Ille-et-Vilaine

département de la région Bretagne, à son extrémité orientale; préfecture Rennes, qui est également la préfecture de région; sous-préfectures Fougères, Redon, Saint-Malo et Vitré. Le département occupe 6 775 km2 et compte 345 communes, 4 arrondissements; les communes sont regroupées en 18 communautés. Le Conseil du département a conservé une majorité de gauche en 2015 (16 cantons sur 27). Sur huit députés, 4 sont LREM (majorité présidentielle), un socialiste, un Modem, deux de droite.

L’Ille-et-Vilaine est le premier département de Bretagne par sa population, sa densité, son taux de croissance, son produit brut ainsi que son produit par habitant et par emploi. Il le doit principalement au dynamisme de l’agglomération rennaise, l’un des plus élevés parmi les métropoles régionales françaises. La population du département est de 1 043 000 hab. (868 000 hab. en 1999, 799 000 en 1990 et 702 000 en 1975); elle était passée par un creux vers 560 000 hab. dans les années 1930, mais le maximum précédent, en 1891, n’avait été que de 627 000. Le produit brut est évalué à plus de 20 milliards d’euros, soit plus de 23 000 par habitant et 54 000 par emploi.

Le territoire de l’Ille-et-Vilaine a longtemps fait transition entre un Ouest français marqué par la persistance du fermage, de la tradition hiérarchique des campagnes, de l’herbe, des fortes natalités, et une péninsule bretonne bien plus ouverte et diversifiée dans ses activités et ses comportements, au moins sur ses littoraux. Ces différences se sont bien atténuées, et le département est désormais dominé par la puissance et l’étendue de la métropole rennaise. Pourtant, il lui reste dans ses structures quelques traits de l’organisation passée. Il est, de loin, le plus fortement métropolisé des départements bretons; en même temps, il a conservé des traces de son rôle de marche, plus que de frontière à proprement parler. Le réseau urbain est très dissymétrique. Rennes a de solides relais vers l’extérieur, encore marqués parfois par leur ancienne fonction de places fortes: Saint-Malo, Fougères, Vitré et La Guerche, Redon. Entre ces villes, toutefois, se placent en creux les restes des marches: marais de Dol, «Désert» de Louvigné, Mée vers Châteaubriant, avec les forêts d’Araize et de Teillay.

Au contraire, côté péninsule, les relais sont menus, diffus, en forme de bourgades et non de villes, dans un paysage plus accidenté qui a aussi ses semi-fermetures dans la forêt de Paimpont et aux abords du Mené. L’ouverture de l’autoroute des estuaires est de nature à creuser encore cette dissymétrie: elle offre à Rennes deux directions supplémentaires, jusque-là minorées, vers Nantes et vers Caen, et une tentation de regarder un peu plus à l’opposé de la péninsule.

Dans le détail, les nuances sont au contraire apportées par des divisions du nord au sud: littoral de la Manche, divisé entre l’active et urbaine Côte d’émeraude et la plate et agreste baie du Mont-Saint-Michel; bande de hauteurs en roches dures séparant les bassins-versants de la Manche et de l’Atlantique par les pays de Bécherel, d’Aubigné et du Vendelais; bassin de Rennes formant confluence de rivières; nouvelle zone de hauteurs et de vallées plus profondes de Paimpont aux «Vallons de la Vilaine»; plats horizons du Redonnais et de basse Vilaine.

L’urbanisation rennaise a largement débordé de son petit «bassin», vers le nord et vers le sud; elle tend à intégrer les aires de Vitré et de Fougères, en s’appuyant sur leurs forces productives largement renouvelées, au risque d’accroître la dissymétrie est-ouest du bassin, en laissant l’ouest aux formes discutées de l’agriculture bretonne, aux militaires et aux promeneurs. De cette émergence d’une puissante métropole dans un territoire qui fut de transition et de marche viennent aussi les principales nuances qui séparent l’Ille-et-Vilaine des autres départements bretons.

D’abord, le tertiaire de haut niveau, la vie universitaire et l’activité de recherche y sont bien plus affirmés qu’ailleurs, même si les progrès récents tirent vers le haut la «Basse-Bretagne». Ensuite, l’industrie y a nettement plus de place: 72 000 emplois, contre 35 000 à 53 000 dans les trois autres départements; elle est également plus diversifiée, comme l’indiquent la place de l’industrie automobile (banlieues de Rennes, Redonnais) et des cosmétiques (du côté de Redon), de l’électronique (Rennes et Fougères), de l’agro-alimentaire (Vitré ou Saint-Malo), de quelques survivances réadaptées (la chaussure à Fougères) et du foisonnement rennais.

Le tourisme, en revanche, compte moins (12 millions de nuitées): le département n’a qu’une assez petite fraction de littoral, et peu de manifestations appréciées d’une culture bretonne plus vivante ailleurs. L’agriculture elle-même est un peu différente: l’Ille-et-Vilaine a plus d’herbe (73 000 ha) et moins de forêts (66 000 ha) que les départements de la péninsule, produit nettement plus de lait (1er département français), moins de poisson, de volailles et de porcs, moins de légumes aussi. Le taux de chômage est le plus faible des quatre départements.