Limousin

contrée au centre de la France, dont le nom, comme celui de Limoges, vient de l’ancienne tribu des Lémovices; le gentilé est Limousin. Le Limousin n’a formé qu’assez tard une province: jusqu’en 1586, il juxtaposait le comté de Marche et sept vicomtés. Avant la Révolution, la plus grande partie dépendait de la généralité de Limoges, et un petit tiers nord-oriental, dont Guéret, de la généralité de Moulins. La limite traditionnelle des langues d’oïl et d’oc passe à travers la partie septentrionale de la région, du côté de la Gartempe.

Trois départements, la Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne ont constitué de 1956 à à 2016 la région du Limousin, avec pour préfecture Limoges, 740 000 hab. et 17 000 km2. L’ensemble a été intégré depuis à la région Nouvelle Aquitaine.

La quasi-totalité du Limousin s’étend sur les plateaux occidentaux du Massif Central, que complète seulement au sud-ouest le bassin bordier de Brive. Les altitudes ne sont pas très élevées mais introduisent une dissymétrie, entre les hautes terres du centre, un peu décalées vers le sud et l’est, et les plateaux plus bas qui les entourent. La Montagne limousine culmine à 977 m au mont de Bessou. Toutefois, la situation géographique de cette Montagne lui vaut d’être très arrosée et de passer pour un «château d’eau» d’où sortent de nombreuses rivières, attentivement coupées de barrages hydroélectriques et de lacs qui ont aussi leurs mérites pour le tourisme et les loisirs; deux ou trois stations de sports d’hiver ont même été esquissées. Cet ensemble de hautes terres est très boisé, en grande partie en résineux par les efforts des services forestiers. Il porte aussi quelques landes, et surtout des prairies d’altitude.

Le Limousin est une grande région d’élevage, peuplée de plus d’un million de bovins, orientée vers la production de jeunes animaux en altitude et l’engraissement pour la viande un peu plus bas, la production laitière restant secondaire; mais la solide race limousine rousse, maintenue avec le soutien du pôle de Lanaud en Haute-Vienne, a été souvent remplacée par les cousins charolais; les ovins sont assez nombreux au nord-ouest, en Basse-Marche. La production fruitière (pommes et noix surtout) a progressé.

Le Limousin apparaît ainsi comme une région très verte; elle serait même en France celle dont la production de biomasse a le plus grand potentiel, compte tenu de la combinaison de l’humidité et de la chaleur moyennes. Eau, verdure et sites, situation aux confins des Midis contribuent aussi à donner au Limousin une activité touristique localement sensible, et à lui valoir une progression des résidences secondaires. Deux parcs naturels régionaux ont trait au Limousin: celui du Périgord-Limousin, qui ne concerne toutefois que l’extrême sud-ouest de la Haute-Vienne (Monts du Limousin); celui de Millevaches en Limousin, qui est à cheval sur les trois départements et entièrement en Limousin.

La contrée fut aussi un lieu éminent de production d’artisans et d’ambulants, ainsi que d’émigration vers Paris, où les maçons limousins furent longtemps célèbres. Elle s’est distinguée aussi pour certaines ressources minérales, dont l’or et, plus tard, l’uranium; ainsi que pour la contribution à l’électricité hydraulique. Elle a pu bénéficier de l’activité de quelques entrepreneurs de qualité comme Legrand dans l’électricité ou Madrange dans la charcuterie, du soin d’élus locaux devenus influents au niveau national depuis les années 1930, de l’amélioration des voies de communication, dont la difficulté fut longtemps un obstacle au développement. Le principal souci actuel, lié au dépeuplement persistant des campagnes les plus isolées, tient au maintien des services publics de proximité.

Le Limousin s’organise principalement selon un axe majeur et un secondaire. Le premier est le couloir actif qui va de Paris à Toulouse. Il passe par les deux principales agglomérations, celles de Limoges et de Brive; c’est dire qu’il est très décalé vers l’ouest de la région. Son équipement ne satisfait pas pleinement les élus locaux et les entreprises, qui ont certes fini par obtenir que la nationale 20 soit dotée d’aménagements autoroutiers, mais non la création de la ligne ferroviaire à grande vitesse souhaitée: on en est à argumenter pour un tronçon de TGV… par Poitiers pour aller plus vite de Limoges à Paris. Le second couloir, objet de soutiens politiques assidus, mais à bien des égards justifiés, va de Brive à Ussel et figure comme tronçon de la transversale Bordeaux-Lyon, dite aussi parfois «autoroute des présidents». Il relie les principales villes corréziennes et son utilité locale est incontestable. Vers le nord, deux autres transversales, mais mineures, s’étoffent un peu et contribuent au «désenclavement» de la Corrèze: l’une de Limoges à Clermont-Ferrand, l’autre plus prometteuse de Genève à La Rochelle ou Bordeaux par Montluçon, Guéret et Angoulême.

Hors des limites départementales, les principales divisions du Limousin sont la Montagne limousine au centre-est, où culmine le plateau de Millevaches; le pays de Guéret-Aubusson sur l’axe de la Creuse; la Combraille qui le flanque à l’est; les plateaux de Basse-Marche au nord et au nord-ouest; le bassin de Limoges et de la Vienne; le Plateau limousin au sud et au sud-ouest de Limoges, qui s’élève lui aussi au sud dans les monts du Limousin, inclus dans le Parc régional Périgord-Limousin; le nord-ouest de la Corrèze, qui n’a pas de nom attesté si ce n’est celui de Vézère-Auvézère, plutôt bien cultivé, relativement bas, sec et fruitier; le bassin de Brive; les Plateaux corréziens de Tulle à Ussel, de part et d’autre de l’axe longitudinal vers l’Auvergne; les pays des gorges de la Dordogne et de ses affluents, ou Xaintrie au sens large. On distingue parfois aussi, en situation d’intermédiaire à tous points de vue, topographique, historique et de marge, les reliefs de l’ouest du département de la Creuse, autour de Bourganeuf.