Limoges

(135 140 Limougeauds, 7 745 ha) est la préfecture de la Haute-Vienne. Elle fut le gué d’Auguste (Augustoritum), chef-lieu des Lémovices, tribu dont elle a pris le nom. Le centre-ville est au nord de la Vienne, que traverse encore un pont médiéval. Comme souvent, il était en deux parties, celle du pouvoir ecclésiastique et celle du pouvoir civil. Le Château, ou le Bourg, correspond à la vieille ville active, dans un cercle de boulevards. Il s’édifia et se fortifia autour de l’abbaye saint-Martial et du château, tous deux disparus. Il conserve des hôtels bourgeois, des rues étroites en partie piétonnes, autour de la place du Présidial, de l’église de Saint-Michel-aux-Lions et des halles; dans la partie nord, théâtre, conseil général et préfecture; vers la pointe sud, écomusée de la Maison de la Boucherie et aquarium du Limousin. La Cité, en face au sud-est, était le quartier de la cathédrale; il comprend aussi les jardins de l’évêché, dont un jardin botanique, les musées de l’Évêché et de la Résistance, l’hôtel de région. Entre les deux ensembles, la place du Forum rappelle une structure romaine; tout près, l’hôtel de ville trône au milieu de jardins où se trouvaient les thermes romains.

Autour de cette structure, deux points forts de repère à l’ouest et à l’est: le premier est formé par le grand musée Adrien-Dubouché, consacré surtout à la porcelaine, et les jardins d’Orsay qui le bordent, à l’emplacement de l’amphithéâtre romain; le second correspond au grand parc du Champ de Juillet qui mène à la gare des Bénédictins. Au nord de la ville, d’anciens bâtiments ont été réaménagés en espaces culturels: le Fonds régional d’art contemporain (FRAC) et le musée de la distillerie. Environ 2 km autour du centre, la ville s’est entourée d’une grande rocade, largement dépassée à présent par les habitations et les lieux de travail, par les hôpitaux et l’université au sud-ouest, où est aussi la superbe roseraie de la ville; et par les terrains de sports et le palais des expositions au nord. La vallée de l’Aurence, parallèle à la Vienne, y longe, au nord, le grand bois de la Bastide et le vaste cimetière; base de loisirs et camping au lac d’Uzurat, entre site archéologique et palais des expositions.

Quatre grands ensembles spécialisés, prolongent la ville: la vaste zone industrielle ancienne au nord-est le long de la rive droite de la Vienne, maintenant doublée sur le plateau par le Technopole; la vaste zone industrielle Nord, entre l’A20 et la commune de Couzeix; une grande étendue encore assez ouverte vers le nord-ouest, où ont été aménagés l’aéroport de Limoges et le parc de loisirs de Bellevue; enfin, de l’autre côté de la Vienne au sud de la ville, mais toujours dans la commune, la zone industrielle de Magré, où s’est notamment installé le centre de recherche du groupe Legrand, et qu’avoisine le terrain de golf.

L’ancien village de Beaune-les-Mines a été rattaché à la commune de Limoges en 1962; situé à la pointe extrême de la commune de Limoges tout au nord, déjà à 10 km du centre, où passent A20 et N20 (D220), il fut connu pour ses mines d’or, encore exploitées de 1924 à 1931; lac de barrage de la Mazelle (30 ha), institut médico-éducatif. À l’ouest, le finage englobe l’aéroport international de Limoges-Bellegarde (codes LIG et LFBL), équipé sur 140 ha d’une piste principale de 2 500 m et d’une piste secondaire gazonnée de 800 m; il assure des liaisons quotidiennes avec Paris et avec Londres et quelques liaisons saisonnières ou vols charters; son trafic annuel est de l’ordre de 310 000 passagers dont 280 000 en trafic international (vols à bon marché); le total est de 30 000 mouvements annuels dont 4 900 commerciaux. Bien entendu, l’espace urbanisé a également débordé sur les communes voisines.

Limoges, qui avait pu passer pendant un temps comme le type même de la ville de province un peu triste, puisque «limoger» était dégrader en envoyant à l’écart un général ou un préfet qui avait déplu, est en fait une ville très active et en pleine expansion. Elle n’a pas rompu avec l’activité qui fit sa gloire, la production de porcelaines et de céramiques; mais cette activité même lui a ouvert d’autres horizons, et la formation supérieure, la recherche et les nouvelles technologies y sont dynamiques.

Les «arts de la table» sont nés de l’émaillerie médiévale, renouvelée par l’industrie de la porcelaine avec la découverte des gisements de kaolin après 1750. La première manufacture royale a été ouverte en 1771 et c’est donc seulement au 19e siècle que cette industrie a pris toute son ampleur, recevant même l’appui de capitaux venus des États-Unis dans la firme Haviland. Cette industrie a occupé jusqu’à 12 000 personnes, contribuant à faire de Limoges à la fin du siècle une «ville rouge», au prolétariat très organisé et d’esprit socialiste, développant mutuelles et coopératives en abondance — et c’est à Limoges que s’est tenu en 1895 le congrès constitutif de la Confédération générale du travail.

