Saint-Malo

(47 320 Malouins, 3 658 ha) est une sous-préfecture d’Ille-et-Vilaine, 69 km au NNO de Rennes, à l’embouchure de la Rance, côté droit. La commune a fusionné en 1967 avec ses voisines Saint-Servan et Paramé, ce qui avait fait passer d’un coup sa population de 17 100 hab. (1962) à 42 300 (1968). Cette intégration et la topographie locale contribuent à donner à l’agglomération une forme originale.

Avancée en mer, l’ancienne île sur laquelle a été édifiée la ville de Saint-Malo proprement dite est enceinte de puissants remparts et terminée au nord par le château. Cette ville close est prolongée vers le nord par la pointe rocheuse que couronne le fort National, et au NO par l’îlot du Grand-Bé où a été construit le tombeau de Châteaubriand, suivi par le Petit Bé. L’ancienne île de Saint-Malo a été progressivement rattachée au continent par des ensablements et des travaux d’endiguement, mais les quatre grands bassins du port l’en isolent à leur façon. Le plus central (Jacques Cartier) est entouré par la demi-ceinture que dessinent les trois autres (du nord au sud Duguay-Trouin, Vauban, Bouvet); un avant-port et, au sud, l’anse des Sablons complètent côté mer ces plans d’eau. Enfin l’anse des Sablons est fermée au sud par la pointe de Saint-Servan, dominée par le fort de la Cité, et qui s’élargit vers la mer par la corniche d’Aleth. Sur sa face méridionale se dresse la tour Solidor, un autre reste de fortifications, dont le nom véritable était Steir Dor, «porte de la rivière».

L’urbanisation récente a largement démultiplié ces premiers dispositifs en direction de l’est et du nord-est. Un tel site offrait d’excellentes possibilités par rapport à la mer, tant d’élans que de défense. On lui donne parfois le nom de Clos-Poulet, qui vient de pou-Aleth, le pays d’Aleth. Le premier établissement fut en effet celui d’Aleth (péninsule de Saint-Servan); Malo y fonda au 6e s. un évêché, qui fut transféré six siècles plus tard dans l’île de Saint-Malo, devenue le principal centre de peuplement; la cathédrale est au centre de la ville close. Les grands siècles de Saint-Malo furent les 16e, 17e et 18e, quand le port fut le point de départ d’expéditions et d’explorations, illustrées par Jacques Cartier au Canada, puis la base d’opération des corsaires comme Duguay-Trouin et Surcouf. Armateurs, corsaires et marchands peuplèrent alors les environs de manoirs plus ou moins somptueux, que l’on nomma «malouinières».

Mais la ville eut du mal à passer ensuite au commerce moderne et le port, qui avait été l’un des tout premiers de France, fut surclassé par ses concurrents. Et Saint-Malo fut rasée par les bombardements de 1944, puis entièrement reconstruite, à peu près à l’identique, jusque dans les grands hôtels d’armateurs du 18e s., ce qui donne à la ville close et à ses environs un surprenant air de maquette urbaine. Le château abrite un musée d’histoire urbaine et un musée du pays malouin; un aquarium se visite à côté. Saint-Servan a aménagé dans la tour Solidor un musée international de la navigation au long cours et des cap-horniers.

La ville attire de nombreux touristes, dispose d’un centre de voile et les ports de plaisance ont pris quelque envergure; celui des Sablons offre 1 200 places à ponton, le port Vauban 200. Au sud se trouvent l’usine marémotrice de la Rance, très visitée, le nouveau grand aquarium très spectaculaire et visité (360 000 visiteurs par an, 40 sal.), puis le château du Bos, élégante malouinière avec jardins à la française, et les jardins de la Briantais, sur 27 ha (84 000 visiteurs par an). Au NE de Saint-Malo, Paramé est une station balnéaire lancée à la fin du 19e s., avec casino et thalassothérapie. Elle apporte à Saint-Malo, au-delà de la Grande Plage et de celle du Minihic, une côte rocheuse fréquentée, accidentée par les pointes de la Varde et de Rothéneuf, où se niche la petite plage du Val où se trouvent au village de Rothéneuf, un autre aquarium, le musée-manoir de Jacques Cartier (Limoëlou) et les fameux rochers sculptés, modelés au 19e s. par un moine patient et obstiné plus qu’inspiré.

