Lorient

(59 160 Lorientais, 1 748 ha) est une sous-préfecture du Morbihan, 54 km à l’ouest de Vannes sur la rive gauche du Scorff et de l’estuaire du Blavet. La ville, maintenant classée «ville d’art et d’histoire», a été fondée en 1666 à partir de l’installation de la Compagnie des Indes orientales, qui avait commencé deux ans auparavant de l’autre côté de l’estuaire, et d’où vient son nom. La compagnie fit faillite mais Lorient fut confirmé comme port d’Orient par une nouvelle compagnie, créée par John Law en 1717 et qui, absorbant des armements malouins, devint en 1719 la Compagnie perpétuelle des Indes. Lorient se substitua peu à peu à Saint-Malo et connut alors une active période de construction (1720-1740).

Ce commerce fut ruiné à la fin du 18e s., et Lorient passa en 1770 dans le giron de l’État, qui y établit un arsenal et en fit un port militaire en 1791-1794. Cette fonction domina durant tout le 19e s., appuyée par les forges d’Hennebont et la construction navale, avant que des travaux n’élargissent les activités de la ville, par la création d’un nouveau port de commerce en 1920 et celle d’un port de pêche en 1922-1927. La seconde guerre affligea Lorient d’une énorme et indestructible base pouvant abriter 40 sous-marins, et la ville, tenue par les Allemands en 1944-1945 jusqu’à la fin de la guerre, fut rasée par les bombardements et dut être entièrement reconstruite.

De ces vicissitudes vient directement son plan, qui juxtapose du nord au sud: l’arsenal, le long du Scorff, flanqué de l’hôpital des armées et de la préfecture maritime; un étroit bassin creusé vers l’ouest, fermé par le palais des Congrès, prolongé par des promenades et le stade du Moustoir, et qui sépare la «vieille» ville au nord de la «nouvelle ville» au sud; au bord du Blavet la gare maritime, le port de commerce de Kergroise rénové, puis le port de pêche de Keroman également refait, qui traite 100 000 t de poisson par an (dont 32 000 pêchés par les Lorientais) et qui est par là le deuxième de France après Boulogne; enfin la base des sous-marins. Une grande rocade flanque à l’ouest tout cet ensemble et se raccorde au nord à la N12; elle est débordée vers l’ouest par des quartiers d’habitation et une zone industrielle le long de la voie ferrée.

Le port de commerce traite 2,6 Mt/an, dont un tiers en hydrocarbures et la moitié en aliments du bétail; port pour passagers vers Groix et Belle-Île, port de plaisance de 370 places dont 240 à ponton, plus un autre de 800 places à Kernével, ce qui porte à six le nombre de ports spécialisés. La ville, fleurie (3 fleurs), n’a pas de monuments anciens, mais l’arsenal et la base sous-marine se visitent, ainsi qu’un musée flottant Victor-Pléven sur un chalutier-usine, et le navire océanographique Thalassa; hippodrome du Moustoir, jardin Chevassu au nord-ouest de la ville, île Saint-Michel dans l’estuaire tout près du port de Kéroman et face au port de plaisance de Locmiquélic. L’estuaire du Ter marque la limite méridionale de la commune; ainsi, le port de Kernével appartient en fait à celle de Larmor-Plage. Lanester, Locmiquélic, Port-Louis et Gâvres se partagent la rive gauche (orientale) de l’estuaire, ajoutant leurs installations touristiques et portuaires à celles de Lorient et Larmor-Plage.

Lorient a développé ses activités culturelles et de formation (galerie du Faouedic, galerie photographique Le Lieu, Médiathèque, Centre culturel, scientifique et technique et Maison de la Mer, etc.); elle partage avec Vannes une nouvelle université depuis 1995 (Université de Bretagne Sud, UBS) et affiche 7 000 étudiants dans l’agglomération; l’UBS a des sections de sciences humaines et sociales, droit et économie, gestion, sciences et techniques, et un IUT (hygiène, sécurité et environnement; génie thermique et énergie). Lorient a des collèges publics et privés, 3 lycées publics (4 200 élèves) et 2 privés (2 300); écoles supérieures d’arts, de soins infirmiers; Institut du travail social; centres technologiques des produits de la mer (ID-Mer), des matériaux avancés, de génie industriel. Elle a créé le centre d’affaires de la Découverte et s’est lancée dans un vaste programme de rénovation urbaine, marquée symboliquement par la rénovation des grandes barres d’HLM de 1959, confiée en 1991 à Roland Castro. Il reste néanmoins à Lorient trois «zones urbaines sensibles», au nord (Bois du Château, 2 600 hab., 37 ha), à l’ouest (Kervénanec, 3 700 hab., 25 ha) et au sud-ouest (Polygone et Frébault, 1 200 hab., 9 ha).

