Canton de Modane3 800 hab. (Modanais), 7 104 ha dont 934 de bois, chef-lieu de canton du département de la Savoie dans l’arrondissement de Saint-Jean-de-Maurienne, 30 km ESE de Saint-Jean sur la rive gauche de l’Arc, à 1 050 m. C’est de Modane que partent le tunnel ferroviaire du Fréjus, et juste en amont le tunnel routier du Fréjus. Le premier a été commencé dès 1857 et achevé en 1871, et mesure 13,7 km de long; le second, desservi par la N 566, est beaucoup plus récent (1974, autoroutier en 1999) et reste le plus long d’Europe (12,9 km). Il évite la montée par le col du Mont-Cenis (2 081 m), qui reste néanmoins accessible par la nationale 6; tous deux aboutissent en Italie à Bardonnèche. Ces accès ont entraîné l’apparition de diverses activités logistiques. La SFTRF (Société française du tunnel routier du Fréjus) emploie 150 personnes à Modane; les autres entreprises sont les transports Jacquemmoz (85 sal.), Doppelmayr (pose de rails, 45 sal.), un supermarché Casino (35 sal.), le conditionnement à façon Filtech (20 sal.), les transports de voyageurs Transavoie (25 sal.). Par le tunnel ferroviaire passent des convois de ferroutage, dans le nouveau système de traversée multimodale des Alpes. La commune a un collège public, un hôpital local (10 lits médicaux, 70 en tout) et un musée de la Traversée des Alpes; elle conserve le fort du Replaton, du système Séré de Rivières (1886). Elle a eu 1 200 hab. au milieu du 19e s. et sa population a augmenté ensuite, passant par 2 600 hab. en 1900 et 4 900 en 1936; la guerre a réduit la population, qui retrouvait toutefois 5 600 hab. en 1968, puis a diminué à nouveau, perdant 2 000 hab. dans le dernier quart du 20e s.; elle a tout juste repris 70 hab. de 1999 à 2006. Le finage de Modane envoie vers le nord une étroite langue sur 9 km de long, sur le versant gauche du vallon de Polset, jusqu’aux aiguilles de Péclet (3 470 m) et de Polset (3 531 m) et inclut les glaciers de Chavière et de Polset; à l’est du Polset, le col de Chavière monte à 2 801 m et accueille le GR 55. Au sud, la commune est bien plus large et très étendue. Le bassin du Charmais (ou Charmaix), torrent qui aboutit à l’Arc à Foureaux en aval de Modane, s’y divise en plusieurs rameaux; une chapelle mariale, vers l’entrée, reste un site de pèlerinage. Le versant d’ubac au-dessus de Modane participe à la station de neige de la Norma, qui toutefois est principalement dans la commune voisine de Villarodin-Bourget. Au SE, le cirque du Grand Vallon, à l’aplomb duquel passe le tunnel routier, est dominé par le Grand Vallon (3 129 m), sur la crête frontière. Juste à l’ouest, séparé du précédent par la crête d’Arrondaz, se dessine le cirque d’Arrondaz, borné par la pointe de Fréjus (2 934 m) au NE et le Grand Argentier (3 040 m) au SO, entre lesquels on peut atteindre le col du Fréjus (2 540 m). Dans le cirque s’est étalée la station de ski de Valfréjus, qui propose 23 pistes de ski alpin et 11 remontées, dont la télécabine de la Punta Bagna. Elle vaut à Modane près de 1 500 résidences secondaires (contre 900 en 1999). Au sud, le cirque de Fontaine Froide, dominé par le Grand Argentier, est bien plus étroit; le GR 57 A y franchit à 2 541 m le col de la Roue, en direction de Bardonèche. Juste à l’ouest du précédent, le cirque ou «combe» de la Grande Montagne est bordé par le Mounioz (2 745 m) et, au sud-ouest, par le Cheval Blanc (3 008 m); le GR 5 franchit le col de la Vallée Étroite (2 445 m), qui descend vers Bardonèche mais par le territoire de Nevache (Hautes-Alpes); le refuge du Mont-Thabor est près du col mais la commune n’atteint pas le mont Thabor (3 178 m), qui est un peu plus à l’ouest. Du Cheval Blanc part vers le nord la crête des Sarrasins, qui culmine à 2 868 m à la pointe des Sarrasins; plusieurs petits lacs sont en altitude. Le canton a 6 500 hab., 7 communes, 23 092 ha dont 3 783 de bois. Il est frontalier, et limitrophe du département des Hautes-Alpes. Trois communes sont en amont de Modane. Villarodin-Bourget (510 hab., 3 308 ha dont 579 de bois, à 1 163 m) associe Villarodin, au pied du versant d’ubac, et Le Bourget, qui est en face au pied de l’adret; le fort Saint-Gobain date de 1939 et fait partie de la «ligne Maginot des Alpes». Au nord du Bourget, la commune atteint la pointe de l’Échelle (3 432 m) dans le Parc de la Vanoise, et le petit lac de la Partie; le torrent du Rovaret en dévale; le refuge de l’Orgère s’abrite dans sa gorge. Côté sud, la commune n’atteint pas la crête frontière, s’arrêtant en pointe à la Belle Plinier (3 085 m). La station de la Norma y a été aménagée en situation d’ubac; débordant un peu sur le territoire de Modane, elle offre 27 pistes (65 km) de ski alpin, et 19 