Bayonne

(51 940 Bayonnais, 2 168 ha) est une sous-préfecture des Pyrénées-Atlantiques, 110 km à l’ouest de Pau, près de l’embouchure de l’Adour, sur la rive gauche. C’est l’ancienne Lapurdum (= Labourd), place forte et port, devenue au 12e s. Baiona, soit «auprès de la rivière». Bayonne a connu deux grandes phases de prospérité avant la période actuelle. Elle a relevé de l’union anglo-gasconne du milieu du 12e s. au milieu du 15e s., et en a tiré un bon parti au moins jusqu’à l’abandon du port, ensablé, au 14e s. Le port fut rétabli en 1578 grâce à des travaux de détournement de la Nive et de l’Adour, et Bayonne devint une base de corsaires et un port atlantique actif aux 17e et 18e s. Arthur Young a vu alors en elle «la plus jolie ville de France»; elle avait 12 000 hab. en 1790, bien plus que Pau. Sa population s’est stabilisée à 27 000 hab. dans le dernier tiers du 19e siècle, a lentement progressé ensuite (32 500 autour de 1950), a connu une flambée dans les années 1960 puis a un peu baissé avant de se stabiliser. Mais elle aurait augmenté de 10 160 hab. depuis 1999 (+24%).

Le centre-ville, enserré dans l’enceinte de Vauban, associe le Grand Bayonne sur la rive gauche de la Nive et le Petit Bayonne, quartier d’artisans, de bistrots et de musées sur la rive droite; un Nouveau Bayonne s’est étendu côté ouest au-delà du Grand Bayonne, avec immeubles collectifs et administrations. Le Grand Bayonne abrite la cathédrale des 13e-16e s., des restes de fortifications, le Château Vieux (13e s.), de belles façades protégées, un centre piétonnier, une cité administrative et un jardin botanique, l’hôtel de ville et les halles. En face, de l’autre côté de la Nive, musée basque et musée Bonnat (beaux-arts), hôtel du département, et l’IUT dans le Château Neuf (15e s.). Sur l’autre rive de l’Adour, un quatrième ensemble est formé par la puissante citadelle (toujours occupée par l’armée), qui domine le vieux quartier Saint-Esprit, ancienne commune intégrée en 1854, où s’était établie jadis une colonie de juifs chassés d’Espagne.

De la sorte, Bayonne présente des quartiers assez bien caractérisés. Le centre en comprend trois sur la rive gauche de l’Adour: le Petit Bayonne avec le Château Neuf, les musées, des cafés et restaurants et un aspect populaire et touristique; le Grand Bayonne marchand et administratif avec le Château Vieux et la cathédrale; le Nouveau Bayonne en aval avec la sous-préfecture, les arènes et des bureaux. Lui répondent trois ensembles sur la rive droite: le mont de la Citadelle face au Grand Bayonne, Saint-Esprit populaire, cosmopolite et commerçant en amont, et la zone d’activités Saint-Frédéric à l’est près de l’accès autoroutier.

Au-delà vers le nord, se distinguent d’autres quartiers: Saint-Bernard dans la plaine de rive droite de l’Adour en aval; Saint-Étienne et Sainsoutan au nord de la citadelle, associant HLM, villas et cimetières dont un cimetière juif; le grand ensemble d’habitations de Sainte-Croix plus à l’est (1 100 logements des années 1965-1975 dits les Hauts de Bayonne); la zone industrielle Saint-Étienne à l’angle nord-est; un ensemble de pavillons sur les buttes de Sanguinat et du Grand Basque au sud-est. Les fonds restent bocagers, l’habitat se cantonnant aux sommets des collines. Au sud de l’Adour, le centre-ville est entouré à l’ouest par la zone d’activités du Pontet et du Forum, un secteur d’habitations au sud-ouest (Saint-Amand), un autre dominant la Nive autour de la butte de Marracq, tandis qu’entre Nive et Adour à l’est, dans le quartier de Mousserolles, l’occupation du sol est plus disloquée par le relief, entre l’hôpital et la cité de Limpou.

Bayonne a des festivals de théâtre latino-américain et de jazz. L’Aviron Bayonnais est un club sportif célèbre dans le monde du rugby: créé en 1904, champion de France en 1913, 1934 et 1943, puis affaibli, il est revenu au premier plan en 2005, fluctuant ensuite (70 salariés). La ville a une unité universitaire de sciences humaines (1 100 étudiants) et un IUT (950 étudiants) de l’université de Pau et des Pays de l’Adour, cinq collèges publics et deux privés, quatre lycées publics et trois privés, un régiment d’infanterie de marine. Ses commerces et services (hôpital de 500 lits, cliniques, dont Belharra, 520 sal. en trois établissements, et Delay, 160 sal.) rayonnent sur la moitié occidentale du département et dans les Landes: cette ville qui fut gasconne fait aujourd’hui figure de capitale du Pays Basque.