L’étroitesse relative de son site reporte sur les communes voisines (Lanester, Hennebont, Caudan, Ploemeur et même Guidel) la plus grande partie de l’emploi industriel, hors l’arsenal évidemment (DCN), qui occupe 2 160 personnes après en avoir eu jusqu’à 4 500, et qui donne du travail à quelques sociétés d’ingénierie. Les forces navales emploient en outre 3 500 personnes dont 2 800 militaires. La pêche mobilise un millier de personnes et soutient 2 000 emplois indirects. L’hôpital compte 2 340 collaborateurs (524 lits), la mairie 1 300, le port de commerce un millier; une clinique privée offre 105 lits, la maison de retraite Edilys (Argo) a 50 salariés. L’aéroport de Lorient-Bretagne Sud (codes LRT et LRFH), sur l’ancienne base de Lann-Bihoué, est à l’ouest, à cheval sur les communes de Ploemeur et Quéven où il occupe 820 ha; il a deux pistes bitumées de 2 440 et 2 070 m et une piste en herbe de 960 m, un trafic de l’ordre de 130 000 passagers par an dont 25 000 internationaux en vol à bon marché; environ 3 500 mouvements (plus de 5 000 en 2012), dont 2 800 commerciaux.

Hors les services publics, la ville abrite des établissements de taille modérée: des usines d’agro-alimentaire comme les salaisons du Guémené (Triskel, 65 sal.), les préparations de poissons Halieutis (100 sal., passé en 2017 du groupe Roullier de Saint-Malo au japonais Nisui par Cité Marine), Marine Harvest (norvégien, 55 sal.), Kristanova (35 sal.); laboratoire d’analyses Biolor (130 sal.); équipement industriel et automatismes Sydel (Syleps, 140 sal.), mécanique Navtis (55 sal.), forges Le Béon (90 sal.), construction ferroviaire Olichon (85 sal.); ingénieries Sofresid (120 sal.) et Nox (30 sal.); de construction et réparation navale comme Solorpec (120 sal.), Marsaudon (60 sal.). Dans la pêche s’ajoutent les armements Scapêche (120 sal., au groupe Intermarché, ex-Pétrel-Sparfel) et Comata (30 sal.), les mareyeurs Allard (35 sal.) et Scamer (35 sal;), l’accastillage Plastimo (Navimo, 65 sal.); transports Bruneel (90 sal.), STEF (75 sal.), Express Marée (40 sal.), et le service portuaire de la Chambre de Commerce (Sem Keroman, 85 sal.). Les transports urbains occupent 280 sal. (Keolis), les cars de l’Armoricaine (CAT) 55 sal., la Compagnie Océane 45 sal., la Sncf 30.

Dans le bâtiment et les services, location de camions et matériel de chantier (Sotrama, 80 sal.), installations thermiques Cham (35 sal.), électriques Daeron (35 sal.) et SDEL Atlantis (35 sal.), construction MB (Morbinaise de Bâtiment, 45 sal.), travaux publics Eiffage (50 sal.), nettoyages Netvime (270 sal.), Ouest Atlantic Services (160 sal.), SIEM (95 sal.), de collecte des ordures Loris (80 sal.) et assainissement Grandjouan (70 sal.) et traitement des eaux (Veolia par Eaux et Ozone, 55 sal.); gestion immobilière OPHLM (160 hab.), HLM Foyer d’Armor (35 sal.) et ABI (35 sal.), aide à domicile O2 (75 et 35 sal.). Dans le secteur financier, BNP (45 sal.), assurances Gras-Savoye (35 sal.), comptabilité Ouest Conseils (45 sal.); dans la presse et la publicité, Le Télégramme (35 sal.), Mediapost (90 sal.), centre d’appels Virage Conseil (45 et 40 sal.); télécommunications Orange (55 sal.).

Dans les commerces, hypermarché Carrefour (150 sal.), un Géant Casino (90 sal.) et deux Intermarché (45 et 40 sal.), ainsi que de nombreuses autres enseignes (But 85 sal., Brico Dépôt 70 sal., Decathlon 75 sal., Galeries Lafayette 45, Fnac 40, Partedis 40, Truffaut 35, Boulanger 35, Conforama 35, etc.); distribution pharmaceutique Cerp (40 sal.). La Mutualité Finistère-Morbihan a 290 sal., l’Association médicale interentreprises 230 (médecine du travail), La Poste 125; le club sportif du Football-Club de Lorient en emploie 100, la SEM du port de plaisance 40 sal. (Cité de la Voile Eric Tabarly).

La commune de Lorient est organisée en sept quartiers: Centre Ville-Kerentrech à l’est, Bois du Château au nord-ouest, Keryado-Saint-Armel au nord-ouest, Le Mano-Kervaric au centre, Kerfichant-Lanveur à l’ouest, Kervénanec-Le Ter au sud-ouest, Merville-Keroman au sud-est. Elle a absorbé en 1947 l’ancienne commune de Keryado, à l’ouest. Sa population était de 40 000 hab. en 1886, 46 000 en 1936; elle a atteint 60 000 en 1960 et a culminé à près de 73 000 en 1975, puis a perdu des habitants, dont 2 680 après 1999.

La communauté Lorient Agglomération groupe 25 communes, 199 000 hab., sur 73 900 ha. L’arrondissement de Lorient a 311 000 hab., 58 communes, 148 904 ha. L’aire urbaine Insee est de 217 000 hab., pour 29 communes, l’unité urbaine de 114 800 hab. (5 communes). Un parc éolien de 100 MW et 20 machines a été envisagé au large de Lorient, entre Groix et Belle-Île, sous le nom de parc d’Aïse, ou de la mer d’Aïse. Les deux cantons de Lorient ont 29 500 et 30 400 hab.; ils divisent la ville, le second comprend Groix.