Mont-Saint-Michel (Le)

îlot et commune à la limite occidentale de la Normandie, devenu le principal site touristique de province par le nombre de visiteurs, supérieur à 3 millions par an. Sa silhouette est très connue et partout répandue: c’est celle d’un monastère juché sur un îlot granitique montant à 80 m, et qui double presque cette hauteur si l’on tient compte de la flèche, érigée seulement en 1897. L’îlot fait un peu moins de 300 m de diamètre, et 900 m de tour. Il est rattaché au continent depuis 1877 par une digue, qui a permis d’y accéder à pied mais qui a considérablement modifié la sédimentation dans la baie. Des fortifications subsistent au sud et à l’est et le village se réduit à une rue sur le côté oriental. L’abbaye succède à un premier oratoire de 708, édifié en l’honneur de saint Michel sur ce qui était alors le mont Tombe; le site a attiré ensuite des pèlerinages.

Cependant, l’abbaye actuelle date surtout du 13e au 16e siècle, mises à part les superstructures du 19e il en est ainsi du cloître, et de la «merveille», la façade de l’église gothique sur le versant nord. «Il m’était resté je ne sais quelle idée avantageuse de l’architecture gothique du Mt St Michel. Cette fois cela m’a paru horrible. Le granite n’est point destiné à faire des clochetons […] et la brume salée de l’Ouest a déjà fait justice de toutes les moulures. Elles ressemblent à des morceaux de sucre imbibés d’eau»: ainsi en jugeait Prosper Mérimée (lettre à Vitet, 1841); mais Viollet-le-Duc est dûment intervenu sur un ensemble qui avait souffert.

Après une période de déclin de la vie monastique, l’ensemble a servi de prison dès le 17e siècle, et à plusieurs reprises jusqu’en 1874. Depuis, l’ère des bains de mer aidant, la fonction touristique a pris le dessus. Alentour, on se rend parfois aussi à l’îlot de Tombelaine, qui relaie le Mont côté nord. La vente des souvenirs et l’omelette de la mère Poulard, qui survit sans faiblir à sa créatrice, morte en 1931, ajoutent aux attraits du site et du monument; la société MSM 1888 de l’hôtel-restaurant emploie 85 sal. L’hôtel Vert-la Rôtisserie (Sodetour) a 70 sal., l’hôtel Mercure et l’Auberge Saint-Pierre (C. Gaulois) 40 sal. chacun, la Vieille Auberge, le Mouton Blanc et le Relais du Roy (Sodetour) 25 sal. chacun.

La baie du Mont-Saint-Michel, dont les sédiments sont alimentés par le Couesnon, la Sélune et la Sée, et sans doute plus encore par la dérive littorale qui vient du nord, est sans doute le bout de côte le plus étudié du pays. Quantité de publications ont souligné son envasement, puis la colonisation de l’estran par la végétation sous forme d’herbus. Elle découvre sur plus de 15 km à marée basse; or les marées sont ici les plus fortes de France: environ 14 m de marnage. Les plus hautes donnent des effets spectaculaires et dangereux par la vitesse de la montée des eaux, mais la fréquentation du Mont, finement analysée, est bien plus sensible aux fins de semaine et aux périodes de vacances qu’aux grands épisodes de la marée, qui n’est en somme qu’un spectacle supplémentaire; v. F. Verger, «Marées et touristes au Mont-Saint-Michel», Mappemonde, 2001, n°63, https://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M301/Verger.pdf et F. Verger, «Colmatage et génie civil au Mont-Saint-Michel», Mappemonde, 2001, n°63, https://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M301/Verger2.pdf.

De grands projets de «rétablissement du caractère maritime de la baie», en partie engagés depuis 1995, visent d’un côté à rendre à la baie un aspect plus maritime en facilitant l’évacuation des sédiments vers le large et en limitant la progression des herbus, d’un autre à accroître considérablement les surfaces de parkings (4 000 places) mais sur le continent; un barrage a été achevé en 2009 au débuché du Couesnon, le nouveau parking en 2012, l’ensemble a été inauguré en 2015.