Oloron-Sainte-Marie

(11 420 Oloronnais, 6 831 ha dont 2 910 de bois) est une sous-préfecture des Pyrénées-Atlantiques à 32 km SO de Pau, au confluent des gaves d’Aspe et d’Ossau, qui forment en aval le gave d’Oloron. Elle vient d’Iluro, qui fut dotée d’un évêché dès le 4e s., puis devint une cité comtale, et dont le nom serait issu d’un ili qui désignait «la ville». Réunie à Sainte-Marie, relais vers Compostelle, elle fut animée par le passage des pèlerins et des marchands et par le travail de la laine. Elle avait la taille de Pau vers 1800, et 9 000 hab. en 1900, quand elle était encore la capitale du béret et des bas de laine. Sa population est montée à 13 000 en 1968 et a perdu 2 000 hab. ensuite, et encore 320 hab. après 1999.

Oloron occupe un beau site, unifié par fusions avant 1806 (Faget, Sœix) et en 1858 (Sainte-Marie-Légugnon, elle-même issue d’une fusion de 1841) et les gaves divisent son centre en trois ensembles: Sainte-Marie à l’ouest, avec la cathédrale à portail roman et le musée du Haut-Béarn, plus un jardin public en aval, puis la gare; Sainte-Croix au centre, sur l’éperon de confluence, ancien site d’Iluro, avec la maison du Patrimoine et la vieille tour de Grède; Notre-Dame au nord-est, avec l’hôtel de ville. L’ensemble a de belles maisons anciennes, plusieurs ponts, des restes de remparts. L’habitat s’est d’abord concentré sur les axes issus des ponts, puis les usines dans la plaine de Sainte-Marie autour de la gare au nord-ouest, rive gauche, ensuite en nombreux lotissements formant une demi ceinture continue à l’ouest depuis Légugnon au nord jusqu’à Laclau au sud, plus dispersés vers l’est; un grand ensemble d’immeubles d’habitation est apparu au nord de Notre-Dame, rive droite. Une partie de l’urbanisation est dans les communes de banlieue, surtout Goès au nord-est et Bidos au sud.

La commune elle-même, très étendue, a une forme compliquée par ces fusions anciennes, projetant trois extensions inégales. L’une, courte et large, vers le sud-ouest, accueille Saint-Pée d’en Haut au pied des collines et Saint-Pée-d’en-Bas qui longe le Vert sur sa rive droite, avec sur les collines au nord-ouest un aménagement touristique doté d’un parking et d’un «sentier karstique». Une autre, longue et étroite, est symétrique au nord-est, où elle traverse la vallée de l’Auronce et atteint la haute vallée de la Lèze en engobant la chapelle du Faget. La troisième est bien plus longue et étendue vers le sud-est sur la rive gauche du Gave d’Ossau et les collines entre les Gave d’Aspe et d’Ossau, élargie dans les bois de Hource et du Bager et montant sur le premier pli des Pyrénées jusqu’au Mail Arrouy (1 251 m) et aux Hourquettes de Baygrand (1 386 m). Au-dessus de Sainte-Croix entre les Gaves d’Aspe et d’Ossau, cette troisième extension se termine par une large butte portant le château Ribères; elle englobe sur la rive droite du Gave d’Aspe le lycée agricole et le château Bouderon qui l’héberge, et le hameau de Sœix.

La ville bénéficie d’un embranchement ferroviaire pour Pau, d’un aérodrome au SE à Herrère (LFCO, deux pistes gazonnées de 1 000 m, aéroclub); parc aquatique à 6 km NE. Elle a reçu en novembre 2002 le titre de «ville la plus sportive de France», un habitant sur deux étant titulaire d’une licence de sport, et abrite un lycée agricole public et un hôpital de 110 lits, une clinique (90 lits), quatre lycées dont trois publics, trois collèges dont un privé. Un festival folklorique annuel est partagé avec Jaca (Espagne) depuis 1962.

Le grand établissement actuel est une chocolaterie du groupe Lindt (anciennement Rozan, 990 emplois) qui y fabrique notamment les chocolats dits «Pyrénéens»; la forge Sintertech (75 sal., métallurgie des poudres, pièces pour transmissions et amortisseurs, ex-Federal Mogul) a été reprise en 2015 par TM France (Th. Monin); une fabrique de bérets subsiste (Laulhère, 50 emplois). Les principaux autres employeurs sont une polyclinique (130 sal.), un hypermarché Leclerc (220 sal.) avec Cultura (45 sal.), un Intermarché (50 sal.), Bricomarché (25 sal.); intérim Adecco (420 sal.) et BPS (65 sal.); Viandes du haut-Béarn (20 sal.), pâtisserie Artigarrère (25 sal.); maçonnerie Bordatto (25 sal.), transports TPO (45 sal.), Lopez (30 sal.); EDF (60 sal.).

L’arrondissement d’Oloron a 72 500 hab. pour 155 communes, sur 288 500 ha; il s’étend de Sauveterre-de-Béarn aux vallées d’Aspe et d’Ossau, qu’il englobe. La ville est le siège de la communauté de communes du Haut-Béarn, qui rassemble 48 communes et 32 400 hab. sur 106 600 ha. Elle est aussi le bureau de deux nouveaux cantons à son nom; chacun d’eux associe 33 communes à une partie de la commune d’Oloron (20 200 et 22 000 hab.).

Le béret «basque» est béarnais. Le béret est connu comme spécialité d’Oloron, mais en fait sa production a toujours été partagée entre Oloron et Nay, auxquelles a pu parfois se joindre Orthez. C’est donc un produit béarnais sans conteste. Il semble que sa production n’ait vraiment commencé significativement que vers 1830; on a compté 32 fabriques en 1936, dont la moitié à Nay, et encore une trentaine vers 1950. Chaque béret vient d’un fil de 500 m tissé en rond; à l’origine il était marron, de la couleur même du poil de chèvre, dont la laine est feutrée par foulage pour la rendre quasi imperméable. D’habiles marchands basques avaient profité de la gloire de réputés pelotaris pour vendre des bérets béarnais en y collant des étiquettes à noms basques, ce qui a fait parler de «bérets basques». Mais ils étaient portés en Béarn et dans toute la Gascogne, comme le rappelle une célèbre chanson au lyrisme désuet que l’on chantait encore partout dans les années 1930:

«Moi mon chapeau, je le mets dans ma poche,
Je suis Gascon, et porte le béret […]
Notre béret, c’est toute la Gascogne […]
Le Béarnais aime le mettre en pointe,
Le Basque, lui, le met sur l’occiput,
Et le Landais, sans reproche et sans crainte,
Le pose ainsi quand il veut dire “zut”,
C’est tout petit mais c’est une merveille:
Pour réfléchir c’est ainsi qu’on le met,
Et pour crâner on l’accroche à l’oreille
Quel orateur ce coquin de béret !».

Mais la mode a passé. Il ne reste plus guère aujourd’hui qu’une fabrique à Oloron (Beatex), une autre à Nay (Blancq-Olibet), et la moitié de la production est pour l’armée, ô trahison d’un accessoire qui était tout pacifique et convivial. On en fabrique tout de même plus de 600 000 par an, mais sous la dure concurrence… de la Chine. Du côté de Pau et de Nay on dit béret (le t se prononce), à Oloron bounet (bonnet), dont le t final s’entend aussi.