Chinon

(8 570 Chinonais, 3 902 ha dont 230 de bois) est une sous-préfecture d’Indre-et-Loire à 45 km SO de Tours, sur la rive droite de la Vienne. Chinon, «ville insigne, ville noble, ville antique, voire première du monde», pour Rabelais, «Chinon, petite ville grand renom» selon son vieux blason transcrit par Rabelais au Cinquième Livre, est un bourg plutôt tranquille au pied de sa célèbre et vaste forteresse démantelée de 400 m de long, aux nombreuses tours. Son nom pose problème; probablement précelte, sa racine de forme k*n a pu désigner la hauteur, l’escarpement.

Le «château» domine la Vienne; il fut déjà un castrum à remparts à l’époque gallo-romaine. Il a été repris aux temps carolingiens, refait aux XIe-XIIe s., et remanié jusqu’au milieu du XVe s. Il conserve un donjon et une sorte de parc aux multiples ressources, ainsi que les Logis Royaux et un musée Jeanne d’Arc; il se divise en trois sous-ensembles, le fort du Coudray à l’ouest, le château du Milieu terminé à l’est par l’étroite Tour de l’Horloge, le fort Saint-Georges à l’est, par où l’on entre. Il reçoit environ 140 000 visiteurs par an et vient d’être l’objet d’une rénovation réussie. Henri II Plantagenêt puis son fils Richard Cœur de Lion s’y éteignirent (1189 et 1199), Charles VII y installa sa cour en 1427, Richelieu en devint le maître deux siècles plus tard.

En contrebas, la vieille ville a de nombreuses et fort belles maisons anciennes, certaines à pans de bois et briques, un musée d’arts et histoire du Vieux Chinon (le Carroi), ainsi qu’un musée animé du vin et de la tonnellerie, une Maison de la Rivière; collégiale du Xe siècle, hôtel Poirier de Beauvais (XVIe), palais du Bailliage (XVe), chapelle troglodyte Sainte-Radegonde à fresques (XIe), réseau des Caves Painctes sous le château.

Chinon est une ville bien équipée, «station verte de vacances», qui a diversifié ses activités. Elle a un collège et un lycée publics, collège et lycée privé, lycée professionnel public, clinique (70 lits), institut médico-éducatif (60 places), centre d’aide par le travail, plusieurs maisons de retraite. L’hôpital, qui fut fondé pour l’armée américaine en 1951, est un peu à l’écart au nord-est, dans les bois de la commune de Saint-Benoît-la-Forêt, où il emploie un millier de personnes. Chinon a des festivals de jazz, de bandes dessinées, de guitare, de cinéma et diverses fêtes; on y visite le Jardin d’Elsie. Elle honore son vignoble d’AOC, promu par une confrérie des Entonneurs rabelaisiens qui se réunit sous les voûtes des Caves Painctes, déjà flattées par Rabelais, et célèbre bien entendu le folklore rabelaisien et ses épopées. Le vignoble d’AOC a été délimité en 1937 sur 1 800 ha, dans 19 communes, dont quelques-unes au sud de la Vienne; il s’étend à présent sur 2 400 ha et produit environ 110 000 hl par an, dont 85% en rouge (cabernet franc, dit breton), 13% en rosé; le blanc vient du chenin. Les viticulteurs de la commune déclarent 340 ha cultivés.

Chinon a peu d’industrie, mais y réunit 700 emplois sur trois zones d’activités. Elle a un centre Leclerc (180) et un supermarché U (45), négoce de vins LVVD (60 sal.); quelques entreprises de bâtiment dont les charpentes Boussiquet (40 sal.), la maçonnerie Jaillais (30 sal.); emballages en bois Sib (30 sal.), nettoyeurs Dimaco (25 sal.); travaux publics Eurovia (60 sal.) et Hegron (30 sal.); dans les services, entretien nucléaire OMS (40), nettoyage urbain Suez RV (45 sal.); formation d’adultes Onet (280 sal.), conseil A2MO (45 sal.); un centre d’aide par le travail. La Poste (45 sal.). La population s’est tenue entre 6 000 et 7 000 hab. durant tout le XIXe siècle, 5 500 hab. en 1931, a crû dans les années 1960 et 1970; elle a perdu 540 hab. depuis 1999.

Le finage de Chinon s’étend des deux côtés de la Vienne. Au sud, le pont Aliénor d’Aquitaine traverse la Vienne en s’appuyant sur l’île de Tours, qui a surtout des jardins familiaux. Sur la rive gauche, la commune a projeté le Faubourg Saint-Jacques qui accueille un lycée, un parc de loisirs avec camping (l’Île Auger), des installations de sports et un plan d’eau d’ancienne sablière. Le finage s’étend largement sur cette plaine de rive gauche, qui accueille l’hippodrome de Grigny, quelques entreprises au Clos de Grésil et le hameau routier de Saint-Lazare. Incluant le hameau de Parilly au sud, il grimpe sur le coteau méridional, qui porte les châteaux de la Vauguyon (XVe et XIXe) et de Vaugaudry (XIXe).

Sur la rive droite à l’est, le territoire communal s’étend dans le val de Vienne. Au nord-est, il touche à la forêt de Chinon; le plateau porte des vignes et, de part et d’autre de la route de Tours (D751), le parc d’activités des Plaines des Vaux, la zone commerciale du Blanc Carroi et l’urbanisation de Rochambeau. Au nord du château, se sont peuplés entre les vignes des quartiers de pavillons (Saint-Jean, les Closeaux, la Vallée Froide, la Rochelle) et le gros hameau de Saint-Louans, contournés par la grande rocade de la D751, qui franchit la Vienne 3 km en aval de la ville.

Au nord de la rocade, se retrouvent des vignes, dont celles du lycée agricole (les Fontenils, Trotte-Loup) et du château de la Grille (XVIIe, ferme des XVe-XVIe). De petites buttes dites «puys du Chinonais», restes d’un pli anticlinal du Véron, portent des formes de végétation subméditerranéenne sur des sables du Turonien supérieur, notamment des orchidées. Quatre de ces buttes ont été achetées par le Département en 1981-1984: à Chinon le Puy Besnard, la Colline-aux-Sablons, la Butte-aux-Chilloux (cailloux), à Beaumont-en-Véron le Puy du Pérou («pierreux»). La forêt domaniale de Chinon (5 230 ha) se situe au nord-est de la ville, sur le bas plateau couvert d’argile à silex entre Vienne et Loire, jusqu’à Azay-le-Rideau. Au pied du coteau, de nombreuses carrières de tuffeau ont été exploitées en forme de cavernes et fournissent quantité de sites troglodytiques, non sans risques d’éboulements.

Chinon fait partie de la communauté de communes Chinon, Vienne et Loire. L’arrondissement, agrandi au nord en 2017, a 103 700 hab., 106 communes, 229 400 ha. Le nouveau canton de Chinon associe les anciens cantons de Chinon et d’Azay-le-Rideau, soit 27 communes et 35 200 hab.; limité au nord par la Loire, il est voisin des départements du Maine-et-Loire et de la Vienne et englobe la forêt de Chinon et la plus grande partie de la forêt domaniale de Fontevraud.