Saint-Dizier

(23 870 Bragards, 4 769 ha dont 634 de bois) est une sous-préfecture de la Haute-Marne à l’extrême nord du département, sur la rive droite de la Marne. Le gentilé viendrait de la brague, mât fixé sur les bateaux et trains de bois flotté jadis lancés de Saint-Dizier sur la Marne. Au centre, sur une terrasse, se tenait une forteresse; il en reste des éléments de remparts, bordés au sud par le parc public du Jard qui les sépare de la Marne, et une grosse bâtisse de 4 étages à tours rondes, qui loge la sous-préfecture. Le centre-ville est juste au nord-ouest, animé par la place de l’hôtel de ville (place A. Briand). À l’est se tenait le vieux village de vignerons de Gigny; à l’ouest, le quartier de la Noue est issu du village des bateliers de la Marne et en a hérité son plan, formé d’une série de ruelles parallèles, les voyottes, bordées de petites maisons. À l’écart de la ville en amont, s’était établi le quartier des fonderies, paradoxalement appelé Marnaval. Enfin, à partir de 1952, s’est édifié de l’autre côté de la N4, au nord-est de la commune, le grand ensemble du Vert-Bois, alors exemplaire et assez bien pourvu d’équipements à la hauteur des 7 000 logements appelés par l’extension de la base aérienne militaire et les perspectives de développement de l’après-guerre.

Du lointain passé il reste peu, car la ville a été plusieurs fois ravagée par les armées, et un gigantesque incendie a détruit beaucoup de maisons en 1775; on visite la maison Parcollet, belle demeure à pans de bois et encorbellement, l’une des rares rescapées. La ville est fleurie (trois fleurs) et propose un musée municipal (polyvalent), un musée de la Brasserie (ancienne spécialité locale), et de façon plus originale un circuit des fontes d’art, collection d’œuvres réalisées surtout par Hector Guimard et symbolisant l’union de l’architecture et de la fonderie.

La ville a été, comme ses environs, un lieu d’industrie métallurgique. Son développement a été impulsé dans les années 1950 par la conjonction de trois innovations: la transformation du petit aérodrome en base de l’OTAN à partir de 1950, le succès de la famille Ortiz dans les glaces Miko, l’extension d’une grande usine de matériel agricole International Harvester à partir de la CIM de 1924. De la première est issue la Base aérienne 113, qui fixe quelque 2 000 personnes, militaires ou civiles, et s’étend sur 670 ha. Ses installations sont à Robinson dans la plaine de la Marne tout à l’ouest de la commune; l’aéroport (code LFSI) a une piste principale en dur de 2 400 m, et un aéroclub. La seconde, résultat d’une histoire à succès d’un marchand de glaces espagnol immigré, avisé et entreprenant, qui a créé l’usine et la marque Miko, perdure avec 170 emplois (600 en 2005); mais la firme, devenue Cogesal, a été acquise par le trust Unilever en 1994. La troisième a eu jusqu’à 2 700 salariés, puis a connu plusieurs changements et des crises, passant à McCormick, Case, puis à l’italien Landini (groupe Argo), enfin au chinois Yto (Sinomach) en 2011 et a finalement fermé en 2020.

La métallurgie reste bien représentée, avec la fonderie d’acier indépendante Hachette et Driout (330 sal.), créée en 1868; la fabrique de matériel de travaux publics Yanmar (380, société mixte nippo-suisse, installée en 1990); Ferro (160 sal., italien), qui fabrique des émaux pour vaisselles et batteries de cuisine dans l’ancienne usine Japy-Marne; le laminage de feuillards Etilam (groupe Arcelor, 60 sal.); la fonderie de fonte FBMA (Fonderie bragarde de machinisme agricole), devenue Focast (110 sal.); serrurerie-ferronnerie Dom-Métalux (110 sal.); tréfilage à froid Arcelor-Mittal ex-Tréfileurope (80 sal.); les Fonderies de Saint-Dizier (fonte, 60 sal.); chaudronnerie CRD (75 sal.).

Saint-Dizier a un hypermarché Leclerc (230 sal.), un Intermarché (70 sal.), des magasins dont Brico-Dépôt (55 sal.); gestion de logements OPH (80 sal.); autocars Granger (80 sal.); interim Adecco (250 sal.), Triangle (140), Synergie (110), Manpower (100); nettoyage Derichebourg (270 sal.). La SNCF déclare 220 sal., La Poste 60. Dans les services se signalent un centre hospitalier public (300 lits) et un hôpital psychiatrique, une clinique privée (Pasteur-François Ier, 75 lits, 60 sal.), six collèges dont deux privés, quatre lycées publics dont deux professionnels, trois lycées privés dont un professionnel. Au sud dans la forêt du Val, s’isole l’Institut médico-éducatif de Bois-l’Abbesse pour enfants handicapés (avec centre d’aide par le travail, 270 sal.). La ville compte deux quartiers prioritaires ex-«zones urbaines sensibles», le Vert-Bois et Grand Lachat.

La population de la commune avait constamment progressé du début du 19e s. (5 600 hab.) à 1975 (37 300), passant par 14 500 en 1900 et 19 000 dans les années 1930, 26 000 en 1954. Elle diminue depuis 1975 et a perdu 8 840 hab. (-27%, plus d’un quart) après 1999. Elle anime une communauté d’agglomération de Saint-Dizier, Der et Blaise qui réunit 60 commune (dont 10 dans la Marne) et 59 000 hab., la plus peuplée du département. L’unité urbaine Insee est donnée pour 30 600 hab. (6 communes), l’aire urbaine pour 53 000 (43 communes). L’arrondissement a 67 700 hab., 111 communes.

Les 3 cantons nouveaux totalisent 33 700 hab., 13 communes.