Maripasoula

(9 900 hab., 1 836 000 ha) est une commune de Guyane au sud-ouest, dans la CC de l’Ouest Guyanais. La commune est la plus étendue de Guyane (22% du territoire), et par conséquent de France, et de l’Union européenne; elle est grande à elle seule comme une fois et demi l’Île-de-France et dépasse la superficie du Limousin…

La commune a été créée en 1968 à partir de l’ancien territoire de l’Inini, sur 200 km N-S (un peu au-delà du 4e parallèle N au nord, presque au 2° parallèle N au sud) et 120 km O-E. Elle a eu 3 700 hab. en 1999, 1 700 en 1990; la limite occidentale suit au nord le cours du Maroni, au sud celui de son affluent la Litani. On y a compté 190 «villages» d’habitat plus ou moins permanent, dont la plupart s’échelonnent sur 85 km de fleuve le long de la frontière du Surinam. Sa pointe SO s’achève au «point de Trijonction» (ou Koulimapopann en amérindien), au bas du massif du Mitaraka, où se rejoignent les frontières de la Guyane, du Surinam et du Brésil, en suivant le cours de la Litani, bien que le Surinam ait plusieurs fois revendiqué une limite plus orientale, suivant une autre branche du Maroni, celle du Malani (ou Marouini).

Au sud, inclus dans le Parc amazonien la limite s’appuie sur les bornes 1, 2, 3, 4, 5 et 6 qui jalonnent la frontière avec le Brésil, soit environ sur 190 des 245 km de la frontière, la borne n°7 relevant de la commune de Camopi. Dans l’angle sud-ouest s’élèvent quelques inselbergs formant le «massif» du Mitaraka (690 m au plus), seul témoin des supposés monts Tumuc Humac. Ce secteur se trouve ainsi dans la grande zone d’intérêt écologique (znieff) dite des reliefs Tumuc-Humac (127 600 ha), au sein de laquelle on distingue une «petite» znieff du massif du Mitaraka et Tchoukouchipann (9 205 ha), une du pic Coudreau du Sud (7 854 ha) et, à la pointe nord-est de la zone Tumuc-Humac, la zone des roches de Mompé Soula (5 310 ha), une plaine forestière constellée d’inselbergs. Dans le même bassin mais isolée à mi-chemin du bourg de Maripasoula, a été reconnue une zone d’intérêt écologique (znieff) de la roche Koutou et des savanes-roches annexes (4 828 ha), où un piton rocheux atteint 560 m d’altitude. À la frontière mais dans la partie centrale a encore été distinguée la petite zone d’intérêt écologique (znieff) de la savane-roche de la Borne-frontière n°4 (2 396 ha).

La partie sud-est de la commune, de son côté, est incluse dans la grande zone d’intérêt écologique (znieff) des monts de la Haute-Camopi qu’elle partage avec Camopi. Le reste est occupé par les bassins du Malani, du Tampok et du Waki (ou Ouaqui), relayés au nord par les Inini, tous affluents de rive droite du Maroni. La limite orientale de la commune s’appuie sur les reliefs de l’Émerillon et du sommet Tabulaire, qui dépassent 800 m, et les monts Apitiri. L’angle montagneux du nord-est est dans la zone d’intérêt écologique (znieff) des Massifs centraux de la Guyane et son faciès particulier du massif des Émerillons-piton Baron, partagés avec Camopi et, à un degré moindre, avec les pointes extrêmes des communes de Saül et de Régina.

Au nord de la commune de Maripasoula, un petit massif à la limite de la commune de Papaïchton s’élève jusqu’à 669 m à la montagne Bellevue de Maripasoula et contient le site aurifère de Yaou, acquis en 2004 par la société Auplata. Plus loin à l’est de son bourg se dressent les monts Bellevue de l’Inini, entre les deux branches de l’Inini, qui dépassent les 800 m d’altitude et semblent même atteindre le point culminant du département. Plus près du bourg de Maripasoula au sud-est, les monts Atachi Bakka s’élèvent à 787 m et la zone d’intérêt écologique (znieff) qui porte leur nom s’étend sur 55 203 ha, incluant un secteur de znieff particulier à la montagne Machoulou (4 018 ha). Plus à l’est s’étend la zone d’intérêt écologique (znieff) des montagnes Bellevue de l’Inini (65 876 ha), au sein de laquelle on distingue une zone des Sommets des montagnes Bellevue de l’Inini (5 212 ha).

Le bourg de Maripasoula est à 210 km de Saint-Laurent-du-Maroni à vol d’oiseau, et 250 km de Cayenne, sur la rive droite de la Lawa (nommée en aval Maroni). Il est doté d’un aérodrome avec une piste de 1 200 m en béton (SOOA, 03° 39’ 27 N et 54° 02’ 14 W), à 45 minutes de Cayenne, avec laquelle il a des liaisons régulières. Il dispose d’un dispensaire, d’écoles (huit en tout dans la commune dont quatre au bourg) et d’un collège (530 élèves), d’une petite centrale thermique à pétrole gérée par EDF (1 450 kVA). Il a tous les caractères de la petite ville pionnière et sert de centre à une insistante activité d’orpaillage, en partie officielle et en grande partie illégale. Bien qu’aucune route n’existe dans la commune de Maripasoula, mais seulement quelques pistes, un assez grand nombre de véhicules, et notamment de quads, circulent dans le bourg, introduits par bateau ou par avion. En aval, le village de Wakapou est en cours de réaménagement et dispose d’une école.

