Seine-et-Marne (département de)

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SEINE-ET-MARNE: L’ORGANISATION DU TERRITOIRE

le plus étendu des départements de l’Île-de-France, dont il occupe toute la partie orientale. Il s’étend sur 5 915 km2; il est limitrophe des régions de Picardie (Oise), Champagne-Ardenne (Marne et Aube), Bourgogne (Yonne), Centre (Loiret), ainsi que de l’Essonne, du Val-de-Marne, de la Seine-Saint-Denis et du Val d’Oise, soit au total 9 autres départements. Il est divisé en 514 communes, dont la taille moyenne est nettement inférieure à la moyenne nationale. Ces communes forment 43 cantons, répartis entre cinq arrondissements: Fontainebleau, Meaux, Melun, Provins et Torcy. La préfecture est à Melun.

Le département est également partagé entre trois communautés d’agglomération (Melun, Meaux, Marne-et-Gondoire), trois syndicats d’agglomération nouvelle (Sénart, Val-Maubuée, Val-d’Europe) et 33 communautés de communes, mais ne compte encore qu’un seul pays officiel, le Grand Provinois. Il compte neuf députés, tous UMP depuis 1993; et six sénateurs, dont 3 UMP, deux socialistes et un communiste. Mais le conseil général a une majorité de gauche, par 23 voix (dont 17 socialistes) contre 20 (dont 18 UMP); il est présidé par Vincent Éblé, socialiste, élu de Noisiel et également adjoint au maire de Lognes; l’institution emploie 3 600 personnes et a un budget annuel supérieur au milliard d’euros.

La Seine-et-Marne est traversée par la Marne au nord et la Seine au sud; par les routes nationales 3, 4, 5, 6 et 7; par les autoroutes A 4, 5 et 6, ainsi que par la Francilienne au nord-ouest; par les lignes de TGV Paris-Strasbourg au nord, Paris-Lyon-Marseille au sud, et par la liaison TGV qui passe par les gares de Marne-la-Vallée et de l’aéroport de Roissy; par plusieurs voies ferrées, dont certaines supportent des liaisons par RER ou Transilien, les liaisons ferroviaires de Paris vers Provins et vers Coulommiers n’étant maintenues qu’en raison du nombre de personnes travaillant dans la capitale; par les voies navigables de la Seine et de la Marne, ainsi que le canal du Loing; par les aqueducs du canal de l’Ourcq, de la Dhuis et de la Vanne. Le département a été l’objet de deux grandes opérations d’aménagement métropolitain de villes nouvelles, ceux de Marne-la-Vallée et de Sénart. Il comporte deux pôles touristiques majeurs, d’importance nationale et internationale: Disneyland Paris à Marne-la-Vallée, la forêt de Fontainebleau, chacun recevant plus de 15 millions de visiteurs par an.

Le territoire départemental est partiellement touché par l’extension des banlieues parisiennes, et par la diffusion de l’habitat au-delà des espaces de peuplement dense. Aussi la quasi-totalité de ses communes voient-elles leur population augmenter, au moins depuis 1980, alors que nombre d’entre elles s’étaient dépeuplées jusqu’à cette date ou aux environs. La Seine-et-Marne avait ainsi 755 900 hab. en 1975; elle est passée à 1 078 100 en 1990, 1 193 500 en 1999, 1 273 400 en 2006.

Toutefois, le rythme d’accroissement s’affaiblit, passant de 2,3% par an dans la période 1975-1982 à 0,9% entre 1999 et 2006, ce qui est en partie dû à l’avancement des programmes de villes nouvelles. Il apparaît aussi que l’accroissement est bien davantage dû au solde naturel (excédent de naissances), qui est de 0,8% par an et en légère augmentation (0,7% vers 1980), qu’à l’arrivée de nouveaux venus (solde migratoire), qui n’est que de 0,2% par an et diminue régulièrement: il était de 1,7% par an dans les années 1980, et donc alors bien supérieur au solde naturel. Cette inversion des deux mouvements est très nette et signifie une certaine saturation de la diffusion métropolitaine. En dépit d’un fort excédent de naissances, la population de nombreuses villes de grande banlieue à l’ouest du département n’augmente plus, ou très faiblement.

La Seine-et-Marne a conservé une abondante couverture forestière, en grande partie issue des forêts royales et seigneuriales de la périphérie de Paris, dont la plus connue est la forêt de Fontainebleau. La superficie totale des forêts est de 145 000 ha, soit 24,5% du territoire. Elles attirent de nombreux visiteurs, mais l’élévation du coût des maisons et la diffusion des résidences permanentes sur tout le territoire ont réduit sensiblement le parc de résidences secondaires, qui se déporte au-delà des limites départementales; seuls les cantons les plus méridionaux en Gâtinais, comme ceux de La Chapelle-la-Reine et Lorrez-le-Bocage-Préaux, ont des proportions significatives de résidences secondaires (environ 15%).