Au sud-est, le finage contient le château de la Chipaudière et le gros village de Château Malo; zones d’activités des Sept Pertuis et de la Madeleine près du grand échangeur de la route de Rennes (D137) avec la rocade (D168) qui se prolonge vers l’ouest par le barrage de l’usine marémotrice. Au SE de celui-ci au bord de l’estuaire, Saint-Malo englobe, au-delà de la baie de Troctin, les quartiers de la Coëlterie et de Quémer, sur une presqu’île qui se termine à la pointe du Grouin et s’orne des châteaux de la Vieuville et du Bos; labyrinthe, centre de vacances.

Saint-Malo est une ville très fleurie (4 fleurs et grand prix) et un chef-lieu d’arrondissement bien équipé, avec collèges et lycées publics et privés, un lycée professionnel maritime, École nationale de la marine marchande, École nationale de police, institut de formation d’infirmiers, plus un institut de formation d’artisans à Saint-Jouan-des-Guérets; centre hospitalier (430 lits), cliniques (dont la Côte d’Émeraude, 90 lits et 130 sal.), maisons de retraite (Korian la Balnéaire 65 sal., Résidence d’Automne, 55 sal.); l’Aquarium (Mystères de la Mer, 35 sal.), un hippodrome et un stade près du centre de l’agglomération, mais proches d’un quartier déclaré «zone urbaine sensible» (la Découverte). Les Thermes marins emploient 240 salariés, le casino 55 (groupe Barrière). La commune comprend 6 400 résidences secondaires (plus de 20% du parc de logements), 6 terrains de camping (un millier de places) dont un de luxe (200 places), 75 hôtels (2 200 places) dont 2 de luxe (280 places), l’hôtel France et Châteaubriand employant 70 sal., l’hôtel Nouveau Monde 60.

Il reste à Saint-Malo un port de commerce, qui traite environ 2 Mt tonnes par an, pratiquement sans hydrocarbures, ce qui en fait le premier port de marchandises générales en Bretagne. La gare maritime vers l’Angleterre, avec laquelle Brittany Ferries entretient une ligne régulière, est active: il y passe plus d’un million de passagers par an, ce qui en fait le 5e port français et le 1er en Bretagne, dont 480 000 avec les îles Anglo-Normandes et 470 000 avec l’Angleterre, 15 000 pour les croisières et 200 000 pour les mouvements côtiers; et 250 000 véhicules. L’aéroport est celui de Dinard-Pleurtuit.

L’armement naval est marqué par le groupe Comapêche, créé en 1934 et devenu Compagnie des Pêches Saint-Malo (190 sal., 390 avec les filiales). Il a 3 navires de grande pêche, le chalutier-usine de 90 m Joseph-Roty II (60 marins) qui fabrique du surimi, la Grande Hermine (61 m, 39 marins) qui pêche surtout le cabillaud et l’églefin, l’Ocean Tiger (60 m, 22 marins) qui pêche les crevettes nordiques au Groenland; la filiale Unipêche, créée en 1988, emploie 24 navires crevettiers de 25 m en Guyane (110 sal.); deux usines de produits tirés du poisson, surtout du surimi, composent la filiale Comaboko créée en 1991 (230 sal.).

Saint-Malo est également le fief du groupe industriel Roullier, créé en 1959 à partir d’un dépôt de maërl, spécialiste d’agro-fournitures (fertilisants Timac et Timab et aliments du bétail Agriva) qu’il complète par l’agrochimie (Agriplas et Hypred) et les produits alimentaires (Charcuteries gourmandes, Pâtisseries gourmandes, conserves de poisson Halieutis, surgelés et congelés Interaliment); en expansion, le groupe emploie au total 8 000 personnes dans le monde, dont 500 en recherche-développement et atteint 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Il affiche 89 unités de production dans le monde, dont sur place trois usines d’engrais Timac Agro (800 sal., spécialiste du maërl), Interaliment et Timab; depuis 2011 le nouveau siège mondial du groupe est sur le port de Saint-Malo (500 salariés). Il dispose à Dinard d’un Centre d’études et recherches appliquées (CERA).

