Saint-Loup-sur-Semouse

(3 300 Lupéens, 1 654 ha dont 735 de bois) est un ancien chef-lieu de canton de la Haute-Saône dans l’arrondissement de Lure, 14 km au NO de Luxeuil, dans une vallée marécageuse au milieu des bois. Elle est membre de la communauté de communes de la Haute Comté. On y voit le château de Bouly (18e s.), ancienne demeure de maîtres de forges; un collège public. Petite ville de longue tradition industrielle, Saint-Loup a travaillé le fer, le bois, le cuir et les textiles depuis le 17e siècle, avant de devenir l’un des hauts lieux du travail du bois en France; c’est le fief de la grande entreprise de mobilier Parisot (340 emplois) accompagnée par la fabrique de panneaux de particules CFP (Compagnie française du panneau, 215 sal.); fabrique de matériel agricole Robust 2000 (25 sal.), travaux publics Damioli (30 sal.); boulangerie industrielle Bretzels Moricettes (MFP Poulaillon, 25 sal.). La D417 traverse la commune en contournant le bourg par le nord. Une partie des activités de l’agglomération est sur le territoire de la commune de Magnoncourt au NE, une autre à Corbenay à l’est; grands bois au sud. La population communale a connu deux sommets en 1901 (3 700 hab.) et 1982 (4 900), un creux à 2 600 en 1936; elle diminue depuis trente ans et a encore perdu 1 090 hab. depuis 1999, soit un quart. Une association cherche à préserver les chalots, anciens greniers à grains isolés, en bois et à toits de lauze. Le nouveau canton de Saint-Loup-sur-Semouse a 23 communes et 15 400 hab.

La surséance au ras des Vosges. L’ancien canton de Saint-Loup correspondait à une zone historique de friction entre Lorraine et Bourgogne, qui lui a valu des affrontements et aussi quelques privilèges et franchises, dont ses communes ont pu à l’occasion tirer parti. La surséance est un acte par lequel on surseoit à une attribution ou à une action. Une terre en surséance était une terre dont les souverains prétendant à sa possession renonçaient provisoirement à faire valoir leurs droits. Au pied de la Vôge, plusieurs petits fiefs autour de Saint-Loup-sur-Semouse, de Vauvillers à Fougerolles, très disputés entre Lorraine et Franche-Comté (donc Empire) après la mort de Charles le Téméraire, se sont trouvés ainsi en surséance, et donc ni français, ni lorrains, ni comtois, de la fin du 15e siècle à des dates variables, allant jusqu’au début du 18e s.: deux siècles de quasi-indépendance dans un espace tampon, qui fut en général préservé des guerres, et put prospérer assez tranquillement en tirant parti des échanges entre Vosges et plaines, et des industries de l’époque. Il en est resté sans doute quelque chose dans l’accumulation d’ateliers et de savoir-faire, voire dans la réussite de certaines entreprises. Une zone franche avant la lettre, mais dans le bon sens, celui de l’abri et de la paix mieux que celui de la spéculation financière.