Poitiers

(90 590 Poitevins, 4 211 ha) est la préfecture du département de la Vienne. Poitiers fut à l’origine le chef-lieu des Pictaves, d’abord nommé Limonum et qui prit ensuite le nom de la tribu; elle eut une position de grand centre religieux dès le haut Moyen Âge. Elle est un relais majeur sur la radiale de Paris à Bordeaux, et un ancien chef-lieu de province tenant la position stratégique du Seuil du Poitou. Mais c’est aussi une situation doublement marginale, vu de Bordeaux comme vu de Paris, et la ville n’a longtemps été que d’un rang modeste. C’est à peine si elle avait 20 000 hab. au début du 19e s.; elle est passée à 40 000 en 1901 et n’a pas progressé pendant toute la première moitié du 20e s.

En revanche, la population communale a doublé depuis, augmentant surtout entre 1950 et 1975 avant de ralentir sa croissance au profit des banlieues. Poitiers est bien une métropole sous-régionale, sur la dernière «couronne» parisienne, comme Limoges ou Clermont-Ferrand. Cela situe son rang, et ses espoirs: les pays du Centre-Ouest et du Sud-Ouest auxquels elle donne accès sont en nette expansion; la création du Futuroscope et la position éminente de certains de ses élus régionaux lui ont donné plus de visibilité.

La ville ancienne occupe un promontoire défensif, au pédoncule très étroit que traverse en tunnel la voie ferrée de Paris à Bordeaux, au-dessus du confluent des vallées encaissées du Clain, qui coule à l’est, et de la Boivre, à l’ouest. Dans un lacis de rues étroites et de places d’environ 180 ha, elle rassemble l’essentiel des pouvoirs et des attraits. Au centre trône l’église Notre-Dame-la-Grande, l’un des joyaux de l’art roman poitevin, du 12e siècle, restaurée en 1991-1995, couronnée de deux curieuses tourelles et dont la profusion de sculptures est mise en couleurs certains soirs. Tout près, le palais de justice occupe l’ancien palais ducal, dont certains éléments sont du 15e s. et qui conserve un massif donjon du 12e s., la tour Maubergeon. Dans les rues se dispersent de beaux hôtels bourgeois (Fumé, Berthelot, etc.); une superbe médiathèque moderne François Mitterrand y a pris place en 1996.

Vers le sud et le sud-ouest, un autre ensemble fait voisiner l’hôtel de ville, du 19e s.; le nouvel hôtel de région; le musée de Chièvres; l’église Saint-Porchaire, du 11e s.; la préfecture et l’hôtel du département; la gare. Vers l’est, dominant le Clain, un troisième ensemble associe la grande cathédrale des 12e-14e s., dont la façade s’orne de trois grands portails très richement sculptés et dont le chevet monte à 49 m; le musée Sainte-Croix; le très antique baptistère Saint-Jean, daté du 4e siècle; la collégiale Sainte-Radegonde; et le moderne Espace Mendès-France, qui propose expositions et patinoire.

Vers le sud-ouest où le promontoire se rétrécit, s’étale le parc de Blossac dont la bordure au-dessus du Clain conserve des restes des anciens murs de la ville et quelques tours, et se dresse l’église Saint-Hilaire-le-Grand, un autre joyau de l’art roman du 11e s., en partie refaite à plusieurs reprises. À l’opposé, tout au nord au-dessus du confluent, les restes de l’ancienne abbaye de Montierneuf (11e et 17e s.) voisinent avec le Jardin des Plantes et des bâtiments universitaires, dont l’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique de Poitiers (Ensma).

Hors la ville ancienne, sur le coteau de rive droite du Clain, le quartier des Dunes offre un belvédère sur la ville, une église souterraine (hypogée) qui remonterait au 6e siècle, les restes d’un dolmen. L’urbanisation s’est étendue en tous sens sur les plateaux; à l’est et au sud-est ont pris place le parc des Expositions et les vastes emprises des établissements hospitaliers et universitaires dans les quartiers de Touffenet, Beaulieu, la Gibauderie et la Miletrie. À l’ouest du Clain, une extension vers le sud-ouest accompagne la N10(D910) avec me grand centre commercial de la Vacherie; au nord-ouest, les emprises de la N10, de l’A10 et d ela LGV laissent place à de nombreuses entreprises (la République, la Bugellerie) et même à l’aérodrome, dont l’essentiel est toutefois à Biard. La fusion s’est faite du côté du Clain avec les vénérables Saint-Benoît et Ligugé au sud, comme avec Buxerolles au nord, puis avec Chasseneuil-du-Poitou et Jaunay-Clan, grâce aux installations et aux zones d’activité du Futuroscope, qui est à 10 km du centre de Poitiers, passé un vaste complexe d’échangeurs. Au-delà de cette ceinture suburbaine, l’agglomération bénéficie d’une abondance de forêts, conservées à la faveur des privilèges seigneuriaux et grâce à l’abondance des placages siliceux sur les plateaux calcaires: forêts domaniales de Saint-Sauvanne au sud-ouest, de Vouillé-Saint-Hilaire à l’ouest, de Moulière au nord-est, plusieurs bois au sud-est dont ceux de Vernon et de la Vayolle.

Poitiers, vieille ville de bourgeoisie renforcée par ses fonctions régionales, est sans doute d’abord une ville de services et d’échanges. Elle a une vie culturelle active et entretient plusieurs manifestations d’envergure, comme le Festival international des écoles de cinéma ou festival du court-métrage, en mars; un festival de Danse contemporaine; pluisieurs festivals de musique; ou un festival du logiciel libre, Make Art, en janvier.

