Saint-Philippe

(5 150 Saint-Philippois, 15 394 ha) est une commune de la Réunion, dans la CA du Sud, occupant l’angle SE de l’île. Sa population progresse peu: elle était déjà de 4 900 hab. en 1999. Le centre est sur la côte méridionale, 36 km à l’est de Saint-Pierre. La commune est l’une des deux qui se partagent le massif du Volcan et sa limite septentrionale, rectiligne, passe par le Piton de la Fournaise où elle monte à 2 632 m. La Basse Vallée, très profonde et pittoresque («Vallée heureuse») mais vide, accessible par une route forestière et le GR2, fixe la limite occidentale de la commune; en dehors d’elle, les pentes du Volcan, boisées, sont striées de ravines mais nettement moins encaissées. Des coulées de laves descendent de temps en temps sur le versant oriental au Grand Brûlé.

L’espace agricole de la commune est réduit aux plus basses pentes de la côte sud. Celle-ci, presque entièrement à falaises, offre quelques plages, criques et caps; elle est peuplée à l’ouest du bourg dans les villages de la Basse Vallée et du Baril, où l’on visite des sites pittoresques tels que le cap Méchant et le puits des Français, le puits des Anglais, le souffleur d’Arbonne. La réserve naturelle de Mare Longue (68 ha) a été aménagée en 1958 puis agrandie en 1981 sur les pentes au nord-ouest du bourg. Elle est traversée par une petite route forestière en lacets et un sentier botanique balisé, accompagnée d’un «jardin volcanique» et d’un jardin des senteurs et des épices; elle conserve des arbres d’origine (vacoas, filaos, bois de couleur, palmistes rouges, etc.). Le terroir porte des cultures diverses, notamment canne et vanille (2e site de l’île); tressage et fête annuelle du vacoa en août.

Le vacoa (Pandanus utilis Bory, Pandanus sativus Thouars), dit aussi vaquois, pimpin, pandane, palmier à vis, est un arbre au petit tronc dont les racines sont droites et hors du sol; son feuillage le fait ressembler à un palmier en petite boule. il abonde dans le sud-est de la Réunion. De son fruit, le pimpin, on fait des confitures; on consomme aussi le chou de vacoa comme le chou de palmiste (cœur de palmier); ses feuilles sont tressées pour faire des chapeaux ou des sacs et des bibelots.

La côte orientale est presque vide de l’autre côté du bourg, où le seul habitat notable, près de la pointe de la Table (atteinte par l’éruption de 1986) et du puits Arabe, consiste en quelques hameaux égrenés le long de la route du tour de l’île (N2): Ravine Ango, Cayenne, l’îlet aux Palmistes, Takamaka. Au-delà, la côte prend une direction sud-nord vers le Tremblet et les bois atteignent le littoral dans la forêt domaniale du Grand Brûlé, dont s’écarte un peu la route N2. Les coulées de laves atteignent parfois la mer, comme à la pointe du Tremblet; le Tremblet a encore été sinistré en avril 2007.

La commune, dont le territoire fut longtemps considéré comme aride et peu accessible, menacé par le Volcan, isolé par les laves du Brûlé de la Basse Vallée, mais de ce fait quelque peu terre d’asile pour fugitifs, a été créée en 1830, à partir d’un quartier de Saint-Joseph occupé après 1750 et dont la population se concentrait autour du Baril; elle a été nommée en l’honneur du roi Louis-Philippe. Point de départ du Grand Raid de la Réunion, elle abrite un collège (400 élèves) et un port de pêche; l’ancien domaine du Baril offre un musée du peuplement et de la liberté. Le village-centre est qualifié de «village créole».

Dans les entreprises émergent Le Cap Méchant (plats préparés, 25 sal.), les ambulances Paille en Queue (25 sal.), l’embouteillage Eaux de Basse Vallée (30 sal.). Les emplois locaux (1 100) sont en nombre un peu inférieur à celui des personnes occupées (1 400): la commune entre dans l’aire d’attraction des villes de la côte sud. Mais elle reste à l’écart du tourisme et n’a presque pas de résidences secondaires.