Seine-Saint-Denis

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département de l’Île-de-France, créé en 1968 à partir de 24 communes du nord et de l’est de l’ancien département de la Seine et d’une fraction de l’ancienne Seine-et-Oise (10 communes). Ses habitants sont parfois et un peu précieusement nommés Séquanodionysiens. Il couvre 236 km2 et a pour préfecture Bobigny, pour sous-préfectures Saint-Denis et Le Raincy. Il est divisé en trois arrondissements, 40 cantons et 40 communes. Celles-ci ne sont que très partiellement regroupées en deux communautés d’agglomération: Plaine Commune autour de Saint-Denis (huit communes), Clichy-sous-Bois-Montfermeil (deux communes) et une communauté de communes associant Drancy et Le Bourget. Il a pour voisins Paris, le Val-de-Marne, la Seine-et-Marne, le Val-d’Oise et les Hauts-de-Seine.

Sa population totale est de 1 514 000 habitants en 2007, sa population municipale de 1 502 000 habitants (1 517 000 en 2008). Les villes les plus peuplées sont dans l’ordre Montreuil (103 000 hab.), Saint-Denis (102 000), Aulnay-sous-Bois (83 000), Aubervilliers (74 000) et Drancy (67 000). La population du département n’était encore que de 180 400 hab. en 1881, 345 500 en 1906; elle est passée à 769 300 hab. en 1931, 845 200 en 1945 et a bondi à 1 322 000 hab. en 1975, avant de se stabiliser (1 383 000 hab. en 1999); elle aurait entamé une nouvelle et sensible croissance. Le taux annuel est de +1,0% pour la période 1999-2007; il est entièrement dû à l’excédent de naissances (+1,2%) puisque le solde migratoire est légèrement négatif (-0,2%). La population est à la fois jeune (29% des habitants ont moins de 20 ans) et féconde (moyenne de 2,4 enfants par femme, taux de natalité supérieur à 18‰, les deux en augmentation).

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Majorités municipales de Seine-Saint-Denis
Majorités municipales de Seine-Saint-Denis

Le conseil général a une majorité de gauche bien ancrée; il est actuellement composé de 30 élus de gauche (17 socialistes, 12 communistes ou assimilés, 1 écologiste) et 10 de droite (9 UMP, 1 Nouveau Centre); ses présidents ont été communistes jusqu’en 2008, année où fut choisi Claude Bartolone, socialiste, élu du canton Est de Pantin et également député. Le département a treize députés: neuf de gauche (cinq socialistes dont Élisabeth Guigou, ancienne ministre), quatre issus du parti communiste (dont Marie-George Buffet, ancienne ministre), trois UMP (dont Éric Raoult, maire du Raincy) et un Nouveau Centre; plus six sénateurs: deux communistes, un socialiste et un vert apparenté (Dominique Voynet, maire de Montreuil), deux UMP.

Cette situation est en relation avec la composition sociale de la Seine-Saint-Denis, qui en fait l’opposé symbolique des Hauts-de-Seine. Le «9-3», selon l’appellation familière tirée de son numéro minéralogique et vite substituée à une appellation un peu compliquée, s’est souvent signalé par son côté populaire, et sa pauvreté relative. Dans l’ensemble de la population résidante de plus de 15 ans, le département compte à peu près autant de sans emploi que d’employés (21 à 22%), 17% seulement de retraités, 15% d’ouvriers et autant de professions intermédiaires, 10% de cadres, professions supérieures, commerçants et chefs d’entreprises, une centaine d’agriculteurs. Bien qu’abritant de nombreuses activités et de grandes entreprises, la Seine-Saint-Denis est le plus pauvre des départements de l’Île-de-France, avec une médiane des revenus annuels des ménages de 14 517 euros et près de 38% de ménages non imposés, contre 19 044 euros et 29% pour le Val-d’Oise, un peu mieux loti; les salaires entrent pour 75% dans les revenus totaux. Le département est aussi celui où le taux de chômage est le plus élevé (10,6%).

On observe toutefois un contraste entre ces indicateurs sociaux et les volumes de production: l’activité est à un niveau relativement élevé. Le produit brut du département est de 41 milliards d’euros en 2005, soit plus que l’Essonne, le Val-de-Marne et le Val-d’Oise; sans doute est-ce en partie parce qu’il est nettement plus peuplé que ces derniers; mais le produit annuel par habitant, 27 600 euros, est supérieur à celui du Val-d’Oise, et le produit par emploi, 74 900 euros, est supérieur à ceux des trois départements cités, même s’il est loin des Hauts-de-Seine (129 000 euros, record de France, devant Paris).

C’est que le département abrite de puissantes activités, notamment aux abords de l’axe de l’A 1 d’Aulnay-sous-Bois à l’aéroport de Roissy, et aux abords de Paris; mais leurs emplois ne sont pas nécessairement pris par les habitants du département. Celui-ci enregistre en effet 533 000 emplois, pour 617 000 personnes actives ayant un emploi et habitant en Seine-Saint-Denis; de ces dernières, 345 000 (56%) travaillent dans un autre département, les 272 000 autres n’occupant ainsi qu’environ la moitié des emplois du département. Or la population active résidant en Seine-Saint-Denis ne compte que 13% de cadres et professions supérieures, et 23% d’ouvriers, tandis que les emplois présents dans le département comptent 21% de cadres (moins de 20% d’ouvriers): ils sont d’un niveau un peu plus élevé que ceux qu’exercent les Séquanodionysiens. En outre, la situation est loin d’être homogène selon les communes, ce que traduit d’ailleurs en partie la carte électorale.

