Wallis-et-Futuna

collectivité territoriale d’outre-mer français, située entre les îles Samoa et les îles Fidji, vers 14°S et 177°O, à 2 100 km au NE de la Nouvelle-Calédonie, 4 000 km de l’Australie et 2 800 km de la Nouvelle-Zélande. Son territoire couvre 274 km2 et il est peuplé de 14 200 hab. (recensement de 2008). Le décalage horaire avec Paris est de l’ordre de 10 h (11 h en été). La collectivité territoriale est formée de trois îles disposées en deux sous-ensembles séparés par 220 km: au NE Wallis, au SO Futuna et Alofi. Elles sont très différentes: Wallis est une île volcanique entourée d’un lagon et d’un récif-barrière, Futuna a la forme d’un bloc élevé de hauts reliefs confus, Alofi est inhabitée. L’ensemble apporte une zone économique exclusive de 266 000 km2 à la France, totalement inutilisée puisque la pêche est exclusivement côtière.

L’archipel semble avoir été peuplé très tôt, vers 1 400 avant notre ère, comme en témoignent des restes de poteries Lapita; mais des vagues de peuplement sont aussi venues ultérieurement (15e siècle), surtout des Tonga pour Wallis et des Samoa pour Futuna. Aperçues en 1616 par des Néerlandais (LeMaire et van Schouten), qui n’y mouillèrent qu’une semaine et les nommèrent îles Hoorn d’après le nom de leur second bateau, lui-même portant le nom de la ville de naissance de Schouten, elles furent à nouveau approchées en 1767 par Samuel Wallis, qui n’y débarqua même pas mais attribua son nom à celle que les autochtones nommaient Uvéa. Sporadiquement fréquentées par la suite, notamment par des baleiniers, les îles reçurent à partir de 1837 des missionnaires catholiques français, qui firent en sorte d’obtenir un protectorat de fait dès 1842. La France signa un accord de protectorat en bonne forme avec les trois rois régnant en 1886 et 1887. Les États-Unis établirent une base militaire à Wallis pendant la Seconde Guerre mondiale. Les deux archipels devinrent un territoire d’outre-mer en 1946.

Le statut actuel, consécutif à un référendum de 1959, date pour l’essentiel de 1961, mais la révision constitutionnelle de 2003 a fait de Wallis-et-Futuna une collectivité territoriale. L’État français y est représenté par un haut administrateur qui a rang de préfet. L’administration de la république a composé avec le droit coutumier au point d’entériner l’existence de trois royaumes (un pour Wallis et deux pour Futuna-Alofi). Les trois rois sont élus à vie par certaines familles, considérées comme nobles (haliki). Ils siègent dans un même Conseil en compagnie de trois représentants du haut administrateur nommés par celui-ci; mais ils ont leurs propres ministres, et autorité sur les chefs de villages. Toutefois, le pouvoir général d’administration et d’aménagement relève de l’Assemblée territoriale, qui compte 20 élus au suffrage universel, 13 pour Wallis et 7 pour Futuna; 12 des élus sont UMP ou apparentés, 8 socialistes. L’assemblée est présidée par Pesamino Tapoutai (Modem ex-UDF), conseiller territorial du district de Hahake. La collectivité territoriale envoie à Paris un sénateur, Robert Laufoaulu (UMP, enseignant) et un député, Albert Likavalu (socialiste, enseignant retraité, né à Futuna) plus un membre du Conseil économique et social, Patalione Kanimoa, ancien président de l’assemblée territoriale.

L’archipel est divisé en trois circonscriptions correspondant aux trois royaumes, Uvéa, Sigave (ouest de l’île Futuna) et Alo (partie orientale de Futuna et île d’Alofi). Il comporte cinq districts (les deux royaumes de Futuna et trois pour Wallis), qui servent de bases de gestion territoriale et comprennent chacun cinq à dix villages (36 en tout). Les chefs de village se réunissent régulièrement au falefono (abri coutumier, souvent un bâtiment qui peut prendre des allures de petit palais) du district pour régler les affaires de droit coutumier. Quelques autres lieux habités n’ont pas le statut de village. La collectivité a aussi son tribunal d’instance, au chef-lieu Mata-Utu, et un vice-recteur pour l’éducation, laquelle reste confiée à l’église catholique pour l’enseignement primaire. Ce système a connu un grave conflit en 2005, à l’occasion d’une succession royale à Wallis, où le nouveau roi contesté et l’église catholique ont fait front contre l’administrateur et les opposants au nouveau roi.

