Savoie (département de la)

département de la région Rhône-Alpes, qui a pour préfecture Chambéry et sous-préfectures Albertville et Saint-Jean-de-Maurienne. C’est un département frontalier mais qui ne voisine qu’avec l’Italie; il est limitrophe de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur par sa courte limite commune avec les Hautes-Alpes, et a trois voisins dans la région: Haute-Savoie, Ain et Isère. Il occupe 6 267 km2 et il est divisé en 37 cantons et 305 communes, lesquelles sont associées en 2 communautés d’agglomération (Chambéry-Métropole et Lac du Bourget) et 25 communautés de communes.

Le Conseil général a également divisé le département en sept «territoires», qui pourraient préfigurer des «pays»: Avant-Pays Savoyard (4 cantons, 23 000 hab.), Chambéry (8 cantons, 115 000 hab.), Aix-les-Bains ou Lac du Bourget et ses montagnes (6 cantons, 63 000 hab.), Combe de Savoie-Val Gelon (ou Cœur de Savoie, 4 cantons, 29 000 hab.), Albertville-Ugine (5 cantons, 54 000 hab.), Tarentaise-Vanoise (4 cantons, 48 000 hab.), Maurienne (6 cantons, 43 000 hab.). Le découpage en contrats territoriaux est proche de cette division; un seul schéma de cohérence territoriale (scot) a été étudié, associant les espaces urbanisés de Chambéry et du lac du Bourget.

Le Conseil général a une majorité de droite; il est présidé par Jean-Pierre Vial, UMP, élu du canton des Échelles, également sénateur, juriste. Les trois députés sont UMP; un sénateur est socialiste, un UMP. La Savoie avait 373 300 hab. en 1999 et l’estimation pour 2006 est de 403 500 hab. Le département a été formé en 1860 avec l’annexion de la Savoie par la France. Après un premier maximum à 263 000 hab. en 1884, sa population s’est abaissée jusqu’à 231 000 hab. en 1921; elle n’était encore que de 236 000 hab. en 1946 et a entamé dès lors une vive croissance continue, passant par 305 000 hab. en 1975. Cette croissance se partage à moitié entre l’excédent naturel et l’excédent migratoire.

Le département, qui va de la frontière d’Italie au Rhône, a une forme allongée d’ouest en est, sur 125 km, contre 80 km dans sa plus grande largeur. Il chevauche ainsi toutes unités naturelles des Alpes du Nord, qui y tiennent des places très inégales. L’ensemble des hauts massifs cristallins, à l’est, occupe les deux tiers du territoire. Il s’achève à l’ouest par la dépression que suivent l’Arly et l’Isère, couloir actif et fréquenté qui fait partie du Sillon alpin et où sont Ugine, Albertville et Montmélian. La bande des Préalpes lui succède à l’ouest, au-delà de la puissante corniche des Aravis; elle est divisée en Bauges au nord et partie septentrionale de la Chartreuse au sud, de part et d’autre de la cluse de Chambéry. Enfin, entre les Préalpes et le Rhône, se tient l’étroite bande de l’Avant-pays savoyard, un piémont accidenté par la dépression du lac du Bourget et les axes jurassiens du Gros Foug, du mont du Chat et du chaînon du mont Tournier.

Une partie des flux est conforme à cette division: le Sillon alpin et le pied des Préalpes entre Les Échelles et Albens par Chambéry sont des axes de circulation. C’est loin d’être le cas de la vallée du Rhône. Surtout, les circulations transversales sont essentielles. Le département de la Savoie est en effet fortement structuré par la liaison Lyon-Turin, qui passe par la cluse de Chambéry et la Maurienne, à grand renfort de tunnels autoroutiers et ferroviaires: ceux qui traversent le mont du Chat à l’ouest de Chambéry, et ceux qui vont de Maurienne en Italie (Fréjus); l’amélioration de la voie ferrée pour le ferroutage (Transalpine) en prévoit d’autres.

