Armagnac

contrée de Gascogne et ancienne seigneurie, qui fut comté en 960. Si l’Armagnac est surtout étendu dans le département du Gers, ses contours sont changeants et d’autant plus mal définis que le nom a fini par se confondre avec l’eau-de-vie de vin et donc le vignoble qui soutiennent sa renommée. Le Haut-Armagnac est celui de l’ancien chef-lieu, Auch, au centre du département du Gers; il est parfois dit Armagnac Blanc en raison des affleurements de corniches, tables et sols calcaires. Le Bas-Armagnac est à l’ouest du Gers et déborde sur les Landes en Gabardan; il est parfois appelé Armagnac Noir en raison de ses boisements. Entre les deux, on distingue en général la Ténarèze et le Fezensaguet (ou Fezensac).

Les terrains sont ceux de l’éventail de vallées modelées dans les dépôts sédimentaires tertiaires du Bassin d’Aquitaine, entre la Gimone à l’est et l’Adour au sud-ouest; ces terrains sont de plus en plus calcaires vers l’est, sableux et bas vers l’ouest. L’habitat y est extrêmement dispersé et les bourgs restent de taille très modérée. Les activités industrielles sont rares, l’agriculture est à dominante céréalière avec des élevages de volailles, porcs et veaux et une activité non négligeable dans la conserve. C’est aussi la partie la plus viticole du département, mais la vigne, dans l’ensemble, n’y couvre pas 10% des terres cultivées.

Après plusieurs vicissitudes, trois communautés de communes en ont adopté le nom: Armagnac Adour au sud autour de Riscle (25 communes, 6 800 hab., 29 700 ha), Bas-Armagnac autour de Nogaro (26 communes, 8 500 hab., 23 700 ha), Grand Armagnac au NO autour de Cazaubon (25 communes, 13 200 hab., 26 700 ha). De nombreuses communes se nomment «en Armagnac» ou «d’Armagnac».

Le vignoble d’armagnac a suivi une évolution parallèle à celle du vignoble de Cognac, pour des raisons voisines: vins médiocres portant à la distillation, demande des Anglais et Hollandais en brandevin; mais ce fut avec moins d’intensité et de concentration de capitaux. La production reste assez dispersée, les effets de marques sont bien moindres, la qualité est moins constante tout en pouvant dépasser en fruité celle des meilleurs cognacs. L’AOC armagnac remonte à 1909 et a été précisée en 1936; elle déborde sur les départements voisins des Landes et du Lot-et-Garonne. Elle se divise en bas-armagnac, armagnac-ténarèze et haut-armagnac; le bas-armagnac, autour d’Eauze et Nogaro (environ 7 500 ha), comprend une sous-appellation de qualité grand bas-armagnac pour une dizaine de communes. Le bas-armagnac correspond à des sols un peu plus sableux, et à des eaux-de-vie plus fruitées et plus fines; l’armagnac-ténarèze à des terroirs plus argilo-calcaires, autour de Condom et Vic-Fezensac (environ 5 500 ha); le haut-armagnac, à l’est et au sud-est, très calcaire, n’a qu’une petite production sur quelques dizaines d’hectares et l’adjectif n’a qu’une valeur géographique, qui n’implique aucune qualité supérieure. L’appellation bas-armagnac et la communauté de communes du même nom n’ont pas les mêmes contours, bien qu’elles partagent le même chef-lieu, Nogaro.

Le cépage dominant, ugni blanc, est le même qu’en AOC cognac; il est complété notamment par le baco (sur les sables), le colombard (en progrès), et la folle blanche (picpoul), en déclin. Une appellation blanche-armagnac a été admise en 2006 pour des eaux-de-vie incolores; toutes les autres doivent passer en futs de chêne, pour un vieillissement de deux ans au moins, 5 ans pour le VSOP, 6 ans pour le XO, 10 pour le Millésimé. La production annuelle est d’environ 15 000 hl, dont un tiers à l’exportation. Un peu plus d’un tiers des ventes en France vont vers les diverses fabrications utilisant de l’armagnac, dont 1 400 hl pour celle du floc de gascogne, un «vin de liqueur» équivalent du pineau charentais, apparu en 1954, protégé par une AOC de 1990 et dont la production annuelle est d’environ 1 300 000 cols (200 producteurs dont 6 coopératives). Les principaux importateurs d’armagnac sont dans l’ordre l’Espagne, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne et l’Italie.