Ardennes (massif des)

bloc de terrains anciens relativement élevés, étendu surtout en Belgique, partiellement au Luxembourg et en France. En France, il occupe un tiers du département des Ardennes et s’étend jusque dans le département du Nord autour de Fourmies. Le nom a pour origine un vieux terme celtique évoquant une hauteur boisée, art. Il s’emploie volontiers au singulier: on parle localement de l’Ardenne.

Le massif ardennais est un morceau du socle ancien, aplani, basculé vers le nord-ouest, prolongé au nord-est par le Massif schisteux rhénan. Il résulte de plissements très anciens, rabotés à plusieurs reprises et qui donnent à son relief une structure rubannée ouest-est, de part et d’autre d’un anticlinal qui passe par les Hauts-Buttés et Rocroi. Les roches dominantes sont des schistes, accompagnés de phyllades et de grès, avec quelques quartzites et conglomérats; de nombreuses ardoisières ont été exploitées.

Le massif culmine en France à 504 m à la Croix Scaille (Les Hautes-Rivières). Il est traversé du sud au nord par la vallée profondément encaissée de la Meuse, qui enfonce dans le massif de larges et profonds méandres; la Meuse a suivi depuis longtemps la pente générale d’une surface d’érosion vers la mer du Nord, et s’est encaissée pendant le soulèvement du massif au tertiaire; elle y a d’ailleurs eu un autre cours entre Pont-à-Bar et Nouzonville par Gespunsart. La Semoy rejoint la Meuse à Monthermé par une vallée aussi ample et encaissée, qui ajoute à l’attrait des sites. Le reste du plateau est très plat, surtout à l’ouest vers Rocroi, et parsemé de bas-fonds humides et marécageux, les fagnes en Belgique, les rièzes dans l’Ardenne française. Il est couvert d’une vaste forêt où dominent les hêtres, mais qui a longtemps souffert d’une surexploitation par l’industrie.

Le massif, en effet, disposait de quelques ressources minérales, du bois et de la force motrice des eaux; or il a pu bénéficier d’un apport de capitaux liégeois menacés et quittant la ville belge. Aux 17e et 18e siècles, ses habitants ont pu se consacrer à la métallurgie, dont certaines formes ont été durables. L’Ardenne s’est ainsi spécialisée dans la fonderie de fonte, la visserie et la boulonnerie, l’outillage à main, et de quelques activités dérivées plus récentes comme l’appareillage électroménager et les fournitures pour l’automobile. L’agriculture est très mineure, et orientée vers l’élevage bovin.

Le tourisme bénéficie des sites meusiens et de quelques curiosités du passé comme la citadelle de Rocroi, mais il est très limité par la brièveté relative de la saison estivale et l’image même d’une contrée industrieuse au climat un peu maussade en raison de sa latitude et de son altitude relative. Le massif a également été marqué par les guerres, notamment la dernière qui vit la dernière offensive désespérée et meurtrière des armées allemandes. L’œuvre d’André Dhôtel et Un Balcon en forêt de Julien Gracq sont de précieuses évocations de l’Ardenne — sans comparaison avec les poèmes de Rimbaud, dont le souvenir est actuellement choyé dans une Charleville qu’il détestait, et qui se souciait assez peu de l’Ardenne.