L’espace rural de la Seine-et-Marne reste très agricole: le département est l’un de ceux de la grande agriculture du Bassin Parisien d’orientation céréalière. Sur 340 000 ha cultivés (57% du territoire), 145 000 sont consacrés au blé, 45 000 à l’orge et 18 000 au maïs. La betterave à sucre est réduite à 29 000 ha, les oléagineux et protéagineux ayant pris la première place des «cultures industrielles» (66 000 ha). Les prairies naturelles comptent très peu: 15 000 ha à peine. Les 3 000 exploitations agricoles, dont seulement 2 100 sont «professionnelles», produisent ensemble 641 millions d’euros (2008), dont seulement 4% en produits animaux: 28 M€, dont 10 pour les produits laitiers et 8 pour l’aviculture, donc extrêmement peu. Le blé entre pour 221 M€ dans ce produit (les céréales en tout pour 340); viennent ensuite les productions maraîchères et horticoles (84 M€) devant les oléo-protéagineux (71 M€, colza en tête) et la betterave (61 M€). Mais la Seine-et-Marne, en raison du bas niveau des produits animaux et de la réduction de son espace cultivé, n’est plus l’un des très grands départements agricoles français; son classement la met aux environs de la 45e place.

C’est également la place qu’obtient le département dans le classement des produits bruts par habitant (20 280 € en 2000); c’est aussi qu’une grande partie des professions des habitants s’exerce à l’extérieur du département, dans les parties centrales de l’agglomération parisienne. En 2006, 43% des Seine-et-Marnais, soit 250 000 actifs, travaillaient hors du département. L’emploi tertiaire vient largement en tête (338 000 personnes, 78%) contre moins de 14% dans l’industrie (59 000), 7% dans la construction (29 000) et moins de 2% dans l’agriculture (7 500). Les ouvriers représentent 23% du total, les employés 30%, les professions intermédiaires 26%, les cadres et professions intellectuelles 15%, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise 5%. La Seine-et-Marne est dotée d’une université (Marne-la-Vallée), et d’un institut international (Insead de Fontainebleau).

Les plus grandes entreprises sont Eurodisney (12 000 sal.), dont les affaires sont réputées entraîner 40 000 emplois induits, Safran (moteurs d’avions de la Snecma, 4 000 sal., plus l’électronique de la Sagem par Sat-Silec, 1 000 sal.), Nestlé (produits laitiers, 1 800 sal.). Par le chiffre d’affaires, les autres entreprises sont essentiellement dans la distribution, notamment alimentaire: Conforama, Aldi, Leader Price, Cogedem, Scapsud, Herta, William Saurin, etc., du moins selon les implantations des sièges sociaux. Le département conserve une usine électrique et a une petite production de pétrole (200 000 t/an) dans une série de puits dispersés, dont l’apport est très loin de suffire à la raffinerie de Grandpuits.

L’organisation générale du territoire de la Seine-et-Marne est assez simple. D’une part, ses terroirs sont en grande partie dépendants de l’inclinaison générale des terrains vers la cuvette parisienne, et de la convergence hydrographique qui lui est associée: le relief de plateau domine, coupé par les vallées allogènes de l’Ourcq, de la Marne et des deux Morins, de la Seine et du Loing — l’Yonne compte peu dans le département. Les vallées autochtones n’ondulent que très modérément la partie orientale, où les plateaux sont peu accidentés, et s’encaissent vers l’ouest en rejoignant la Seine ou la Marne.

D’autre part, les paysages et les activités sont diversifiés de plusieurs façons par la proximité de Paris. Celle-ci densifie nettement les populations vers la limite occidentale du département, où se sont multipliés les lotissements de pavillons, en plus des habitats déjà anciens (Noisiel, Villeparisis par exemple) et des opérations d’aménagement des villes nouvelles; toutefois, cette fraction n’est pas très large dans le département, où elle ne dépasse guère une vingtaine de kilomètres de largeur. En outre, c’est elle, bien plus que des différences de sols, qui a entretenu à portée de la capitale et des palais la couronne de forêts qui va de Ferrières à Noisy-sur-École en passant par Fontainebleau, et dans laquelle ont fini par se glisser terrains de golf, haras et lotissements de luxe. Enfin, c’est elle qui est à l’origine des radiales divergentes: le long des principales voies de communication, les activités et le peuplement se sont étendus.

Aussi l’organisation du territoire a-t-elle une base fortement radioconcentrique, associant radiales et auréoles. Les nuances tiennent ensuite à celles qu’ont pu apporter les variations de sols (limons fertiles des plateaux, grès de la formation de Fontainebleau, apparition du calcaire de Beauce à l’extrême sud-ouest) ou d’accidents topographiques, comme la présence du coteau méridional de la côte d’Île-de-France, qui oppose la large et humide Bassée aux fortes collines du Montois, ou des alignements de buttes liés à des ondulations tectoniques ESE-ONO comme en Goële.

Les anciennes circulations sud-est-nord-ouest, qui allaient d’Italie en Flandre, ont disparu: leur souvenir ne peut s’accrocher qu’aux restes de voies romaines (les différentes occurrences d’une mythique Via Agrippa, et à l’histoire des foires de Champagne qui avaient fait de Provins et Lagny des places de commerce internationales. Il en est de même de l’ancienne domination des comtes de Champagne, souvent évoquée en Brie: elle n’existe plus depuis six ou sept siècles; et le proche vignoble de Champagne ne concerne que quelques hectares dans trois communes du bord de Marne. Les châteaux aussi sont venus de Paris…