Aléria (Aleria)

(2 190 Aleriacci, 5 833 ha) est une commune à l’est de la Corse, 70 km au sud de Bastia sur la N198, au cœur de la Plaine Orientale, dite aussi Plaine d’Aléria. Elle est le siège de la communauté de l’Oriente. Le Tavignano traverse la commune, qui contient son delta, des marais au sud et le vaste étang de Diane au nord; plastiques Corstyrène (45 sal.), charpentes Kallyste (Gipen, 20 sal.); constructions Corse Travaux (40 sal.) et Codone (25 sal.), carrières et bétons ABC (Agrégats Béton Corse, 45 sal.); vinification UVIB (60 sal.); supermarché E. Leclerc (35 sal.). La population a augmenté de 180 hab. depuis 1999.

À l’ouest, l’étang de Teppe Rosse est un lac-réservoir aménagé pour l’irrigation des cultures de la plaine. La partie méridionale de la commune est occupée par le domaine pénitencier de Casabianda, assorti d’une réserve naturelle depuis 1951. Il existe depuis 1880 et a été installé dans une région alors insalubre en proposant aux détenus une activité agricole; il dispose de 1 800 ha et 214 places, et n’a aucune clôture, mais se flatte de n’avoir connu aucune évasion; les détenus sont majoritairement des condamnés pour crimes sexuels, issus de milieux généralement frustes, et qui sont employés aux travaux agricoles.

La principale agglomération de la commune est Caterragio, sur la grand-route sur la rive nord du fleuve. Un peu plus d’un kilomètre au sud, au confluent du Tagnone, Aléria proprement dite est au milieu des fouilles qui font revivre son illustre passé; le fort Matra, construit au 15e siècle et restauré, y abrite le musée archéologique départemental Jérôme Carcopino. Aléria, en effet, succède à une première fondation coloniale des Grecs de Phocée, en 565 av. J.-C., nommée Alalia. Les Étrusques en -535, les Siciliens en -453, les Carthaginois en -280 ont tour à tour pris possession d’Alalia. Les Romains l’investirent en -259 et choisirent d’en faire une place forte, créant Portus Dianæ comme port de guerre, d’où vient le nom de l’étang de Diane. Sept cents ans après, ce sont les Vandales qui ruinèrent la ville en 465 de notre ère, et Aléria abandonnée fut peu à peu ensevelie sous les limons des crues du Tavignano et du Tagnone; l’insalubrité des marais et des étangs fit le reste. Il subsistait néanmoins au 16e s. une piève d’Aléria au nord du Tavignano.

La commune d’Aléria a été créée en 1824; mais Aléria n’a commencé à revivre vraiment qu’avec l’assainissement de la plaine après 1945, puis sa mise en valeur sous les efforts de la Somivac, de rapatriés et d’agriculteurs corses des environs. Les fouilles ont commencé en 1955 seulement et ont dégagé de nombreux restes de plusieurs époques, dont une nécropole préromaine et tout un ensemble romain avec forum, temples et bains.

L’étang de Diane occupe 600 ha; à son exutoire sur la mer s’élève la tour de Diane; l’île des Pêcheurs est ce qui reste d’un énorme tas d’huîtres accumulé aux temps romains, quand l’on exportait vers Rome des huîtres écalées et salées. Une entreprise a relancé avec succès la production de coquillages dans l’étang, affinant des huîtres plates importées de Bretagne et produisant également moules et clovisses. Le reste du finage a de la vigne (408 ha) et des agrumes.