Mais la concentration et la concurrence ont ensuite beaucoup réduit l’activité, qui n’employait plus que 3 000 personnes dans les années 1980, et 1 800 dans les années 2000. Haviland n’a plus de 110 salariés et appartient à Saint-Gobain. Les autres entreprises sont Bernardaud (170 sal.), et les céramiques réfractaires Geberit (Allia, 170 sal.), Royal Limoges (35 sal.) Une École nationale supérieure de la céramique industrielle (Ensci), un Laboratoire des sciences des procédés céramiques et de traitements de surface (SPCTS), un Centre d’ingénierie en traitements et revêtements de surface avancés (Citra), un Groupe d’étude des matériaux hétérogènes (GEMH), un Centre de transfert de technologies céramiques (CTTC) et un réseau dit en bon français Ceramic Network contribuent à la résistance et à la notoriété de la branche. Le musée national Adrien Dubouché est consacré à la porcelaine; le musée Haviland se visite.

C’est en partie de la céramique pour boutons et prises électriques qu’est venue la réussite spectaculaire de la firme Legrand, spécialiste d’appareillages électriques et qui reste basée à Limoges où elle emploie quelque 3 000 personnes dans l’aire d’emploi de la ville, dont 1 960 dans la commune de Limoges.

Legrand en Limousin. Legrand était un artisan charentais, dont l’entreprise date de 1860. Il s’est associé au porcelainier Bétoulle au début du 20e siècle et a orienté l’entreprise vers les pièces de céramique nécessaires aux réseaux électriques. Puis Legrand a été racheté dès 1944 par les entrepreneurs nordistes Decoster et Verspieren. Ils ont été les véritables auteurs de l’expansion, en misant sur le développement local et régional: la firme a essaimé alentour, racheté la firme Devoye qui avait aussi en Limousin plusieurs ateliers. Néanmoins, dans la période récente les usines Legrand se sont plutôt multipliées dans l’Ouest et le Nord-Ouest de la France, et bien sûr à l’étranger, la firme employant au total 32 700 personnes et ayant absorbé de nombreux concurrents ou sous-traitants, dont le groupe Arnould. Elle est la première du monde pour les prises et interrupteurs et pour les cheminements de câbles, offrant au marché 178 000 produits différents, et son chiffre d’affaires atteint 4,8 milliards d’euros. Schneider ayant échoué à acquérir la firme, les fonds d’investissements (Wendel et l’états-unien KKR, Kohlberg Kravis Roberts) y sont entrés massivement en 2003 mais ont réduit leur part en 2011, Legrand retournant en bourse (CAC40), avec 89% de capital flottants La politique d’acquisitions à l’étranger se poursuit.

Une troisième base industrielle a été fournie par l’arsenal, où l’on produisait des moteurs de chars; il a été repris par Renault et orienté vers les poids lourds, successivement Saviem et RVI, puis Renault Trucks, dévolu à Volvo au moment de la dissolution des accords de 2001. Les établissements Renault Trucks Défense emploient à Limoges 160 sal. (route du Palais) et 110 sal. (rue Amédée-Gordini), notamment pour la rénovation de véhicules militaires; une autre usine issue de Renault Trucks, consacrée aux «petites séries» (ponts, transmissions, etc.), emploie 270 personnes sous le nom de Texelis, route du Palais; une quatrième, passée à Valeo, fabrique des embrayages (370 sal.) dans la zone industrielle Nord.

Les autres grands établissements industriels sont ceux de Catalent (210 sal., états-unien, ex-Cardinal) pour les médicaments, Schneider Electric (190 sal.) pour le matériel basse tension. Le groupe Madrange est également un gros employeur avec une usine de charcuteries de 190 emplois, mais le siège et l’essentiel des fabrications sont à Feytiat, et repris récemment par la Cooperl de Lamballe. Un abattoir (Centre Viande Plainemaison) emploie 170 salariés. La tradition du cuir survit avec les chaussures J.M. Weston (200 sal., groupe EPI), la maroquinerie IDMC (45 sal.). La fabrique de matelas Copirel (Pikolin du groupe belge Recticel) emploie 220 sal. En dépit de compressions, l’imprimerie est bien représentée par Rivet (85 sal.), DISA (95 sal.), Exigence (80 sal.), Miller (flexographie et sérigraphie, 65 sal.), Disatech (décalcomanie, 55 sal.), GDS (35 sal.).

Dans d’autres domaines se signalent à un moindre niveau d’emploi les vêtements Disfra (95 sal.) et France Confection (85 sal.), les pièces plastiques Plast Avenir (Stratinor, 55 sal.) et Starplast (60 sal.), la fabrique de cosmétiques Arsène Valère (75 sal.), les traitements de surfaces Finimetaux (60 sal.), la menuiserie-miroiterie Raynaud (50 sal.); ingénierie Oerlikon Balzers (60 sal.).