Son université, vénérable, est complète et active. Elle compte 7 unités de formation et de recherche dans l’ensemble des disciplines, une École supérieure d’ingénieurs (ESIP), un IUT (un autre à Angoulême), un Institut d’administration des entreprises, un Institut de la Communication et des nouvelles technologies (Icomtec), un Institut de préparation à l’administration générale, plus l’Institut des risques industriels, assurantiels et financiers (Iriaf) de Niort, et une cinquantaine de laboratoires de recherche reconnus; au total, 24 000 étudiants dont 3 000 étrangers, et plus de 2 400 salariés. S’y ajoutent l’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique de Poitiers (Ensma) déjà citée et une École supérieure de commerce et de management (Escem). Un ensemble d’institutions de Poitiers ont fondé un Biopôle qui fédère les recherches biologiques au sens large (médecine, végétaux, eau) et affiche 600 chercheurs et 3 500 étudiants.

Le centre hospitalier emploie 4 600 personnes, la mairie 2 700, le Conseil général et la région 1 400; polyclinique (390 sal.) et cliniques (80 et 140 sal.), maisons d eretraite dont Korian (Agapanthes, 60 sal.), Cybele Pasteur (45 sal.), Alienor la Gibauderie (45 sal.). Parmi les autres principaux établissements du tertiaire figurent la Banque de France (60 sal.) et surtout son institut d’émission (350 sal.), la Caisse d’Épargne (190 sal.), LCL (45 sal.); comptabilités Steco (50 sal.), In Extenso (45 sal.), Partenaires Conseil (40 sal.), conseil Orialis (50 sal.), géomètres Etudis (40 sal.).

Dans le commerce, se signalent les magasins Leclerc (490 sal.), Auchan (330 sal.), Géant Casino (170 sal.), Intermarché (95 sal.), Castorama (110 sal.), Fnac (40 sal.), Monoprix (80 sal.), Super-U (50 sal.), Boulanger (40 sal.), Jardiland (40 sal.), Metro (55 sal.); négoces de matériel agricole Kramp (200 sal.), de fournitures interentreprises Sefi (400 sal.), pour automobiles Dispro (70 sal.), pour bureaux de tabac Allumettière Française (40 sal.), de quincaillerie CACC (55 sal.) et Cofaq (90 sal.), de sanitaire Cedeo (55 sal.),

Dans le bâtiment et les services connexes, sont les installations électriques Ineo (90 sal.), Eiffage (120 sal.) et Brunet (45 sal.), thermiques Hervé (45 sal.), la fourniture d’électricité et de gaz Sorégies (320 sal., syndicat intercommunal départemental), électricité Enedis (130 sal.), la production de chaleur Dalkia (70 sal.); peinture Messent (80 sal.), étanchéité Soprema (55 sal.), maçonnerie Uniscop (40 sal.), travaux publics Eurovia (70 sal.),; gestion de logements Logiparc (150 sal.); nettoyages Azur (210 sal.), Onet (300 sal.), Apsya (85 sal.), nettoyage urbain Sita (100 sal.).

Dans les services et les transports, télécommunications Orange (410 sal.), Centre-Presse (La Nouvelle République, 45 sal.), France-Télévisions (95 sal.); informatique Alti (50 sal.), analyses Apave (65 sal.) et Ianesco (65 sal.), travail temporaire les Compagnons (40 sal.), insertion Sita Rebond (40 sal.); transports Frigo Transports 86 (95 sal.), Chronopost (65 sal.), Transdev (50 sal.), Trans Ph oto Express (50 sal.), Bernard Princet (50 sal.), Grimaud (40 sal.); autocars des Rapides du Poitou (150 sal.); La Poste (550 sal.); publicités Mediapost (95 sal.), Pagesjaunes (80 sal.), Presse Portage (75 sal.), Les Échos (50 sal.); aide à domicile O2 (45 sal.); traiteur Cousin (40 sal.)

En revanche, la commune de Poitiers n’a pas réuni beaucoup d’emplois industriels. La principale usine est celle des accumulateurs Saft (530 sal.); les autres établissements de production sont l’électromécanique des fils et câblages électriques du Val d’Or (AVO Carbon, 130 et 60 sal.), les imprimeries Ruel Étiquettes (50 sal.) et Sipap Oudin (45 sal.), menuiserie Fabrix (50 sal.), Mais les banlieues sont mieux pourvues, surtout au nord.

La commune de Poitiers avait 22 000 hab. en 1936, 39 000 en 1900 et a poursuivi sa croissance: 52 600 en 1954, 81 300 en 1975 (sdc), une reprise dans les années 1990 après un léger creux. Elle a 3 580 hab. de plus qu’en 1999. Poitiers a deux zones urbaines sensibles, Bel Air-Poitiers Ouest au nord-ouest (4 100 hab.), qui inclut un grand ensemble d’HLM près de l’aéroport, et Bellejouane-Poitiers Sud, sur l’étroit plateau entre Boivre et Clain (1 500 hab.).

L’unité urbaine est de 128 200 hab., l’aire urbaine de 255 800 hab. (41e en France) L’arrondissement a 258 600 hab., 87 communes. Les 5 cantons de Poitiers groupent 121 300 hab. (127 100 en 1999) pour 8 communess. La communauté d’agglomération du Grand Poitiers rassemble 40 communes, 190 000 hab., 27 350 ha.