Les îles sont dans la zone tropicale, et connaissent des températures moyennes de 27 °C, variant entre 25 et 30 °C; les précipitations sont fortes: 3 000 mm/an à Wallis, 4 000 à Futuna où elles sont accrues par le relief; la saison moins humide et plus fraîche (25 °C) va d’avril à octobre, une saison pluvieuse et orageuse, plus chaude (30 °C) et à cyclones, va de novembre à mars. La population est à 97% d’origine polynésienne: les familles d’origine européenne sont très peu nombreuses et, en général, de passage. Le nombre des habitants croissait régulièrement, mais à un rythme fortement ralenti par une tendance à la baisse de la natalité et surtout à l’émigration vers la Nouvelle-Calédonie: de 8 500 hab. en 1969, elle est passée à 12 400 en 1983 et 14 200 en 1996, 14 900 en 2003, et a sensiblement diminué en 2008. Les rythmes ont été comparables dans les deux îles habitées, mais Futuna, qui fait figure de périphérie par rapport à Wallis, tend à perdre davantage. Si le taux de croissance était d’environ 4,4% par an vers 1980, il était tombé à 0,8% en 2003, et il est devenu négatif récemment. Le taux de natalité était de 19,9‰ en 2003, le taux de mortalité de 5,9 seulement en raison de la grande jeunesse de la population. En 1976, 58% des habitants avaient moins de 20 ans; mais le taux est tombé à 44% en 2003, l’âge moyen étant de 24 ans. Le taux d’alphabétisation est de 78%. L’espérance de vie est plus faible qu’en France (73,3 ans) et un peu plus qu’en Polynésie française, mais plus élevée que dans les archipels voisins.

Le territoire compte 1 900 emplois salariés, dont 1 250 dans les administrations publiques et semi-publiques, parmi lesquels un peu plus de 300 fonctionnaires. Sur ces emplois, 570 sont dans l’éducation, qui comprend 14 écoles (2 100 élèves), 6 collèges (1 500 élèves) et un lycée (600 élèves), un institut de formation des maîtres. Le système de santé dispose d’un hôpital principal à Wallis (140 sal., 53 lits) et un hôpital secondaire à Futuna (22 lits, 45 sal.) et un centre de soins de proximité par district. Sur les 650 salariés du privé, 280 sont dans le commerce et 160 dans les services; la collectivité territoriale compte également 370 retraités.

Le produit intérieur brut était évalué en 2005 à environ 150 millions d’euros (ou 18 milliards de francs FCP, la parité est fixe), ce qui représentait une moyenne d’environ 10 000 euros par habitant: environ 60% de la Polynésie, 45% de la Nouvelle-Calédonie et un peu plus du tiers de la France métropolitaine. La contribution de l’État à la collectivité territoriale est d’environ 96 millions d’euros. Mais seule une partie de l’économie est monétarisée, le reste relève de l’autoconsommation et des échanges de services. Certaines sociétés se servent des îles comme d’un paradis fiscal, mais leur contribution n’est pas évaluée. Une grande partie des habitants pratiquent une agriculture principalement vivrière, vendant un peu de coprah et de légumes, de cochons et de volailles. La terre est incessible, et son exploitation réglementée par les chefs de village sous l’autorité royale.