La zone du Technopole, au NE de Limoges, est animée depuis 1993 par l’Ester (Espace scientifique et technologique d’échanges et de recherches) et abrite l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Limoges (Ensil), d’architecture originale, en forme d’avion. L’Université de Limoges est une université très complète, qui accueille 16 300 étudiants et emploie 1 800 personnes. Outre l’Ensil et l’Ensci, et les institutions travaillant sur les céramiques et traitements de surface, existent aussi un IUT, un Institut d’ingénierie informatique (3I), un Institut de recherche en communications optiques et micro-ondes (Ircom), un Centre régional d’essais en électronique et électromagnétisme (CR3E), le Creape (Centre de recherche en électromagnétisme sur les antennes à pointage électronique), ainsi qu’une École nationale des arts décoratifs (Enad) qui fonctionne avec Aubusson. Le Théâtre de l’Union, centre dramatique national, emploie 85 personnes. Le Centre hospitalier universitaire emploie 6 800 personnes, les facultés de médecine et pharmacie totalisent 2 300 étudiants. Les hôpitaux additionnent plus de 2 000 lits (dont 300 en ehpad), les cliniques plus de 500 lits (et 900 emplois) dont Fr. Chenieux (610 sal.) et Émailleurs-Colombier (280 sal.); maisons de retraite dont Orpea (60 sal.).

Dans le secteur du commerce figurent notamment les hypermarchés Leclerc (350 sal.), Cora (280 sal.), Géant Casino (120 sal.), Hyper-U (160 sal.) et trois Super-U (95, 60 et 55 sal.), un Intermarché (125 sal.), à quoi s’ajoutent des magasins comme Leroy-Merlin (160 sal.), les Galeries Lafayette (80 sal.), Monoprix (65 sal.), Decathlon (60 sal.), Alinea (70 sal., meubles), Conforama (60 sal.), Metro (50 sal.), ainsi que la base logistique Easidys des magasins Casino (220 sal.), et plusieurs grossistes dont Legrand (matériel électrique, 400 sal.), Passions Salaisons (Saveurs d’Antoine, viandes, 55 sal.), GPDis (électroménager, 80 sal.), GDA (surgelés, 65 sal.), Toupargel (surgelés, 50 sal.), Aleda (interentreprises, 60 sal.); location de matériel médical Alair-AVD (75 sal.), vente par correspondance Chronodrive (55 sal.).

Dans les services se signalent plusieurs banques et assurances dont Tarneaud (140 sal.), la Banque Populaire (210 sal.), la Caisse d’Épargne (130 sal.), LCL (120 sal.); la comptabilité KPMG (85 sal.); le quotidien Le Populaire du Centre (115 sal.) et la station régionale de France-Télévisions (140 sal.), Orange (300 sal.), un multiplexe de cinéma Horizon Grand Écran (SCEC, 40 sal.); installations sportives Vert Marine (55 sal.), crèche-garderie Julienne (85 sal.), services à la personne ASL (Adhap, 55 sal.); gardiennage SIG (Lasig, 50 sal.), nettoyages Onet (240 sal.), GSF Phebus (280 sal.), TFN (125 sal.), Samsic (120 sal.), blanchisserie Elis (Les Lavandières, 105 sal.); nettoyage urbain Veolia (100 sal.), récupération de déchets Aproval (50 sal.) et La Boîte à Papiers (70 sal.), publicité Adrexo (180 sal.) et Mediapost (70 sal.).

Dans le bâtiment et les transports, contrôles et diagnostics Dekra (230 sal.), les installations électriques l’Avenir électrique de Limoges (130 sal.), les installations thermiques Hervé Thermique (60 sal.); coopérative ouvrière de plomberie SOPCZ (180 sal.), couverture Bougnoteau (70 sal.), étanchéification Smac Acieroid (65 sal.), constructions Socamip (60 sal.), production de chaleur Cofely (GDF-Suez, 160 sal.), distribution d’électricité Enedis (EDF, 240 sal.) et de gaz Engie (GDF-Suez, 260 sal.); travaux publics Eiffage (125 et 55 sal.) et Eurovia (110 sal.). Les transports sont surtout représentés par la Régie municipale de transports urbains (STCL ou Limoges-Métro, 360 sal.) et la Régie des transports départementaux (RDTHV, 220 sal.), les transports de fret Limousin Loctrans (120 sal.), STEF (85 sal.), Perrenot (80 sal.), Jammet (85 sal.); la SNCF déclare 1 700 agents, La Poste 1 750.

Limoges est passée de 25 000 hab. en 1820 à 60 000 en 1876, 92 000 en 1911; après un temps de stagnation, elle est montée à 133 000 hab. en 1968 après avoir absorbé Beaune-les-Mines qui avait alors 800 hab., et à un maximum en 1975, avant de baisser un peu; elle aurait 2 360 hab. de moins qu’en 1999. La communauté d’agglomération de Limoges Métropole rassemble 20 communes et 208 700 hab. (50 300 ha), en sensible croissance. L’unité urbaine Insee est donnée pour 173 300 hab., l’aire urbaine pour 248 000. L’arrondissement a 298 000 hab., 108 communes, 294 479 ha. Limoges est impliquée dans neuf nouveaux cantons; sept ne comportent que des fractions de la commune, autour de 17 000 habitants; le n° 5 leur ajoute Le Palais et Rilhac-Rancon (18 600 hab.), le n° 9 Isle (16 300 hab.).