70 sal.). Dans l’industrie domine la métamécanique avec la SCEMM (machines-outils et automates, 320 sal., groupe PCI); les pièces pour automobiles ZF Lemforder (allemand, 320 sal.), Jtekt Automotive (300 sal., vérins) du groupe japonais Koyo, les automatismes Courbon au groupe Siemens (250 sal.), Axletech (210 sal., ponts et essieux, états-unien), Garlock (joints d’étanchéité, 170 sal., états-unien EnPro), Saint-Étienne Automotive Components (Seac, suspensions, 150 sal.); les outillages à main SAM (150 sal., groupe japonais Somic Ishikawa), les aciers Ascometal (groupe italien Lucchini, 100 sal.), la métallerie Bauzer (100 sal., groupe GMD), les traitements de surfaces Praxair (90 sal.), les équipements de levage David (90 sal.), les armes de chasse Verney-Carron (80 sal.), les ateliers de mécanique Chambon (90 sal.), Tecmat (70 sal.) et Demeca (60 sal.); matériel médical DTF (80 sal.), pièces pour automobiles Mijno (70 sal.), machines-outils Berthiez (50 sal.); négoce de métaux Descours et Cabaud (100 sal.). Du textile subsistent des spécialités: textiles orthopédiques Gibaud (260 sal.), bas et bandages médicaux Thuasne (170 sal.), passementeries Houlès (190 sal.), Jabouley (65 sal.), Neyrat (130 sal.), S. Roche (80 sal.); négoce d’articles de puériculture Allègre (Tigex, 100 sal.). S’ajoutent dans le secteur de l’électricité les appareils d’éclairage SLI (200 sal., états-unien), l’électronique Flextronics (170 sal., singapourien) et Credence (65 sal.), les fibres optiques Acterna Optical (100 sal., états-unien), les fils et câbles Omerin (90 sal.), le matériel d’imagerie médicale Stephanix (70 sal.), les systèmes de sécurité Prosegur (70 sal.); réparation d’électroménager Serca (90 sal.), négoces de matériel électrique Teissier (Sonepar, 120 sal.) et de quincaillerie Molemab (60 sal.). Enfin dans d’autres branches: détersifs Ceetal (140 sal.); produits réfractaires Bony (90 sal.); plastiques Chesapeake (Boxmore, 80 sal.); chocolateries Natra Zahor (Excella, 160 sal., passée de l’israélien Elite à une firme espagnole) et Weiss (75 sal.). La Socpresse intervient pour les bureaux locaux du Progrès de Lyon (200 sal.); imprimeries IGPM (75 sal.), Vasti (70 sal.) et Dumas Titoulet (65 sal.); emballages en carton ondulé Valscius (65 sal.); sièges Confort DS (60 sal.). De très nombreuses entreprises de moindre taille complètent un très large éventail, toujours dans la commune, il est vrai étendue. Son territoire s’est en effet agrandi par annexions successives: en 1855 celles d’Outre-Furan (6 800 hab.) à l’est, de Valbenoîte (6 000 hab.) au sud et de Montaud (5 700 hab.) et Beaubrun (3 900 hab.) à l’ouest, en 1969 celles de Terrenoire (6 300 hab.) à l’est et de Saint-Victor-sur-Loire (850 hab.) à l’ouest, en 1973 celle de Rochetaillée (650 ha.) au sud-est sur les pentes du mont Pilat, qui lui a apporté les sites des gorges du gouffre d’Enfer et de Roche Corbière dans la haute vallée du Furens, et les ruines du château féodal de Rochetaillée. Curieusement, la section de Saint-Victor-sur-Loire forme une enclave, séparée du reste de la commune par les territoires de Roche-la-Molière et Saint-Genest-Lerpt; elle apporte du moins à la ville un bord de Loire, embelli par le lac de barrage de Grangent, avec presqu’île et base nautique, et une réserve de verdure, une roseraie, un château des 13e et 17e transformé en centre culturel, à 12 km à l’ouest du centre-ville, l’ensemble étant considéré comme «petite cité de caractère»; plus une clinique psychiatrique. En dépit de ces annexions, la population de la commune, qui a augmenté durant tout le 19e siècle (18 000 hab. dans les années 1820) jusqu’en 1968 (223 200 hab.) diminue depuis cette date. L’estimation pour 2005 est de 175 700 hab. (sdc) contre 180 200 en 1999. L’extension de l’agglomération a pris désormais d’autres formes, celles de la périurbanisation et de la coopération intercommunale: Saint-Étienne, devenue pour quelques mois Saint-Étienne en 1969 après l’annexion de Saint-Victor comme pour affirmer un voisinage qui lui avait semblé jusque-là trop lointain, mais qui a bien vite renoncé à allonger son nom, anime une communauté d’agglomération Saint-Étienne-Métropole de 384 000 habitants et 43 communes. Hors un épisode communiste de 1977 à 1983, le conseil municipal a depuis très longtemps une majorité de droite. Le maire de Saint-Étienne est Michel Thiollière, radical et UMP, également sénateur, professeur certifié d’anglais. Pour l’Insee, l’unité urbaine aurait 292 000 hab., l’aire urbaine 321 700 (25e en France). L’arrondissement a 415 600 hab., 19 cantons, 74 communes, 104 123 ha. Les 9 cantons totalisent 216 400 hab. (sdc) dans 6 communes, sur 12 057 ha dont 1 759 de bois. Les cinq autres communes sont Saint-Priest-en-Jarez au nord, Villars au NO, Saint-Genest-Lerpt et Roche-la-Molière à l’ouest, Saint-Jean-Bonnefonds à l’est. |