Larzac (le)

ou Causse du Larzac, le plus méridional et le plus étendu des Grands Causses, sur environ 1 000 km2. Partagé entre les départements de l’Aveyron et de l’Hérault, il domine au nord la vallée encaissée du Tarn et les gorges de la Dourbie; il tombe abruptement au sud sur le bassin de Lodève et la plaine de l’Hérault. À l’ouest, il se termine au-dessus de Roquefort-sur-Soulzon, haut-lieu de la fromagerie, par un rebord très indenté, défoncé par les reculées du Cernon et de la Sorgue. Vers l’est, il est profondément entaillé par les gorges de la Vis, affluent de l’Hérault, qui en séparent le causse de Blandas. La table du Larzac se tient vers 750 à 850 m, montant exceptionnellement au-delà de 900 m, ce qui suffit à en faire en hiver un plateau très froid au-dessus du Bas-Languedoc.

Ce plateau est relativement peu accidenté mais riche en gouffres (avens), dépressions fermées et crêtes en grande partie liées à la tectonique; il reste une surface pastorale, piquetée de capitelles parmi de rares villages dépeuplés. Il fut largement attribué aux moines-soldats au Moyen Âge et conserve des restes de commanderies de templiers et hospitaliers, jusque dans la toponymie.

L’armée avait pu y étaler un vaste camp d’entraînement, dont l’extension a été contenue par des manifestations animées de 1971 à 1981, sous le mot d’ordre occitan «Gardarem lo Larzac», devenu célèbre, et provoquant de multiples achats de parcelles destinés à bloquer le projet. Le Larzac est ainsi devenu un symbole de la contestation paysanne et de l’activité des néo-ruraux après 1968; ce symbole a été renouvelé et prolongé dans les années 2000 par les actions et la présence médiatique d’un José Bové; et par des rassemblements de masse antimondialisation comme en 2003. La gazette Gardarem lo Larzac, créée en 1975, existe toujours comme bimestriel.

Pour toutes ces raisons, le Larzac est devenu un haut lieu du tourisme estival, où se multiplient sentiers organisés, rencontres et célébrations culturelles, plus ou moins coordonnées par un syndicat mixte intercommunal (http://www.conservatoire-larzac.fr). L’autoroute A 75 traverse le plateau à partir du fameux viaduc de Millau, dont le succès est favorable à la promotion du Larzac, et descend rapidement ensuite vers Lodève par le Pas de l’Escalette. La Cavalerie est la seule bourgade de service notable du plateau, dont Millau est le véritable chef-lieu. La communauté de communes Larzac Templier, Causses et Vallées réunit 12 communes, 2 700 hab. et siège à Cornus.

Le camp du Larzac. Le camp militaire du Larzac avait a été créé en 1902 et il occupait 3 000 ha. En 1971, la décision avait été prise de l’étendre à 17 000 ha; elle a été immédiatement contestée par les agriculteurs qui devaient être expropriés, parmi lesquels se trouvaient des «néoruraux» fraîchement établis. La contestation a pris une ampleur d’envergure nationale, avec l’appui des syndicats agricoles, de l’évêché, de Lanza del Vasto et même du Canard Enchaîné qui acheta une mare parmi les nombreuses parcelles acquises alors par des sympathisants afin de compliquer la tâche de l’État. De nombreuses manifestations se répétèrent de 1972 à 1980, dont des rassemblements de masse en 1973, 1974, 1977.

Finalement, en juin 81, les 6 300 ha formant alors le camp furent attribués par le président Mitterrand aux agriculteurs du Larzac sous forme d’une Société civile des Terres du Larzac (SCTL), titulaire d’un bail de 60 ans, qui loue les terres à ses membres. Aujourd’hui toute cette surface agricole est attribuée et utilisée, en cultures ou en pâtures. José Bové, alors étudiant bordelais et militant catholique, a commencé en 1973 à la Blaquière, en friche dans la partie sud-est de la commune de Millau; puis en 1976 il s’est s’installé avec sa compagne, Alice Monier, également étudiante, à Montredon dans la pointe sud de la commune de La Roque-Sainte-Marguerite, pour fabriquer des fromages de brebis (tomme). Mme Monier s’occupe depuis 1985 du Civam (Centre d’initiative pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) de l’Aveyron comme salariée et chargée de mission nationale des Civam.

Il reste des installations militaires sur les 3 000 ha de la partie ancienne, accueillant un Eacat (Établissement annexe du Commissariat de l’armée de terre) et depuis 1985 un Centre d’évaluation et d’instruction au tir opérationnel (Ceito) pour fusils, mortiers et missiles.