Louron (vallée du)

parfois Val de Louron ou Louron tout court, unité pyrénéenne bien délimitée à l’angle SE des Hautes-Pyrénées et correspondant à l’ancien canton de Bordères-Louron, dans la communauté d’Aure-Louron. Elle est traversée par la Route des Cols, qui en sort vers l’est par le col de Peyresourde (1 569 m), passant ainsi dans le Luchonnais. D’axe sud-nord, le Louron s’étire sur 25 km entre la Barousse au nord et la crête frontière au sud. Le point culminant est le pic Schrader, à 3 174 m, nommé en hommage au géographe français Franz Schrader (1844-1924), né à Bordeaux, cousin des Reclus, explorateur infatigable des Pyrénées et merveilleux dessinateur, qui a laissé quantité de cartes, croquis et paysages de montagne et fit la première ascension connue de ce pic en 1878; il fut directeur de la cartographie chez Hachette et président du Club Alpin Français; sa dépouille est dans le cirque de Gavarnie.

Deux cirques échancrent la crête frontière de part et d’autre du pic de l’Abeillé (3 079 m). Celui de la Pez, à l’ouest, sous le pic de Lustou (3 026 m), est le moins grand et le plus simple; il relève de la commune de Genos. Celui de Clarabide, à l’est, est vaste et compliqué par plusieurs crêtes internes, qui le divisent en trois bassins ornés de lacs; le haut lac de Clarabide (8 ha, à 2 648 m), encore dissimulé sous le glacier à la fin du 19e siècle et découvert seulement en 1906, est au pied des pics de Clarabide (3 020 m) et des Gourgs Blancs (3 129). Au nord de ce dernier, qui est à la limite de la Haute-Garonne, les Gourgs Blancs désignent un groupe de plusieurs lacs souvent gelés, dont le plus étendu et le plus connu est celui de Caillaouas (45 ha, à 2 158 m); dans la partie aval du cirque, usine électrique (20 MW) et refuge de la Soula ou Lassoula.

L’ensemble de la vallée du Louron compte 4 usines hydroélectriques d’une puissance totale de 58 MW pouvant produire 180 GWh/an. Il fut question dans les années 1760 de prolonger jusqu’à Saragosse la route des Intendants qui venait d’Auch, en la faisant passer en tunnel sous le port de la Pez; les premiers coups de pioche en furent donnés, mais l’opposition des militaires espagnols fut résolue et l’entrepreneur incarcéré. Deux siècles plus tard, c’est par la vallée voisine de la Neste d’Aure, et par Aragnouet, que la route est finalement passée.