remontées mécaniques; elle est gérée par la Sogenor (90 sal.). Villarodin-Bourget a eu jusqu’à 800 hab. en 1968, mais seulement 400 en 1975, et a repris un peu de poids ensuite. Elle a 830 résidences secondaires pour 210 résidences principales (en 1999), mais a perdu 26 hab. de 1999 à 2007. Avrieux (350 Avriolins, 3 785 ha dont 435 de bois) est à 4 km en amont de Modane à 1 098 m, à la sortie d’un défilé; c’est pourquoi le village est entouré de plusieurs forts militaires. On y visite la cascade de Saint-Benoît, qui dévale 100 m, et l’on peut apercevoir les souffleries de l’Onera (Office national d’études et de recherches aérospatiales), qui emploient 160 personnes dans un ensemble de bâtiments métalliques modernistes. La commune est très peu étendue en adret rive droite, mais au sud elle atteint la crête frontière. Elle s’y divise en deux cirques, drainés par le torrent de Sainte-Anne et séparés par l’aiguille de Scolette (3 506 m). Le plus occidental est le plus vaste, sous le Grand Vallon à l’ouest et la pointe de Paumont au sud (3 168 m), et orné du petit lac glaciaire du Vallon. Le cirque oriental est plus étroit, dominé au sud par la pointe Saint-Michel (3 252 m). Avrieux n’avait que 1 045 hab. en 1936 et a crû ensuite; elle n’a qu’une cinquantaine de résidences secondaires. Avrieux et Villarodin-Bourget forment la communauté de communes de la Norma (840 hab.). Aussois (640 Aussoyens, 4 194 ha dont 667 de bois), au contraire d’Avrieux, est très peu étendue en ubac dans la forêt du Nant, mais son finage se déploie au nord de l’Arc dans un ample bassin drainé par le torrent de Saint-Benoît. Il y atteint la Dent Parrachée (3 697 m), point culminant de la Maurienne, et la ponte de Labby (3 527 m) qui dominent le grand cirque du Fond d’Aussois (refuge). Deux autres refuges se tiennent sur les pentes orientales, celui de la Dent Parrachée et celui du Plan Sec. Ils dominent à la fois la station de ski d’Aussois, établie en adret et qui propose 22 pistes et 11 remontées, et deux grands lacs de barrage superposés: celui du Plan d’Aval date de 1950 et a 34 m de haut et 305 de long, celui du Plan d’Amont date de 1956 et est un peu plus grand (47 m et 350 m); le premier retient un lac de 21 ha et 4 Mm3, le second un lac de 32 ha et 8 Mm3. Le village est également perché en adret, à 1 490 m,au-dessus du défilé de l’Arc, et entouré comme Avrieux de forts, construits par les Sardes entre 1817 et 1834, qui devaient tenir la barrière de l’Esseillon; mais ils n’ont jamais servi. Une maison de l’artisanat et un musée agropastoral sont ouverts au village; parc archéologique des lauzes (pierres gravées 700 ans avant notre ère), animations et restauration au fort Marie-Christine. Aussois a dépassé 700 hab. en 1861 et en 1901, s’est dépeuplée jusqu’à 330 hab. en 1936 et en 1968, et sa population augmente depuis. Elle a gagné une quarantaine d’habitants de 1999 à 2006, et Aussois compte 810 résidences secondaires (290 résidences principales). Trois communes également complètent le canton en aval de Modane, mais elles sont plus petites que celles d’amont. Le finage de Saint-André (460 Saintandrenins, 3 084 ha dont 596 de bois), à 1 080 m, atteint au nord la pointe de Thorens (3 264 m) et culmine à 3 407 m à la pointe du Bouchet. Il contient une partie du glacier de Chavière et le champ de tir de Polset-Sapey. L’adret au-dessus de l’Arc est peuplé d’une quinzaine de hameaux dotés de nombreuses chapelles et de petits musées ruraux. Au sud-est au-dessus de Modane, le fort du Sapey, très différent des forts sardes d’Aussois et Avrieux, fait partie du système Séré de Rivières et date de 1893; on s’y est battu au moment de la libération de Modane en 1944. La commune a eu plus de 1 000 hab. au 19e s. et jusqu’en 1921, et s’est dépeuplée jusqu’en 1990; elle a autant de résidences secondaires que de résidences principales (180). En face de Saint-André, la petite commune de Freney (85 Freneylins, 1 113 ha dont 392 de bois, à 1 030 m) monte en ubac jusqu’à la pointe des Sarrasins et au Grand Fion (2 791 m) dans un petit cirque orné de jolis lacs; sa population a culminé à 530 hab. en 1906 et n’a pas cessé de diminuer depuis. Fourneaux (900 Forniolins, 504 ha dont 180 de bois) est dans la vallée à 1 050 m, et jointive de Modane juste en aval de la gare de triage; église moderne, Intermarché (30 sal.). Le finage est peu étendu mais va aussi, en ubac, jusqu’à la pointe des Sarrasins. Fourneaux, qui n’avait pas 200 hab. avant l’intégration de la Savoie à la France, est montée à 1 500 hab. dès 1886, 2 000 en 1936; la guerre l’a vidée, puis elle a retrouvé 1 800 hab. en 1962 mais la population chute depuis et a encore perdu 85 hab. de 1999 à 2007. |