L’ensemble intramontagnard lui-même est fortement organisé par les deux vallées majeures, dont la direction générale va d’est en ouest: la Tarentaise (haute Isère) et la Maurienne (Arc). Certes, elles ont des formes fort différentes. La Maurienne dessine un grand arc, très fréquenté, très ouvert, dont les annexes touristiques (Villards, Arves, Valloire) sont proches. La Tarentaise est formée de trois tronçons en Z, plus étroits, et l’on n’en sort que par de hauts cols (Petit-Saint-Bernard, Iseran) fermés en hiver; elle a une série d’annexes puissamment équipées pour les sports d’hiver en Vanoise: l’ensemble des Dorons et de leur bassin avec Val Thorens-les Ménuires, Méribel-Les Allues, Courchevel et Pralognan, en aval Valmorel, en amont La Plagne, Les Arcs et Peisey-Nancroix, puis Tignes et Val d’Isère. Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice assurent les services et relais en fond de vallée, comme Saint-Jean-de-Maurienne et Modane pour la Maurienne. Un peu plus au nord, le bassin du Beaufortin, bien plus petit que les précédents et plus isolé, a lui-même un axe est-ouest et sa liaison principale est avec Albertville, mais il dispose de deux autres sorties vers le val d’Arly et vers la haute Tarentaise.

Le département de la Savoie, qui culmine à 3 852 m à la Grande Casse, relève à 88% de la zone officielle de montagne (554 000 ha); il contient 110 000 ha d’alpages (18% de la surface), 174 000 ha de forêts (28%), 193 000 ha d’espace non agricole (31%, additionnant l’urbanisation, les stations de ski, les emprises de la circulation et les lacs, les rochers et les glaciers) et seulement 82 000 ha de surface agricole utilisée hors alpages (13%), dont 64 000 en herbe, 15 000 en labours, 2 100 en vignes et 500 en vergers. Il bénéficie de trois parcs: le parc national de la Vanoise, pionnier du genre, entre Arc et Isère, dans son intégralité; les parcs régionaux des Bauges et de la Chartreuse, qui débordent sur les départements voisins.

Par la population comme par le produit brut (10 milliards d’euros), le département n’est que le 6e des huit départements de la région; mais il est le 2e pour le produit par habitant, le 4e pour le produit par emploi. C’est qu’il est le lieu d’activités productives de bon niveau technologique, et d’un encadrement de services de qualité. L’université de Chambéry s’est affirmée, accompagnée de quelques activités de recherche. Le taux de chômage est faible. La Savoie a moins d’industries que la moyenne régionale (14% de l’emploi) mais avec des salaires ouvriers supérieurs à la moyenne, et une forte part de la métallurgie (30%), de la mécanique (15%), de l’électricité-électronique (14%). Elle a une plus forte part des services que le reste de la région (62% de l’emploi), notamment en raison de la forte activité du tourisme estival et surtout hivernal. Elle exporte deux fois plus qu’elle n’importe (2 milliards d’euros contre 1 milliard), l’Italie étant son premier partenaire.

La Savoie affiche 60 stations de sports d’hiver (36% de toutes les remontées mécaniques françaises), totalisant 21 millions de journées de fréquentation annuelle, et 6 stations thermales (53 000 curistes par an), soit 260 000 lits touristiques (plus 480 000 dans les résidences secondaires), soit environ un tiers du potentiel régional à elle seule, et 30 millions de nuitées par an. À côté, l’agriculture paraît marginale, avec un produit inférieur à 200 millions d’euros par an, également partagé entre productions animales (lait et fromages surtout, 53 M, plus 35 M pour les viandes de bovins) et végétales (30 M pour les vins, 24 M pour les fourrages, 24 M pour les fruits, fleurs et légumes). Mais elle se flatte de nombreuses aoc et autres appellations, en vins (de savoie et d’allobrogie) et surtout en fromages (gruyère, tome des bauges, tomme de savoie, reblochon et principalement beaufort).