Le nombre d’exploitations agricoles est en effet très élevé (1 200 à Wallis, 750 à Futuna), mais il s’agit de lopins et, souvent, d’une activité marginale. À peine 1 300 ha sont cultivés, en trois systèmes relativement distincts: une agroforesterie de proximité associant arbre à pain, bananiers, cocotiers et autres arbres fruitiers, et quelques cultures de tubercules à leur pied (400 ha); une culture intensive et arrosée de taros (100 ha); un système extensif à jachère pour le manioc, notamment pour l’alimentation des cochons (800 ha). Les bananiers occupent 140 ha, l’arbre à pain 160 ha. Les cocotiers sont très répandus (4 000 ha) mais seulement 300 ha entrent dans le système entretenu et cultivé. Les porcs ont une grande place, notamment dans les consommations festives, et leur nombre est estimé à 30 000; outre les volailles familiales, Wallis a une unité de production de volailles et d’œufs, Futuna une autre. Les îles n’ont ni lait ni bovins à viande: tous les produits laitiers et carnés sont importés.

La collectivité territoriale a environ 5 200 ha de forêt primaire, moitié à Alofi et moitié à Futuna, 9 100 de forêt secondaire avec quelques reboisements, dont 4 800 ha à Uvéa, 3 200 à Futuna et 1 100 à Alofi. Quelques exploitations clandestines de kava à Alofi pourraient atteindre 200 ha. La pêche est assez largement pratiquée, surtout à Wallis dans le lagon, par environ 350 bateaux, pour la consommation locale (600 à 800 t/an); cela ne suffit pas puisque les îles importent 90 t de poissons annuellement, outre les conserves. On récolte aussi des coquillages (trocas) pour la fabrication de boutons. L’artisanat se porte sur les tapas (écorce martelée), nattes, vanneries, colliers de coquillages et sculptures en bois.

Les ports reçoivent annuellement à peine plus de 30 navires, qui débarquent 30 000 t de marchandises et n’embarquent pas 20 t… En 2007, la collectivité territoriale a importé pour 5 300 millions de francs CFP (Pacifique), soit 44 M€, et n’a enregistré strictement aucune exportation. Sur ces entrées, 24% sont en produits alimentaires, 17% en produits pétroliers, 14% en véhicules; viennent ensuite à peu près à égalité et pour 4 M€ (9%) chacune, les catégories fournitures pour le bâtiment, chimie et parachimie (médicaments, cosmétiques, peintures) et les machines et appareils. Près d’un tiers des produits viennent de ou par Singapour, 15% d’Australie. Un seul navire porte-conteneurs accomplit les rotations régulières approximativement mensuelles entre Wallis-et-Futuna, la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande; un pétrolier assure des arrivées mensuelles de carburants en liaison avec Fidji et l’Australie. Un butanier apporte du gaz huit fois par an (Nouvelle-Zélande ou Australie).

Les deux tiers des ménages de Wallis ont un véhicule à quatre roues, un tiers à Futuna, où en revanche la moitié des ménages ont une moto ou un scooter. L’habitat évolue: le fale, case traditionnelle, ne représente plus qu’un huitième du parc de logements à Wallis, un tiers à Futuna. Les dépenses des ménages (73 M€) portent en priorité sur l’alimentation (21%), les moyens de transport (15%), le logement (avec l’eau et l’électricité, 15%). Mais on évalue en outre à 20 M€ les autoconsommations: la moitié au moins des dépenses d’alimentation se font hors du circuit monétaire, par le biais de la consommation des produits cultivés ou récoltés, et de l’échange de services. Une seule banque, filiale de Paribas, exerce sur le territoire. Le manque de travail sur place a incité aux migrations: il y aurait 17 000 à 20 000 «Wallisiens» en Nouvelle-Calédonie, plus que dans le Territoire, où manquent les hommes jeunes.

Des vols réguliers sont assurés par Aircalin (Air Calédonie International) entre Wallis et Nouméa, deux fois par semaine, dont un avec escale à Fidji. Ils ont transporté 26 000 passagers en 2007 et 190 t de fret. Les liaisons Wallis-Fidji sont régulièrement assurées au moins une fois par jour par un Twin Otter de 19 places appartenant à la collectivité territoriale, ce qui représente 1 200 mouvements par an, 13 000 passagers et 20 t de fret, 10 t de poste. Le tourisme reste marginal, les quelques petits hôtels servant surtout pour les visites d’affaires ou familiales. Outre la télévision (RFO), les îles ont accès à Internet par l’Adsl depuis 2007, dans des conditions de très bonne qualité.