Landerneau

(16 400 Landernéens, 1 319 ha) est un ancien chef-lieu de canton du Finistère dans l’arrondissement de Brest, 20 km à l’ENE de Brest sur l’Élorn. Bien placée au fond de la ria de l’Élorn, où jadis pouvaient remonter des bateaux, la ville fut active assez tôt, réputée par ses toiles et ses marchands, qui approvisionnaient la marine. Elle fut le véritable chef-lieu du Léon du 12e au 16e s., et faillit même être choisie comme chef-lieu du département. Landerneau eut de 1830 à 1880 la seule filature moderne de Bretagne, travailla également le cuir et brassa la bière. Elle bénéficie d’une bonne desserte routière et ferroviaire, au branchement de la ligne Brest-Quimper sur Paris-Brest.

Le centre-ville est en amont sur l’Élorn; le finage s’étend largement au NO où il monte à 100 m sur un plateau en partie vide mais où ont pris place les urbanisations de Kergreis et de la Cité Duguesclin; il dessine une pointe au sud de l’Élorn, incluant le bois de Pencran, mais où l’habitat se concentre dans la vallée et sur le versant gauche de l’Élorn.

La ville est marquée par deux entreprises réussies. La première est celle de la Coopérative agricole de Bretagne (CAB ou plus souvent Coopagri), fondée en 1911 à partir de l’Office central de Landerneau, et devenue l’une des toutes premières entreprises françaises du secteur agro-alimentaire (produits laitiers, viandes, légumes, surgelés et plats cuisinés, aliments du bétail). Elle est à l’origine d’une bonne part de la mutualité agricole bretonne, éditant Le Paysan breton et possédant de nombreuses marques connues.

Coopagri, le siège et la laiterie occupent à Landerneau 480 personnes, la distribution de détail Distrivert 30 sal., la conserverie Gélagri (60 sal., 18 000 t/an de choux-fleurs et brocolis surgelés) et les bureaux plus ou moins directement dérivés: 220 salariés du centre d’économie rurale, 330 à Groupama-Bretagne, 420 à la mutualité sociale agricole, 210 à la caisse maladie agricole (Crama), soit un ensemble de plus de 1 700 personnes. Associée à Eolys (Loudéac) et Cam 56 (Saint-Avé), elle s’est fondue en 2010 dans le groupement géant Triskalia, qu’elle anime et dont elle héberge le siège. Triskalia groupe 160 000 adhérents et 4 800 salariés et son chiffre d’affaires est de 2 milliards d’euros par an; elle dispose de 280 sites en Bretagne. Le groupe a pour filiales Laïta (2 500 sal.), Gélagri pour les légumes (800 sal.), Ronsard pour les volailles (900 sal.), Cobréna et Nutréna pour les aliments du bétail, Magasin Vert et Point Vert pour la distribution, etc., et les marques Paysan Breton, Prince de Bretagne, Socopa, Mamie Nova, Régilait.

La seconde réussite, plus connue à l’extérieur de la Bretagne, est celle de l’épicier Édouard Leclerc, créant en 1949 à Landerneau le premier magasin polyvalent à prix bas («discount»), avant de développer une chaîne coopérative intégrée, en Bretagne à partir de 1955, puis à Grenoble en 1959 et enfin dans toute la France et au-delà, tout en conservant son siège dans la ville de Landerneau. Le groupe, resté officiellement coopératif, atteint un chiffre d’affaires de 45 milliards d’euros et un personnel de 123 000 salariés, près de 600 magasins en France et 125 à l’étranger. Outre un hypermarché Leclerc de 270 salariés, le groupe est représenté sur place par la centrale de distribution Scarmor (130 personnes).

Les autres activités sont de commerce et de service: installations électriques CEI (75 sal.), analyses Capiinov (80 sal.); un Intermarché (85 sal.), vente d’articles ménagers à domicile CAMP (30 sal.); gestion immobilière HLM d’Armorique (45 sal.) et de contentieux NACC (30 sal.), La Poste (60 sal.), Enedis (45 sal.). S’y ajoutent les diverses activités de service, de formation (collèges et lycées publics et privés), de santé avec un hôpital de 650 employés (103 lits), une polyclinique (85 sal.) et une clinique de l’Élorn (45 sal., 67 lits), et de culture (dont le centre culturel et de congrès de Mescoat) d’une ville prospère, qui a su conserver quelque autonomie en dépit de la proximité de Brest. Une nouvelle zone d’activités avec pépinière d’entreprises, plate-forme logistique et centre d’affaires a été ouverte à Mescoat.

Il y a là de quoi mieux apprécier une ville trop connue pour son fameux «bruit», lequel ne fut qu’une piètre invention parisienne du milieu du 19e s., simplement chargée d’évoquer le milieu étroit et confiné d’une petite ville de province comme il en est tant. Le nom de la commune, Landerne en breton, se rapporte à saint Ernoc (parfois Ternoc). Peuplée d’environ 8 000 habitants avant 1950, elle a crû assez nettement jusqu’en 1975 et s’est stabilisée un peu au-dessus de 14 000 hab. (sdc) depuis. Elle a gagné 1 260 hab. depuis 1999. Le maire est depuis 2008 Patrick Leclerc (divers droite), commerçant et neveu d’Édouard Leclerc. Le premier magasin Leclerc a donné place à une fondation culturelle.

Une communauté de communes du Pays de Landerneau-Daoulas associe 22 communes (44 800 hab. sur 37 100 ha) des anciens cantons de Landerneau, Daoulas et Ploudiry, et a commencé à équiper de nouvelles zones d’activités en plusieurs lieux; elle siège à Landerneau. Le nouveau canton de Landerneau a 9 communes, 28 100 hab., 9 300 ha.