Haute-Garonne (département de la)

département au centre de l'Occitanie, qui a pour préfecture Toulouse, également préfecture de région et siège du Conseil régional; les sous-préfectures sont Muret et Saint-Gaudens. Le territoire mesure 6 309 km2. Il comprend 587 communes, regroupées en trois communautés d’agglomération et 14 communautés de communes. Il compte aussi 27 nouveaux cantons (entre 43 000 et 58 000hab.) dont 11 portent le nom de Toulouse.

La Haute-Garonne, étirée dans le sens sud-nord, a pour axe la haute vallée de la Garonne; elle est frontalière de l’Espagne, et limitrophe des départements de l’Ariège, des Hautes-Pyrénées, du Gers, du Tarn-et-Garonne, du Tarn et de l’Aude.

Grâce au dynamisme de l’agglomération toulousaine, le département est l’un de ceux dont la croissance démographique est la plus forte en France Sa population avait assez peu varié durant plus d’un siècle, avec toutefois un premier maximum à 493 000 en 1866 et un creux vers 430 000 dans les années 1920, et a entamé une vigoureuse croissance dans la seconde moitié du 20e siècle, dépassant 700 000 hab. en 1970 et le million en 1998; elle était officiellement de 1 046 300 hab. en 1999, 1 348 200 en 2019, soit un gain de 302 000 hab. en vingt ans (+29%).

De forme allongée, le territoire est en fait double: une moitié nord-est, au dessin ramassé, correspond à ce qu’il est coutumier d’appeler le Toulousain et correspond à peu près à l’aire de forte attraction et impulsion de la métropole régionale; une moitié sud-ouest, plus rurale, plus boisée et au relief plus accidenté, lui rattache l’ancien Comminges, qui va de la vallée de la Save à celle du Salat et à la frontière d’Espagne. Mais ces deux parties ont elles-mêmes des paysages très variés. La moitié méridionale commence au sud par la montagne pyrénéenne, qui atteint 3 222 m au Perdighero, est traversée par la haute vallée de la Garonne qui sort du val d’Aran, et offre en Luchonnais à l’ouest du fleuve, et dans les Frontignes à l’est, de beaux paysages de reliefs glaciaires, de bois et d’estives, et des champs de ski très fréquentés, sous un climat assez arrosé. Au débouché de la montagne, la Garonne met en valeur le site de Saint-Bertrand-de-Comminges et oppose une large plaine alluviale, dite de Rivière, au plateau de Lannemezan qui la domine à l’ouest. Plus au nord s’allongent les longues serres des collines du Comminges, dont les rivières divergent en éventail à partir du Lannemezan, jusqu’au Savès que la Haute-Garonne partage avec le département du Gers. Vers l’est, les Petites Pyrénées rehaussent un peu le relief; elles ont révélé quelques ressources originales en archéologie (Montmaurin, Lespugue, Aurignac) et en hydrocarbures (Saint-Marcet), et sont sciées par la Garonne dans la cluse de Boussens.

À partir de là, la plaine de la Garonne s’élargit considérablement: son cours s’est infléchi vers l’est, laissant à l’ouest les larges plans de son escalier de terrasses, et mordant à l’est sur les collines de Terreforts. Le pays toulousain fait ainsi se succéder, d’ouest en est, une frange de reliefs boisés, découpés et caillouteux, sorte de marche qui marque la limite de la Gascogne et que l’on nomme Bouconne; les terrasses principales, peuplées d’alignements de villages, aux paysages ouverts et bien cultivés sur des sols de boulbènes et de limons, où s’étalent les industries, les équipements et les lotissements de l’agglomération toulousaine; à l’est, les collines céréalières des gras terreforts du Volvestre, du Toulousain et du Lauragais. Ces derniers sont divisés par la large plaine de la basse Ariège, le couloir plus étroit de l’Hers Mort qui mène aux pays méditerranéens, et au nord par la plaine du Tarn, qui reproduit à son échelle le système de terrasses garonnais et dont les cailloutis portent le vignoble du Frontonnais.

Le département appartient entièrement au domaine climatique atlantique: la végétation méditerranéenne n’apparaît guère avant Carcassonne à l’est; mais sa position méridionale et au pied de la montagne donne à son climat une certaine vigueur, qui n’est pas exempte de risques de sécheresses et de pluies torrentielles, ce qui a justifié des travaux de régulation des eaux et d’irrigation. La Haute-Garonne a un taux de boisement modéré (125 000 ha, environ 20%) et peu d’herbe: 44 000 ha, soit un huitième de la surface agricole. Sauf évidemment dans la montagne et à ses abords immédiats, les campagnes sont surtout céréalières et la vigne elle-même a peu de place: 2 600 ha dont la moitié en AOC. Les produits végétaux assurent les trois quarts de la production agricole.

Le territoire départemental flanque les deux rives de la Garonne sur plus de 170 km; celle-ci y a l’allure d’un torrent et n’est certes pas naviguée, mais ses abords sont un couloir de peuplement et un élément structurant de l’espace haut-garonnais. Ils sont desservis au sud de Toulouse, rive gauche, par la grande voie de communication qui va de Toulouse à Pau et Bayonne par Saint-Gaudens, Lannemezan et Tarbes; en aval de Toulouse, mais rive droite, par la réunion d’un axe vers Bordeaux et d’un autre vers Paris, qui divergent en Tarn-et-Garonne. Le troisième grand couloir part de Toulouse vers l’est; il prolonge ainsi la voie Bordeaux-Toulouse vers la Méditerranée, assurant la liaison des Deux Mers, plus fameuse comme utopie que pour ses échanges réels.

Les autres voies structurantes qui divergent de Toulouse sont d’un calibre inférieur; la principale va vers Albi, Rodez et théoriquement à Lyon; les autres vont vers Castres-Mazamet, vers Auch, et vers l’Ariège. La voie vers Auch n’avait guère d’horizon lointain, mais elle a été renforcée par le tracé à grand gabarit qui fut jugé nécessaire au cheminement des grosses pièces de l’Airbus A380 depuis Langon. La voie de l’Ariège a pris un peu d’ampleur depuis l’ouverture de l’Espagne et la croissance de la demande touristique vers Ax et l’Andorre, puis la Cerdagne, mais l’autoroute qui mène vers l’Andorre et la Catalogne a détourné les trafics à la sortie de Toulouse: elle a abandonné la basse vallée de l’Ariège et coïncide au départ avec l’axe méditerranéen.

Dans son ensemble, la Haute-Garonne est largement dominée par l’agglomération toulousaine, même si celle-ci est divisée en trois communautés d’agglomération différentes, pour ne pas dire opposées. Aussi sa structure sociale s’est-elle nettement rapprochée de la moyenne nationale, son peuplement se signalant par le remarquable dynamisme propre au grand arc qui va de Nantes à la Provence, et par la place éminente des technologies avancées, de la recherche et des formations universitaires, et de la néobourgeoisie des cadres et techniciens d’entreprises, insignifiante avant les années 1960.