Morlaix

(15 580 Morlaisiens, 2 482 ha dont 261 de bois) est une sous-préfecture du Finistère, 60 km ENE de Brest. Morlaix est une ville typique de fond d’estuaire, dont le centre est au fond des deux vallées encaissées du Queffleuth et du Jarlot; en aval de leur confluence, signalée par l’hôtel de ville, elles sont recouvertes sur 500 m jusqu’au port et un grand viaduc de chemin de fer (285 m de long et 58 m de haut) enjambe leur vallée. La ville s’est d’abord manifestée comme castrum romain. Le nom est Montroulez en breton, qui semble confirmer un ancien Mont du Relaix où Relaix a le sens de terre-plein au pied d’une muraille. On prononce Morlé.

Son essor a commencé dès le 12e s. La ville était riche au 14e et au 15e s., grâce à la pêche, aux toiles et au commerce, et passait alors pour le premier port de Basse-Bretagne. Elle a dû se protéger, comme en atteste le château du Taureau (milieu du 16e siècle) et a eu plus de difficultés aux 17e et 18e s., à cause des Anglais et des corsaires. Elle a reçu en 1674 la manufacture des tabacs, refaite en 1736-1740, mais le commerce maritime déclinant au 19e s. a fini par laisser place à un port de plaisance.

De ce passé restent de belles maisons anciennes à encorbellement et à «lanterne» ou mieux pondalez (pont d’allée), un escalier central occupant une sorte de patio entre maison de rue et maison sur cour, ensuite recouvert d’une verrière de toit; la plus célèbre est dite de la duchesse Anne (16e s.). Morlaix propose le musée des Jacobins (histoire locale et bibliothèque) et le musée de la photo, Daguerre ayant réalisé ici ses premiers clichés en 1839, ainsi qu’un festival des arts de la rue. Elle est surtout une ville de service, en particulier dans le domaine de la santé: hôpital (340 lits), cliniques (80 lits), un centre médicochirurgical de 110 sal. (CMC de la Baie de Morlaix), trois établissements des Genêts d’Or; collèges et lycées publics et privés, maison familiale rurale et lycée agricole public de Suscinio, avec parc botanique.

Morlaix a été le siège du puissant groupe coopératif Unicopa, né en 1960, considéré comme plus laïque que celui de Landerneau et qui avait encore vers 2005 quelque 5 000 salariés dans le monde et 18 000 adhérents, dépassant le milliard d’euros de chiffre d’affaires et possédant en Bretagne de nombreuses usines de lait (Rippoz), volailles (Dandy), viandes (Socavi), charcuterie (Brocéliande) et aliments du bétail. Mais peu à peu le groupe s’est éparpillé et a fini par être démembré en 2010, ses principaux fleurons se retrouvant intégrés au nouveau groupe Triskalia mené par la coopérative de Landerneau, chez son associé Terrena de Loire-Atlantique, à la Cooperl de Lamballe ou chez Entremont pour la filière laitière.

Morlaix a été aussi le siège de la compagnie aérienne Brit’Air, née en 1973, qui associait la Chambre de commerce locale et Air-France, occupant un millier de personnes dont 400 en Bretagne; mais, en difficulté, elle a dû se fondre en 2013 dans le groupe Hop sous l’aile d’Air-France. Ainsi, le groupe Hop déclare 740 employés à Morlaix (bureaux, maintenance des appareils Embraer), plus 40 à son centre de formation. L’aérodrome de Ploujean (codes MXN et LFRU), au nord-est de la ville, occupe 100 ha, a une piste revêtue de 1 620 m et deux autres en herbe de 900 et 610 m; il peut accueillir 10 000 passagers par an mais n’a qu’une très faible activité hors aéroclub (70 passagers en 2016 dont 40 en vol international, 8 000 mouvements dont 34 commerciaux).

Morlaix est également le siège de l’Association les Genêts d’Or, qui héberge des enfants handicapés et des personnes âgées dans plusieurs sortes d’institutions, au total 1 500 personnes dans le Finistère. On trouve encore à Morlaix la grosse imprimerie et les principales installations du Télégramme de Brest (310 sal.), la grosse fabrique de radiateurs et chaudières Sermeta ex-Giannoni Carlyle (470 sal.); une scop des Ouvriers couvreurs (25 sal.), les nettoyages Bret Net (Aber Propreté, 130 sal.), Fily (30 sal.), traitement des eaux Veolia (25 sal.), travaux publics Beuzit (35 sal.).

Les anciennes tanneries et papeteries ont disparu depuis longtemps et la manufacture de tabacs a finalement fermé à la fin des années 1990 après quelque résistance; rachetés par la Chambre de commerce, ses bâtiments rénovés sont affectés à deux départements d’IUT (gestion et communication) et quelques bureaux. Une grosse usine de téléphones AOIP a atteint 1 100 salariés en 1977, puis a décliné, a été reprise par Thomson, puis a disparu. Aussi le tertiaire l’emporte-t-il largement à présent. Parmi ses principales entreprises figurent comme souvent un centre Leclerc (180 sal.), un conseil en informatique Voseo (50 sal.), des grands garages; SNCF (20 sal.), EDF (35 sal.), la Poste (110 sal.), cars de l’Armoricaine de Transports (25 sal.).

Le site de la ville, s’il intéresse les touristes, complique un peu l’aménagement et l’urbanisme. La commune de Morlaix s’étend vers le nord jusqu’aux abords de Plouézoc’h; elle englobe depuis 1959 l’ancienne commune de Ploujean sur la rive droite de la rivière de Morlaix.Les bords de mer ne manquent pas d’intérêt, mais ne relèvent pas tous de la commune. D’amont en aval on distingue la rivière de Morlaix, formée par la réunion du Queffleuth et du Jarlot; la rade de Morlaix dans laquelle elle débouche, ostréicole et qui est rétrécie au nord par la pointe de Penn al Lann en Carantec et celle de Barnenez en Plouézoc’h, plus le château du

Taureau; enfin la baie de Morlaix, encombrée d’îlots, qui s’élargit vers la Manche. Le territoire communal comprend de larges étendues au nord-est, incluant les villages de Ploujean et son château de Keranroux (18e s.), Suscinio, Kerbaul, le château de Tréfeunténiou (18e-19e s.) au nord-est, le château de Kerozar, Sainte-Geneviève et l’hippodrome de Langolvas à l’est, mais ne s’étend que très peu sur la rive gauche du Queffleuth: toute la partie occidentale de l’agglomération est à Saint-Martin-des-Champs. Le port de plaisance offre 200 places, dont 160 à ponton de bassin, et la commune a cinq hôtels (170 chambres) mais pas de camping.

Morlaix avait 16 000 hab. dès 1886; passée au-dessous de 14 000 dans les années 1930, elle avait pu atteindre 20 000 en 1968 (sdc), mais sa population s’est réduite depuis et aurait encore perdu 1 500 hab. depuis 1999. Elle a néanmoins réussi à constituer une communauté d’agglomération Morlaix Communauté, de 27 communes et 64 400 hab. (68 000 ha), la plus étendue du Finistère, qui englobe la plupart des communes des anciens cantons de Lanmeur, Taulé, Plouigneau et Saint-Thégonnec. L’arrondissement a 128 700 hab., 59 communes, 133 145 ha. L’aire urbaine Insee est évaluée à 40 000 hab. (11 communes), l’unité urbaine à 25 900 hab. (4 communes avec Plouezoc’h, Plourin et saint-Martin-des-Champs). Le nouveau canton de Morlaix a 10 communes, 36 100 hab., 24 700 ha.