Le territoire «séquanodionysien» associe plateaux, buttes et dépressions alluviales. Quatre éléments saillants se distinguent, soutenus par la couche de calcaire de Brie: au sud de la Marne le plateau de Champigny à Marne-la-Vallée par Noisy-le-Grand; à l’est la butte contournée de Clichy-sous-Bois et Montfermeil; à l’ouest, la longue butte qui va du fort de Nogent à Belleville (Paris) par le fort de Rosny-sous-Bois et Romainville, et que couronne à l’ouest un lambeau de la couche des grès de Fontainebleau; entre les trois précédents, la butte isolée et plus petite du plateau d’Avron. Vers le nord, les reliefs sont plus bas sur le large plateau de France, couvert de limons et soutenu par la couche du calcaire de Saint-Ouen.

Entre ces reliefs, se coule la large plaine alluviale de la Marne; au centre s’étend une dépression alluviale autour de Bondy, traversée par le canal de l’Ourcq; celui-ci emprunte à l’est une ancienne vallée qui sépare les plateaux de Brie et de France, et se poursuit vers l’ouest par un couloir d’Aulnay à Stains et Saint-Denis; une autre sortie, qui relie Bobigny à Saint-Denis, est empruntée par la ligne de tramway T 1; enfin, un passage alluvial relie Bondy à la vallée de la Marne entre Villemomble et Le Raincy, et accueille la voie ferrée de Paris à Strasbourg, tandis que l’A 86 et la ligne du RER E se faufilent entre les buttes d’Avron et de Romainville-Rosny.

Jadis, les dépressions humides et le plateau oriental étaient couverts de bois, formant une réelle et mythique forêt de Bondy, réputée pour ses brigands; il ne reste sous ce nom qu’un bois protégé sur le plateau de Clichy-sous-Bois. Outre de nombreuses carrières de gypse et de pierre exploitées pour les besoins de la croissance parisienne, le territoire a été submergé à partir du milieu du 19e siècle par les emprises industrielles, les lotissements qui les accompagnaient, puis les grands ensembles d’immeubles collectifs des années 1960 et suivantes. Saint-Denis et Pantin surtout ont concentré les terrains d’industries et d’entrepôts, tandis que les étendues agricoles du nord ont accueilli successivement les aéroports du Bourget et de Roissy, près de la moitié de l’étendue de ce dernier relevant de la commune du Tremblay-en-France. Il ne reste en Seine-Saint-Denis que quelques vides agricoles au Tremblay: tout le reste est urbanisé.

Les différentes modalités historiques de l’urbanisation expliquent à la fois la tonalité générale de l’habitat, qui fait de la Seine-Saint-Denis le moins riche des départements d’Île-de-France, le plus populaire et le moins à droite; et, aussi, certains éléments de diversité, souvent associés à des opérations réussies de lotissements pavillonnaires de qualité: une file de neuf communes principalement résidentielles, de Rosny à Vaujours par Le Raincy, élit régulièrement des municipalités de droite. L’organisation générale du territoire est évidemment très marquée par la proximité de Paris et par les accès à la capitale. Le faisceau de Paris à Lille, tant ferroviaire qu’autoroutier (A 1), traverse en diagonale la partie septentrionale du département, de Saint-Denis à Aulnay et Villepinte. Il a fixé de nombreuses activités, dont l’usine Citroën d’Aulnay, les parcs d’expositions du Bourget et de Villepinte, Paris-Nord et Garonor et une partie des installations tributaires de l’aéroport de Roissy. Il est associé aux vastes projets de remaniements et d’équipements de la Plaine à Saint-Denis et Aubervilliers, tout proches de Paris. L’impact de l’A 3 est beaucoup plus limité, et l’A 4 frôle seulement l’extrême sud, où toutefois son passage a provoqué l’urbanisation du Mont-d’Est et du Pavé Neuf à Noisy-le-Grand, éléments avancés de Marne-la-Vallée.

Les principales concentrations d’activités se sont faites et se remanient sur quelques noyaux distincts. Quatre sont sur l’axe Paris-Nord: la Plaine-Saint-Denis, La Courneuve, Le Bourget et, surtout, l’ensemble A 1-Roissy (Aulnay, Villepinte, Le Tremblay). S’y ajoutent, de façon plus diffuse, le groupe Pantin-Noisy-le-Sec sur l’axe Paris-Est et le canal de l’Ourcq, l’est de Montreuil et Rosny-sous-Bois, un élément de Marne-la-Vallée à Noisy-le-Grand. Dans l’intervalle, se signalent quelques blocs d’une autre nature, comme le Stade de France à Saint-Denis, le parc interdépartemental de La Courneuve, l’immense cimetière parisien de Pantin, le parc forestier national de Sevran et le parc départemental du Sausset (Aulnay et Villepinte), la forêt régionale de Bondy et ses annexes à Clichy-sous-Bois, Montfermeil, Coubron et Vaujours, ou le vaste ensemble hospitalier de Neuily-sur-Marne (Maison-Blanche-Ville-Évrard), flanqué au sud par les prairies de la Haute Île.

Le département a deux universités, Paris-8, jadis au bois de Vincennes puis à Saint-Denis (22 000 étudiants); Paris-13 ou Paris-Nord (22 000 étudiants également), implantée à Villetaneuse, Bobigny et Saint-Denis; plus des établissements de l’université Paris-Est (ancienne Paris-12), cinq IUT et deux écoles d’ingénieurs, la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord, et devrait recevoir le nouveau centre de sciences humaines Condorcet à la Plaine. La Seine-Saint-Denis accueille aussi deux parcs d’exposition (Le Bourget et Villepinte) et 753 ha de parcs départementaux.