Vosges (les)

ensemble de reliefs formant la bordure occidentale de la région Alsace. Les Vosges sont formées de deux ensembles distincts, presque complètement séparés en Alsace même, et d’ailleurs dotés de deux parcs naturels régionaux également séparés.

Au sud, les Vosges cristallines correspondent à un bloc de terrains anciens, partie du socle cassé dominant le fossé de la plaine d’Alsace-Bade et jumeau de la Forêt Noire, en moins étendu. Elles culminent au Grand Ballon, dit aussi Ballon de Guebwiller (1 424 m). La crête du massif fixe la limite de l’Alsace et de la Lorraine, qui culmine au Hohneck (1 362 m) et que longent de nombreux petits cirques glaciaires, souvent agrémentés de lacs. Les sommets ont des formes arrondies qui leur ont valu le nom de ballons.

Le massif est divisé en bassins intramontagnards par l’action des cours d’eau descendant vers la plaine d’Alsace et le Rhin, dont les vallées ont d’ailleurs été élargies par des glaciers au Quaternaire. Du sud au nord, on en compte sept principaux: celui de Masevaux et de la Doller tout au sud; celui de la Thur autour de Saint-Amarin; celui de Munster, drainé par la Fecht; le Val d’Orbey ou Pays Welche, drainé par la Weiss; le Val d’Argent autour de Sainte-Marie-aux-Mines, haut bassin de la Liepvrette; le bassin de Villé, drainé par le Giessen; enfin le bassin de la Bruche dont Schirmeck est le principal bourg. Seuls les deux derniers sont dans le Bas-Rhin. De moindre ampleur et plus proche de la bordure orientale, on peut encore identifier un bassin de la Lauch qui donne sur Guebwiller, et trois plus menus donnant sur Ribeauvillé, Barr et Obernai.

Ce massif se termine à l’est par un escarpement assez rude, dont les croupes portent au-dessus du Vignoble les ruines de toute une série de châteaux forts, tours et donjons, et les sites prestigieux du Haut-Kœnigsbourg et de Sainte-Odile. Les roches du massif ancien ont fourni de nombreux sites miniers: un peu de fer et de charbon, surtout du plomb argentifère (v. Val d’Argent) et des pierres précieuses. Si quelques cultures ont pu trouver place dans les vallées, les pentes portent surtout des prés et des forêts; au-dessus, les pelouses montagnardes sont désignées comme Hautes Chaumes et laissées aux troupeaux; les fromages étaient préparés dans des fermes d’estive, les marcairies (ou marcaireries), souvent abandonnées à présent mais dont certaines ont été transformées en fermes-auberges.

Le massif est peuplé, mais sa population a beaucoup diminué depuis les maxima du milieu du 19e siècle. Néanmoins, certaines activités traditionnelles sont valorisées (fromages de munster, eaux-de-vie de fruits) et l’abondance de main-d’œuvre a attiré des ateliers. Des établissements de cure ont créé des emplois. Surtout, l’activité touristique s’est beaucoup développée, profitant de la proximité de puissants bassins urbains. Plusieurs stations de ski y ont été équipées. On s’est même efforcé de valoriser l’ancienne zone du front de 1914-1918, qui traversait ce massif et avait laissé entre autres une route des Crêtes, plus de nombreux lieux de mémoire. Six traversées assurent la communication entre Alsace et Lorraine à travers les Vosges cristallines, correspondant aux grands bassins (hormis celui de Villé), par le Ballon d’Alsace au sud, puis successivement les cols de Bussang, de la Schlucht, du Bonhomme, de Sainte-Marie et de Saales; elles ont maintenu ou accru l’activité de quelques villages et bourgs mieux placés que les autres.

Les Vosges gréseuses d’Alsace sont tout autres. Elles correspondent à l’extrémité orientale d’une couverture de grès rouges qui recouvre le massif ancien; celui-ci s’enfonce vers le nord et disparaît à la hauteur de la forêt d’Haslach, à l’ouest de Molsheim. La couverture de grès forme un haut plateau, qui se termine au-dessus du massif ancien par les beaux reliefs du Donon, encore montagnards (1 008 m); son altitude s’abaisse aussi vers le nord; elle se termine au-dessus de la plaine d’Alsace du Nord par un escarpement très marqué, en partie faillé, au-dessus de Saverne, du pays de Hanau et de Niederbronn.

Ce plateau est très boisé et accidenté par les profondes vallées descendant vers le Rhin ou vers la Moselle par la Sarre: une partie est ainsi désignée comme Alsace Bossue. Sa position en a fait un lieu de multiples combats dans l’histoire et les promontoires sont hérissés de ruines féodales, auxquelles se sont ajoutées les fortifications de la ligne Maginot. Le peuplement y est nettement moindre que dans les Vosges cristallines, et ne bénéficie pas des mêmes avantages. Une seule voie concentre la quasi-totalité des passages entre l’Alsace et la Lorraine (et Paris), par la «trouée» de Saverne; c’est d’ailleurs là que le plateau de grès est le plus étroit.

Un Parc régional des Vosges du Nord a été délimité, mais le tourisme reste ici bien discret. Il faut enfin noter que l’excroissance du Bas-Rhin dans l’Alsace bossue est loin de se limiter au plateau de grès, assez étroit à cette hauteur: elle déborde sur la dépression argileuse du trias moyen du côté de Drulingen et monte à l’ouest sur le premier «plateau lorrain» (trias supérieur calcaire) autour de Sarre-Union.

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