La Laiterie de Saint-Malo (170 sal.), passée de Coopagri au groupe Sill et relocalisée dans la zone industrielle Sud, complète la base agro-alimentaire malouine. Seifel (250 sal.) fabrique des pièces en plastique. En chimie figurent les produits pharmaceutiques des Laboratoires de la Mer (120 sal.), les cosmétiques Phytomer (Codif, 70 sal.), les engrais Goemar (75 sal.). D’autres ateliers sont en électronique (Asica 75 sal.), équipements de véhicules Mont-Blanc (50 sal.), menuiserie (Tercy-Levillain, 65 sal.), constructions métalliques Loncle (50 sal.). En 2005 s’est ouvert, avec la collaboration de Rennes-Atalante, un technopole des biotechnologies marines qui réunit 9 entreprises et 600 salariés sur 70 ha, dont Codif, la Comapêche, CVPA (analyses biologiques, 40 sal.), deux laboratoires, une station Ifremer..

Le commerce et la distribution sont largement représentés par les hypermarchés Carrefour (180 sal.) et Leclerc (220 sal.), des Intermarchés (55 et 30 sal.), Conforama (35 sal.), Intersport (35 sal.), et un Métro (50 sal.), négoces de bois ISB (85 sal.), de matériaux Point P (35 sal.), alimentaire Distri Malo (40 sal.), la distribution d’électricité Enedis (50 sal.), les transports de fret Le Guevel (190 sal.), Paikan (60 sal.), Gauthier (35 sal.), de voyageurs Keolis Saint-Malo (70 sal.), Keolis Armor (120 sal.), TIV (Armoricaine de Transports, 45 sal.), plus Saint-Malo Portage (140 sal.) et la publicité Adrexo (80 sal.) et les Brittany Ferries (35 sal.); manutention portuaire SMM (35 sal.). Saint-Malo est aussi le siège du groupe de distribution d’articles d’habillement Beaumanoir, fondé en 1981 (Vetimod), qui dispose de plus de 400 magasins dans toute la France, spécialement l’Ouest et le Nord, avec les marques Cache-cache (qui déclare 390 sal. à Saint-Malo), Pauline (90 sal.), Patrice Bréal, Scottage, la centrale d’achats Magellan (100 sal.) et qui emploie au total plus de 800 personnes.

Dans les services, travail temporaire: Randstad (90 sal.), Adecco (100 sal.), ISTT (75 sal.), Régional Intérim (35 sal.), les Volants (50 sal.), Socamalo (35 sal.); aide à domicile Chabenat (60 sal.), BZH Services (35 sal.), Pistache (35 sal.); gestion immobilière HLM de la Rance (60 sal.), OPH Emeraude (55 sal.), le conseil Bianca (140 sal.), informatique Korben (40 sal.) et Servichèque (35 sal.), Banque Populaire (35 sal.), La Poste (90 sal.), Orange (75 sal.), formation continue CMC (40 sal.), les nettoyages Net Plus (120 sal.), Sol Vit Net (60 sal.); traitement des eaux Veolia (Eaux et Ozone, 65 sal.) et, dans le bâtiment, les installations électriques Le Louarn (Brunet, 50 sal.), les finitions de bâtiment Émeraude (75 sal.), Fougeray (80 sal.), Degano (50 sal.), les travaux publics SMPT (65 sal.).

La population communale était autour de 11 000 hab. au 19e siècle et jusqu’en 1950, 17 000 en 1962; elle a fait un bond à 42 000 en 1968 après la fusion des communes, et a crû ensuite, du moins jusqu’en 1999 (52 700 hab.): elle aurait perdu 5 400 hab. depuis. La communauté d’agglomération Saint-Malo Agglomération rassemble 18 communes, 81 800 hab., 14 300 ha: le siège a été fixé à Cancale. L’aire urbaine est donnée pour 16 communes et 73 300 hab., 20 700 ha, l’unité urbaine se limitant à la commune de Saint-Malo. L’arrondissement a 157 000 hab., 70 communes et 95 831 ha. Saint-Malo est divisée en deux nouveaux cantons, le 1 avec 4 communes voisines, le 2 avec 7 autres communes.