Médoc

contrée au nord de Bordeaux et à l’ouest de la Gironde, réputée pour ses vignobles. Le nom vient de l’idée de «milieu»: il fut un pagus Medulorum, ou Medulli, le pays médian, «entre» la Gironde et l’océan. L’adjectif actuel est médocain mais un autre, plus ancien et plus recherché, est médullien. Le Médoc s’étend en effet sur toute la pointe: c’est un autre «entre deux mers». En surface, il est principalement forestier; mais il ne tire sa réputation ni des bois ni des eaux.

Le pays occupe environ 245 000 ha: 144 000 en forêt et 44 000 en cultures, dont 15 000 en vignes. Longtemps médiocre ségala sur sables et graviers, il ne s’est guère mis à la vigne, le long de la Gironde, qu’à compter du 16e s. en grandes propriétés sur les cailloutis fluviatiles, et surtout aux 17e et 18e s. Il ne s’est finalement manifesté comme vignoble de cru qu’à partir de 1750; le château Margaux est apparu en 1802; Lafite et Latour appartenaient à la famille Ségur, qui a laissé son nom à d’autres châteaux. Très atteint par le phylloxéra et les baisses des ventes durant les deux dernières guerres, le vignoble était tombé à 6 000 ha vers 1960, mais a fait plus que doubler de surface depuis. La confrérie du Bontemps, qui a contribué à sa relance, date de 1959 — le bontemps est la coupelle où l’on bat les œufs pour le collage des impuretés, qui prépare la clarification du vin.

Le vignoble est divisé en trois sortes de terroirs: dans l’ordre croissant de qualité, médoc, haut-médoc et six appellations communales formant le haut niveau qui sont, du sud au nord, Margaux, Moulis, Listrac, Saint-Julien-Beychevelle, Pauillac, Saint-Estèphe. Le Haut-Médoc s’étire sur 40 km de graves, mais 4 à 5 km de large tout au plus, le long de l’estuaire. Ce que l’on appelle parfois Bas-Médoc, au nord, est une division géographique, mais non une appellation viticole; il associe vignes, forêts et élevage; c’est là surtout que sont les appellations médoc tout court, personne n’imaginerait de dire «bas»… L’AOC, très strictement réglementée, admet au plus 10 000 pieds à l’hectare; les cépages sont le cabernet-sauvignon, le cabernet franc, le merlot noir, le cot (ou malbec), le petit verdot et la carmenère.

Un classement a été établi en 1855 et révisé en 1973; il est question de le remettre en cause. Il distingue 60 crus classés, assurant 24% de la production; 419 crus bourgeois (classement révisé en 1932), qui en font 50%; depuis 1994 on reconnaît des crus «artisans» (335, 11%); le reste (15% de la production) relève des 13 coopératives qui associent environ 800 des 1 600 vignerons du Médoc. La production totale est de l’ordre de 90 à 100 millions de bouteilles par an. Les appellations communales portent sur 6 100 ha (en tête Saint-Estèphe, Margaux et Pauillac) et 36 millions de bouteilles; le haut-médoc sur 4 200 ha (25 M) et le médoc sur 4 700 ha (30 M). Nombre de grands châteaux sont considérés comme des investissements de prestige et font l’objet de spéculations financières; banques, firmes d’objets de luxe, voire émirs, s’en disputent la propriété changeante.

Quatre communautés de communes se réfèrent au Médoc, un nom considéré comme valorisant: Médoc Atlantique, Médoc Cœur de Presqu’île, Médoc Estuaire, Médullienne.