Argentan

(14 500 Argentanais, 1 818 ha) est une sous-préfecture du département de l’Orne, 42 km au nord d’Alençon, au bord de l’Orne. Proche des reliefs que couronne la forêt de Gouffern, la ville domine une assez large plaine qui prolonge celle de Caen sur l’axe qui relie Caen à Alençon et au Mans. Un éperon calcaire a servi de support à une citadelle de 16 tours, l’Enclos, établie au début du 12e siècle; il reste un donjon et une tour de cette époque, un château du 14e à tours carrées devenu palais de justice, une église flamboyante (15e-17e s.) et des témoins d’une abbaye, ainsi que de nombreux hôtels particuliers des 17e-18e siècles, lorsque Argentan était un habitat de l’aristocratie locale et de la bourgeoisie de robe. La ville sut inventer elle aussi un point de dentelle (1671) et réussit un moment dans cette fabrication, ainsi que dans celle des cuirs et des parchemins; un musée des Dentelles et du point d’Argentan le rappelle; un autre musée honore le souvenir du peintre Fernand Léger (1881-1955) dans sa maison natale; Argentan est aussi une ville fleurie (trois fleurs). Vers le sud, une longue file de maisons forme le faubourg de Mauvaisville le long de la Baize, rive droite, qui rejoint l’Orne juste à l’ouest de la ville.

Argentan dispose de plusieurs lycées et collèges publics et privés (4 BTS, un Institut d’enseignement rural), d’un centre hospitalier (150 lits) et d’un institut médico-éducatif, d’une maison familiale rurale; tribunal d’instance. Dans l’ensemble, les difficultés de l’emploi ont été assez accusées au cours des dernières années, plus même qu’à Alençon. Passé par diverses vicissitudes, dont l’abandon de Moulinex, son patrimoine industriel était supérieur à celui d’Alençon, du moins dans les moyennes entreprises; mais la ville a très durement ressenti la fermeture successive de ses deux principales usines, MIC (Mécanique Industrie Chimie), appartenant au groupe allemand Jungheinrich et fabriquant du matériel de manutention avec 400 emplois, et la fonderie de métaux légers APM (ex-Valfond), qui en eut plus de 300.

Dans le même secteur, se maintiennent Magneti Marelli (210 sal., éléments de moteurs, au groupe Fiat) et la carrosserie Gifa (40 sal.). Dans un tout autre domaine, la fabrique de glaces et sorbets Ysco, ex-Seges-Frigécrème, à un groupe coopératif belge après être passé par Motta, Miko et Unilever, emploie 230 personnes. Les autres principales unités sont l’imprimerie Graph 2000 (40 sal.), les plastiques Amcor (100 sal., films alimentaires Speed), les bâches et voiles Borney (40 sal.); automates de pharmacie Mekapharm Apoteka (40 sal.), mécanique Technibelt (20 sal.) et EE Production (20 sal.), menuiserie Chalufour (20 sal.); fabrique d’aliments du bétail Saniccopa (20 sal.); analyses médicales du Val d’Orne (40 sal.).

Dans les services et commerces, transports frigorifiques Le Calvez (TFA, 100 sal.), surgelés Toupargel (85 sal.); installations électriques GTCA (30 sal.) et thermiques Sani Chauffage (30 sal.), travaux publics Eurovia (35 sal.), transports Bonard (40 sal.) et Damois (40 sal.) et transports par bus Veolia (30 sal.); négoce agricole Sermix (55 sal.) et Appro-Vert (25 sal.); nettoyage Samsic (150 sal.); services domestiques Home Perfect (25 sal.), publicité Adrexo (30 sal.), comptabilité Fiteco (35 sal.).

Argentan a un aérodrome (code LFAJ) avec aéroclub et piste gazonnée de 1 000 m , un hippodrome et un centre aquatique, deux campings. Elle est desservie par une gare; hypermarché Leclerc (200 sal.), supermarchés Carrefour (40 sal.) et Intermarché (110 sal.), magasins Bricomarché (35 sal.), Wilhelem (habillement, 30 sal.); La Poste (130 sal.). Dans la campagne au sud-est de la commune a été mis en service en 1991 un gros centre de détention régional, de 640 places. Une zone urbaine sensible a été délimitée à l’est du centre (Saint-Michel). Argentan avait un peu plus de 6 000 hab. au 19e s., puis 8 300 en 1954 et sa population a fortement augmenté entre cette date et 1980 où elle dépassé 17 000 hab.; elle est restée à ce niveau jusqu’en 1999 mais elle aurait perdu 2 950 hab. depuis.

La communauté de communes dite Argentan Intercom rassemble 49 communes et 34 100 hab. L’unité urbaine d’Argentan (Insee) est évaluée à 15 000 hab. (3 communes), l’aire urbaine à 24 600 (19 communes). L’arrondissement a 110 200 hab., 123 communes, 190 40 ha.

Les deux nouveaux cantons d’Argentan se partagent la commune; le canton 1 lui ajoute 15 communes (13 400 hab.), le canton 2 en ajoute 20 (14 000 hab.).

Dentelles de prestige. Argentan et Alençon furent de hauts lieux de la dentelle fine, où l’on inventa même des façons censées améliorer le point de Venise. Celui-ci fut introduit au 16e siècle et l’artisanat occupa des centaines de femmes travaillant pour la noblesse normande. Colbert fit établir une manufacture à Alençon en 1665. Un point d’Argentan semble avoir été inventé en 1671; il se distingue par des mailles boutonnières en alvéoles hexagonaux. De leur côté, les dentellières d’Alençon élaboraient peu à peu un point d’Alençon, sous l’impulsion de Marthe de la Perrière, dont les productions très élaborées se signalent par la profusion du décor, et le coût élevé. Dans les deux cas le travail est entièrement fait à l’aiguille, sur fil très fin. Aussi avait-il décliné avec l’effacement de la noblesse, avant un renouveau momentané sous le Second Empire et ses fastes de cour.

La dentellerie est à présent au rang des œuvres d’art maintenues, mais non de l’emploi industriel. Argentan a une Maison de la Dentelle et du Point d’Argentan, dotée d’un centre de formation aux dentelles et broderies. Alençon a depuis 1903 une École dentellière, devenue en 1976 Atelier national du Point d’Alençon, relevant du ministère de la Culture; un musée de la dentelle et du Point d’Alençon a été ouvert en 1930; un autre, dénommé Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, présente un éventail plus large de façons.

On peut suivre en Basse-Normandie une «route des Dentelles», qui passe par les deux villes et par Bayeux, laquelle a sa propre façon de dentelle de soie noire faite aux fuseaux; Caen, où l’on élaborait la blonde de Caen (soie à fuseaux); Courseulles, spécialiste de la soie polychrome aux fuseaux; Villedieu-les-Poêles, qui a une maison de la Dentellière et se distingue par ses motifs floraux de trèfle, rose et marguerite; enfin le village de La Perrière dans le Perche, orienté vers les filets brodés et les mailles carrées et qui entretient un atelier à la mairie.