Les principaux magasins sont un centre Leclerc (190 sal.), Leroy-Merlin (220 sal.), Carrefour (55 et 50 sal.), Intermarché (65 sal.), les Galeries Lafayette (70 sal.), Darty (55 sal.), But (50 sal.), Fnac (45 sal.); distribution d’électricité Enedis (150 sal.), de gaz GDF (85 sal.), de chaleur Dalkia (45 sal.); négoce de vins Larzabal (50 sal.); BNP (55 sal.) et banque Inchauspe (45 sal.), recouvrements Hoist (50 sal.), informatique CapGemini (65 sal.); publicité Adrexo (80 sal.), aide à domicile APR (65 sal.), formation d’adultes Afec (200 sal.); nettoyage Onet (510 sal.), Marietta-Semar (70 sal.), 2M Basconet (70 sal.); transports de fonds Brinks (55 sal.), plusieurs garages. Les transports urbains Keolis emploient 330 salariés; transports routiers Lataste (50 sal.).

Bayonne a peu d’industries dans la commune: les fabriques de plastiques et de cassettes ont disparu, comme l’ancienne fonderie de Mousserolles; ne se signalent guère que la menuiserie Labastère (85 sal.), cartonnages Larre (45 sal.), emballages plastiques CEP (45 sal.), métallerie DL Pyrénées (45 sal.), mécanique Sepco (40 al.) et les équipements thermiques GDF-Suez (150 sal.); la plupart des employeurs industriels sont alentour à Tarnos, Boucau, Mouguerre et surtout Anglet.

Bayonne est aussi connue pour des spécialités de bouche. La plus célèbre est celle du «jambon de Bayonne», dont les conserveries sont en partie dispersées alentour et dont le centre névralgique est en fait Arzacq-Arraziguet. La chocolaterie est une autre spécialité, d’origine historique puisque c’est par Bayonne que le chocolat a fait son apparition en France; plusieurs petites fabriques dont Andrieu (35 sal.) et l’Atelier du Chocolat en assurent la permanence. La liqueur Izarra, créée en 1835 et maintenant au groupe Cointreau, est également bayonnaise.

Le jambon de Bayonne. Très ancienne spécialité locale, le jambon de Bayonne bénéficie depuis 1998 d’une IGP (indication géographique protégée), assez généreuse puisqu’elle est étendue à 22 départements du quart sud-ouest de la France, jusqu’en Corrèze, Cantal et Pyrénées-Orientales. L’initiative en est revenue à l’INPAQ (Interprofession porcine d’Aquitaine). Un Consortium du jambon de Bayonne a été créé en 1994. Les principaux producteurs sont toutefois dans les Pyrénées-Atlantiques et les Landes et la zone de salaison est limitée au bassin de l’Adour. La durée de séchage minimale est fixée à 9 mois. C’est en fait à Arzacq-Arraziguet près de Pau que se trouvent le centre et les institutions de l’IGP, qui comprennent un musée. La production est d’environ 9 000 t/an, soit un cinquième de la production française de jambons. Une foire aux jambons se tient à Bayonne depuis 1462.

Le port, étendu le long de l’Adour en aval de la ville, jusqu’à Tarnos, est le débouché d’une conduite de Lacq et reçoit en stockage des automobiles Ford et General Motors importées d’Espagne; il est le premier port français d’exportation de maïs. Son trafic total annuel est d’environ 4,2 Mt, dont 2,8 aux exportations; en tête viennent les produits métallurgiques de l’Aciérie de l’Atlantique (plus d’un million de tonnes, mais à Tarnos) et les exportations de maïs vers l’Espagne (variant entre 800 000 et 1 000 000 t), les hydrocarbures raffinés en provenance de Donges (800 000 t), les engrais (500 000 t), le soufre de Lacq (env. 400 000 t rive gauche, à Blancpignon, mais en net déclin), enfin des bois, tropicaux aux entrées et landais aux sorties.

Bayonne est depuis 2017 le siège de la communauté d’agglomération du Pays Basque, qui groupe 158 communes, 300 300 hab. sur 296 800 ha. L’agglomération physique dépasse 150 000 hab. (191 000 pour l’unité urbaine Insee) et inclut tout le port, avec de grandes usines à Anglet, Boucau, Mouguerre et Tarnos, celle-ci landaise, ainsi que l’aéroport intercommunal Biarritz-Anglet-Bayonne (v. Biarritz). Trois nouveaux cantons portent le nom de Bayonne; le premier (20 700 hab.) associe à une partie de Bayonne une partie d’Anglet; le deuxième (27 400 hab.) contient une fraction de Bayonne et Boucau; le troisième se limite au reste de Bayonne (25 700 hab.). L’arrondissement de Bayonne a 293 600 hab., 122 communes. L’Insee attribue généreusement à la ville une aire urbaine de 27 communes et 236 700 hab., allant jusqu’à Hendaye incluse, une aire urbaine de 60 commune 297 400 hab., couvrant tout le Labourd jusqu’à la frontière.