En amont vers le SSO se trouvent le long du Maroni (ici Lawa) plusieurs villages, dont les plus connus sont Elaé (ou Elahé) près du confluent de la rivière Tampok, Anapaiké un peu en amont (aérodrome), Twenké encore en amont et Antécume Pata au confluent de la Litani. Antécume Pata, dernier site peuplé tant soit peu équipé dans la partie amont du Maroni au confluent du Litani, a 230 habitants (30 logements), un dispensaire et une école, et l’on y accède de Cayenne en 1h25 d’hélicoptère mais, comme dans tout le sud de la Guyane, seulement si l’on y est autorisé par la préfecture. Il reste encore au moins 120 km à vol d’oiseau pour atteindre la pointe sud-ouest du département, soit près du double en pirogue sur la Litani, au prix de nombreux sauts; quelques maigres hameaux s’échelonnent néanmoins sur la rive.

Twenké, un peu en aval d’Antécume Pata et du confluent du Malani, dispose aussi d’un dispensaire et d’une école; le village fut le site d’un traité décisif entre les puissances coloniales et les chefs tribaux (nommés ici Gran Man), fixant les conditions de l’occupation et les limites des possessions. Élaé n’a qu’une cinquantaine d’habitants, mais accueille une école. Ces villages semblent tous très atteints par les effluents de mercure des sites d’orpaillage guyanais ou surinamiens, en principe non autorisés dans ce secteur, et des malformations ont été relevées chez les nouveau-nés. Le peuplement y est en partie d’origine amérindienne (Wayana) mais il est submergé par l’immigration diffuse venant du Brésil et du Surinam; les Boni (anciens Noirs-marrons) y dominent.

Une relance de l’orpaillage, lequel avait presque disparu vers 1950, s’est attaquée au lit du Tampok du côté du village de Kayodé (130 hab.) et du Dégrad Roche, environ 25 km à l’est d’Elaé à vol d’oiseau, jusqu’à Grigel sur le Ouaqui 25 km plus loin (aérodrome, 60 km ESE de Maripasoula à vol d’oiseau). Plus légalement mais non sans soulever des difficultés, des exactions et même des assassinats, l’orpaillage a élu pour sites majeurs les monts Yaou au nord-est de Maripasoula (17 km de piste, permis de 52 km2), et surtout le site de Dorlin sur le Petit Inini (54 km ENE de Maripasoula à vol d’oiseau, 5 heures de pirogue, permis de 84 km2), où la compagnie Guyanor a exploité des concessions entre 1994 et 1998, avant de céder la moitié de parts à Cambior qui a mis le site en sommeil. Un autre permis, attribué aux mêmes, est un peu plus au nord (Bois-Canon, 25 km2). L’ensemble, qui releva ainsi quelque temps de la SMYD (Société minière Yaou-Dorlin) a finalement été repris par Auplata en 2004. Dorlin a un aérodrome.

La Compagnie de l’Espérance, dont la principale mine est au sud d’Apatou, a également deux permis au sud-ouest de la montagne de Bellevue dans le secteur de l’Eau Claire et des hameaux Bernardin et Maraudeur (50 km2), tandis que la Compagnie aurifère amazonienne (CAA) a obtenu en 2006 un permis de 48 km2 dans le secteur du Grand Inini, étiré le long de la rivière; mais, en toute logique, il devrait être annulé puisqu’il se trouve désormais dans le cœur du Parc national. La zone de Dorlin a été également l’objet de plusieurs permis légaux artisanaux de 100 hectares. Selon certains témoignages, environ 1 500 personnes s’activeraient à Dorlin et alentour, en exploitation légale ou non.

La création du Parc national amazonien de Guyane borne strictement l’orpaillage autorisé, et pourrait en principe réduire l’orpaillage sauvage. Seul le bassin du Petit Inini au nord des montagnes Bellevue, avec le site de Dorlin-Epérance, est hors du Parc. La partie stricte («cœur») du Parc englobe une bande de terrains, large de 20 à 40 km, le long de la frontière méridionale et de la limite orientale de la commune, ainsi que les montagnes Bellevue. Elle n’est en principe altérée que par deux couloirs dits «zones de droits d’usage collectifs», l’un remontant le cours du Grand Inini jusqu’au saut Émerillon à la limite de la commune de Saül, l’autre qui traverse le relief plus au sud en suivant l’ancien chemin des Émerillons; celui-ci fait communiquer les bassins de la Ouaqui et de la Camopi par les cours de la Petite Ouaqui et du Petit Tamouri. Le reste est en «zone de libre adhésion», ce qu’ont contesté les communautés amérindiennes qui auraient souhaité une règlementation plus stricte de l’orpaillage, et l’extension du cœur du Parc à tout le bassin du Litani et de ses affluents Tampok et Ouaqui.